samedi 24 janvier 2015

05/11 – 11/11 : Pucallpa - Voyage en bateau sur le Ucayali Pérou

Ce matin nous reprenons la route vers Pucallpa . Le trajet ressemble à celui effectué quelques jours avant pour rejoindre Puerto Bermudez. Asphalte et terre alternent régulièrement et nous nous enfonçons encore un peu plus dans la jungle amazonienne.
Chaleur étouffante, trous , bosses et musique des années 80 nous accompagnent pendant les 5 heures de voyage. Soudain la voix d'Indochine résonne dans le véhicule et nous chantonnons leur tube « l' aventurier » ...cela nous rappelle de vieux souvenirs et amuse les autres voyageurs qui nous regardent comme les grands enfants que nous sommes.
Pucallpa est une grande ville de 205 000 habitants sans charme particulier mais notre objectif est d'y prendre le bateau et de contacter le guide recommandé par Jesus afin d'aller explorer la réserve de Pacaya Samiria.
Située sur les rives du rio Ucayali ,large fleuve aux eaux boueuses et une des sources de l'amazone,
la citée est un grand port marchand où se côtoient bidonvilles et bâtiments neufs de béton.
La circulation et l'animation y sont intenses et seuls les berges recèlent d'un certain attrait.
Barques, petits bateaux et cargos s'en approprient l'espace et une véritable fourmilière humaine s'active autour.
Une promenade est aménagée tout le long du fleuve permettant aux habitants et visiteurs d'y flâner. Des marchands y proposent sucreries, boissons, cigarettes et autres babioles, quelques tatoueurs y œuvrent aussi et des prêcheurs munis de mégaphone haranguent la foule avec force gestes tandis qu'un peu plus loin les enfants s'amusent sur des manèges .


Notre logement n'est pas d'un bon rapport qualité prix, la climatisation fait tellement de bruit que nous ne pouvons l'utiliser, la connexion internet est défaillante et nous ne pouvons joindre Shapshico tour pour organiser notre excursion prévue. Avec regret, nous décidons de prendre le bateau juqu'à Iquitos.... et après nous verrons !

                               

C'est ainsi que l'aventure commence...la recherche d'un cargo est en soi un véritable casse tête, un « bordel organisé » qui amuse beaucoup Denis. Difficulté supplémentaire le port s'étire en longueur et différents lieux d'embarquement sont prévus selon la destination, de plus selon le niveau du fleuve il déménage régulièrement. Nous suivons les conseils de notre guide et partons à la recherche de la capitainerie...mais là, on ne peux nous fournir aucun renseignement n'étant averti d'un éventuel départ que 4 heures avant. Il nous faut donc chercher un bateau à quai et demander directement.
La pluie de la veille complique les choses en transformant les rues d’accès en terre en un bourbier où camions et véhicules divers ont laissé leurs traces. J'avoue qu' essayer d'avancer dans cette boue collante entre grue, palettes de marchandises, poutres et divers objets ne m'amuse pas. Chaque pas est un effort pour réussir à soulever mon pied. Denis, lui, semble apprécier et rit de me voir rouspéter. Finalement, nous arrivons jusqu'à l'équipage : « oui, ce cargo part bien pour Iquitos, il faut revenir demain matin à 11h , il part vers midi » Pas de ticket, pas de réservation on monte à bord et le reste se fait ensuite. Le rendez vous est pris et prudents nous y serons à 8 h !! La remontée est encore plus difficile et c'est avec 10 cm de terre collée sous chaque semelle que nous atteignons un endroit sec. Complètement trempée de sueur et avec mes sandales entièrement dégueulasses ma mauvaise humeur ne me lâche pas, Denis, bon enfant, me taquine et me fais retrouver le sourire....après tout rien de grave...mais quand il s'agit de transport, un peu d'organisation me rassure. A lui, l'imprévu et l'improvisation, à moi l'organisation...finalement nous formons un bon duo. La recette d'un voyage réussi !!

Après un nettoyage primaire dans des flaques d'eau de ce qui ne ressemblent plus à des chaussures et une bonne bière bien fraîche, nous allons acheter nos hamacs et cordages nécessaires à notre périple.
Comme prévu, le lendemain nous arrivons à 8 heures au lieu d'embarquement mais le bateau est déjà parti... !!! Notre sympathique chauffeur de tuk tuk se renseigne pour nous et nous amène jusqu'à un autre port où un cargo pour Iquitos doit lever l'ancre le jour même.
Là, la chance nous sourit un peu plus...le départ est prévu pour 16h et même s'il est à peine 8 h 30, échaudés de notre dernière expérience, nous montons à bord.


Plantons un peu le décor : le voyage entre Pucallpa et Iquitos dure environ 3 à 4 jours selon les saisons et le niveau du fleuve. Les navires effectuant ce trajet sont des cargos où un pont est réservé aux passagers. Quelques uns offrent en plus quelques cabines mais ce n'est pas le cas du notre. Nous voyageons donc dans une « salle » d'environ 80 m² où chaqu'un accroche son hamac et dépose ses bagages à côté de lui. 3 à 4 wc munis d'un tuyau suspendu en guise de douche se situent à l'arrière. Une croisière low cost donc dans des conditions rudimentaires à déconseiller à toute personne ne supportant pas la promiscuité et l'absence de confort. Mais la seule et unique façon pour les péruviens de rejoindre leurs villages au bord du fleuve ou même Iquitos (pas de route, seule autre alternative l'avion) et une expérience que nous voulions vivre ( eh oui ! Nous sommes un peu maso quelques fois!!)
Notre arrivée matinale nous permet de choisir où accrochés nos hamacs, seulement une dizaine de passagers sont présents mais au fur et à mesure de la journée le pont se remplit complètement. Nous sommes les seuls étrangers et le resterons pendant toute la traversée.
Maintenant il nous faut attendre....
Le spectacle du chargement du navire nous occupe. Déjà une quinzaine de pelleteuses, engins de travaux et camions bennes sont à bord ainsi que diverses marchandises, chaque espace est exploité au maximum avec ingéniosité et à chaque fois que nous pensons le fret terminé...il n'en est rien. Des camions entiers de sacs de ciment se succèdent, déchargés à dos d'homme sous une chaleur étouffante et à un rythme hallucinant, nous plaignons ces travailleurs mal payés....Et les heures passent...A 16 heures , on nous promet un départ pour 18 h .





La nuit tombe et nous sommes toujours à quai. Nous grignotons nos maigres provisions et profitons du passage des marchandes ambulantes pour se restaurer.



Attirés par la lumière du bateau, quelques dauphins viennent nous rendre visite et nous essayons de mieux les voir en les suivant à la lampe torche...Un joli petit cadeau !
La nuit est difficile , la télévision (nous ne l'avions pas vu en entrant !) est allumée en continue et distille les images du téléthon péruvien ( même principe qu'en France mais les dons servent de caisse de secours en cas de catastrophes ) avec, comme il est de coutume ici, un son au maximum !!!
Finalement, c'est à 6 h 30 du matin que le bateau lève l'ancre...enfin le voyage commence.



Pendant ces 3 jours la vie à bord est rythmée principalement par les repas. Au son de coups frappés sur un tuyau, chaque passager se munit de son billet, de son tupperware et de ses couverts ( surtout ne pas les oublier avant l'embarquement puisque rien n'est fourni !) , descend faire la queue devant la cuisine où on lui sert sa ration et où l'on marque le repas pris.
Chacun repartant ensuite et se trouvant un petit coin pour manger.        
L’événement et la précipitation de certains voyageurs nous amusent..
Cela ressemble plus à une distribution en milieu carcéral qu'à une cantine....une petite photo souvenir !!
La nourriture y est d'ailleurs de qualité et de variété médiocre, le petit déjeuner se résume à un liquide blanchâtre ( eau de cuisson de riz sucrée...infecte!) et du pain sec, tandis que déjeuner et dîner se déclinent avec riz, pâte, bananes plantains et petit bout de poulet. Nourriture qui me vaut une belle constipation !! Heureusement une petite boutique vend quelques sucreries et boissons.... (mais pas de café )et à nos arrêts dans les plus grands villages des marchandes montent à bord et proposent d'autres mets.
Véritable bus flottant, les hamacs apparaissent et disparaissent au gré des villages traversés . Les gens sont quelques fois embarqués et débarqués par la barque à moteur filant vers la jungle, là où aucune habitation ne semble présente tandis que le bateau continue sa route.


Il n'y a pas grand chose à faire... à part d'admirer le paysage qui se déroule devant nous... admirer ce large fleuve serpentant dans cette vaste plaine recouverte d'une végétation dense avec toujours un bout de terre devant nous, les virages se succédant inlassablement, kilomètres après kilomètres. Les couleurs de l'eau et de la terre changent au fil de la journée, nous offrant de beaux couchers et levers de soleil. Quelques rizières contrastent de leur vert tendre avec le brun du rio Ucayali et même un arc en ciel nous salue sur notre passage.








L'arrivée à un port est toujours un événement où nous profitons de cette animation particulière de l'embarquement et du débarquement.
Comme une longue file de fourmis transportant leur butin, nous voyons colis et paquets passés de main en main tandis que grands et petits s'embrassent pour se dire au revoir ou bonjour. L'accès si difficile rend ces moments plus intenses et plus émouvants...



 Malgré un paysage constant, je ne m'ennuie pas de contempler cette région et les rencontres sont si nombreuses que je ne trouve pas le temps d'écrire trois lignes de mon blog. Après un moment d'observation, les passagers sont curieux de nous connaître et les discussions vont bon train. Quelques questions me font sourire : Pourquoi vous êtes si grands ? ( et encore ils n'ont pas affaire à des allemands !) Et vos yeux si clairs ?... Une envie insatiable de connaître notre vie, à nous européens et d'échanger. Mon espagnol me fait souvent défaut et je me promet de me remettre aux cours de langue en rentrant pour ne rien louper de ces échanges précieux. Denis sympathise avec les enfants à qui il confie l'appareil photo...nos apprentis photographes s'en donnent à cœur joie , prenant des clichés de tous le bateau et en particulier de « miss bote » (bote signifiant ici bateau et se prononce boté) jeune fille élue par nous même comme la plus jolie du cargo !! Grimaces et ratés sont prétexte à fous rires...Quelques photos à effacer mais de bons moments de joie de vivre...le rire des enfants étant toujours très communicatif.








Le dernier jour, Denis discute avec notre voisin de hamac de nos désirs de nous imprégner plus profondément de cette immensité végétale qu'est l'Amazonie....heureux hasard, l'homme est guide et propose des séjours. Je les rejoint pour en discuter un peu plus et à la vue de son nom, je comprend que c'est l'homme conseillé par Jesus et que nous cherchions à joindre. Que casualidad ! ( coïncidence en espagnol, mot appris dans nos premières leçons en France et dont nous ne pensions pas nous servir!) Un tel signe du destin ne se refuse pas et nous décidons de débarquer avec lui à destination de sa maison dans la jungle pour y passer 3 nuits.

Vers les 5 h du matin , le soleil n'est pas encore levé, nous plions nos hamacs, embarquons dans la petite barque à moteur avec nos bagages, notre hôte César ainsi que son compère et les deux hommes d'équipage nous emmènent vers ce petit point lumineux que nous apercevons en face. Là, va commencer une nouvelle aventure....mais ça c'est une autre histoire.





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