mardi 30 décembre 2014

12/10 – 17/10 : Puno – Lac Titicaca Pérou

Partir de Yanque pour aller à Puno est un peu compliqué et après avoir étudier toutes les possibilités nous comprenons qu'il est aussi facile et moins cher de retourner à Arequipa pour prendre un bus qui nous mènera au bord du Lac Titicaca. Une bonne journée de voyage en perspective et Valerio notre hôte, nous réserve un taxi pour Chivay (pas de gare routière à Yanque) à moins d'une dizaine de kilomètre de là puis un mini bus qui nous prendra en charge jusqu'à Arequipa où nous pourrons monter dans un bus jusqu'à notre destination finale.
Nous partons donc tôt ce matin... tous semble bien réglé... mais c'est sans compter sur les surprises du voyage... Arrivés à Chivay l'employée de l'agence de transport n'a réservé que 2 places et ne peut nous donner les 3 sièges souhaités, nous partons donc une heure plus tard que prévu dans un autre véhicule et n'arrivons qu'à 11 h à Arequipa. Sachant que nous n'avons pas d'hébergement réservé et que le trajet va durer au moins 6 h , je m'empresse de trouver un bus. On m'assure que le véhicule est confortable avec climatisation, toilette et qu'il part dans 20 mm. Nous achetons rapidement quelques provisions et quittons la ville blanche pour Puno avec plus d'une demi de retard. Et là encore la déception est au rendez vous, le confort promis doit dater de quelques années et rien ne fonctionne. Le voyage est donc pénible et je sens la fatigue et le mécontentement grandir. Denis bougonne, pas d'air et pas de possibilité d'en faire, pas moyen de soulager sa vessie comme on le veut..bref la précipitation est mauvaise conseillère !!
Mais les paysages traversés sont une fois de plus grandioses. Les hauts plateaux nous offrent une vue sur des montagnes pelées aux couleurs irréelles tandis que quelques maisons en adobe entourées de murets de pierres véritablement mises en équilibre rappellent une présence humaine. Les alpagas et les vigognes broutent les quelques touffes d'herbe qui poussent dans cette région inhospitalière et de temps en temps de grandes étendues d'eau brillent de leur bleu intense dans ce monde aride. La majesté du décor donne là aussi toute sa beauté à ces terres parcourues.
Un homme un micro à la main est monté dans le bus et harangue les passagers. Dessins et photos à l'appui il parle du cancer de la prostate, de l'utérus et du sein. Mélange de vraies informations et fausses idées, il interpelle les gens et les fait même rire... aucun tabou, aucune retenue dans ce bus où des enfants sont présents, il évoque aussi bien la mauvaise alimentation, le travail …que le toucher rectal mais nous ne voyons pas où il veut en venir. Finalement, tel un bon camelot il propose à l'assemblée tisane de ginseng comme solution miracle à tous ces graves problèmes de santé. Malgré les promotions qu'il concède au fur et à mesure de sa démonstration les passagers semblent peu intéressés par sa potion magique... mais il ne renonce nullement... nouveau exposé sur les douleurs articulaires et rhumatisme avec lequel il remporte un peu plus de succès vendant quelques sachets de pommade. Cet intermède nous tient en haleine pendant plus d'une heure et fait passer la fin du voyage plus rapidement. Cet épisode reste pour nous étrange, un peu surréaliste et surtout exotique !!!












Enfin nous apercevons l'immensité de l'eau bleue du lac Titicaca et la ville de Puno s'étalant sur les collines qui l'entourent. C'est une circulation vive et désordonnée qui nous accueille avec un flux impressionnant de moto taxi (tuk tuk), de nombreuses rues sont en travaux tandis que les maisons de briques semblent non finies et d'un confort bien précaire. Seule sa plaza de armas offre d'anciens bâtiments dont sa cathédrale baroque et les rues piétonnes environnantes avec ses magasins et restaurants en font le quartier touristique. Malgré sa situation à 3850 mètres d'altitude il faut encore grimper, les rives du lacs ne proposant que peu de place plate pour y loger ses 120 000 habitants.
Même si Puno ne possède pas le prestige d'une Arequipa ce sont ses résidents qui en font le charme. Sans conteste, les gens aiment discuter, s’intéressent à vous de façon bienveillante et sont prêts à rendre service.
Les premiers jours sont un peu difficiles, l'altitude se fait sentir et descendre jusqu'au bord du lac est déjà un grand effort. Les artisans se sont regroupés en coopérative et y vendent leurs productions. C'est là que nous faisons nos achats de souvenirs et de vêtements chauds délaissant volontairement les magasins chics du centre ville. Ici ça tricote, ça brode, ça tisse et ça peint...il est agréable de s'y promener, de voir se faire les articles et de pouvoir parler de leur travail avec eux. Là une femme file sa laine d'alpaga avec un simple fuseau, je m'agenouille pour regarder son geste expert et la discussion s'engage facilement. Finalement nous échangeons adresse mail et elle m'offre une paire de gants pour cet instant précieux partagé. Plus loin un homme s'active sur son métier à tisser, ici aussi nous pouvons profiter du spectacle de ce bel ouvrage se déroulant sous nos yeux et en parler simplement. Nathalie d'ailleurs succombe aux charmes de ses tissages et remplit un peu plus son sac. Malgré les rudes conditions chacun semble apprécier ce qu'il fait sans autre envie et avec un profond respect et amour pour ces îles où majoritairement ils habitent et avec la conscience du bonheur d' être dans un superbe endroit si loin des grandes villes et de leurs problèmes. Belle leçon de vie !! Nous passons aussi toute une après midi à chercher une paire de chaussure pour Denis. Les siennes rendent l'âme et il est urgent de les remplacer, l'offre est là certes mais le problème vient de sa pointure...pas moyen de trouver du 44, après maintes et maintes boutiques on lui propose enfin sa taille, une paire de basket stockée sûrement depuis belle lurette mais dont les souris avaient mangé tout l'intérieur. Nous abandonnons cette quête perdue quand soudain enfin la paire tant attendue s'est présentée..pas tout à fait des chaussure de marche mais ça fera bien l'affaire. Il faut dire qu'ici au Pérou les gens sont petits et donc leur pieds aussi apparemment !!
Autre région, autre costume et surtout autre chapeau...les femmes portent de tout petit chapeau melon qui semble tenir par miracle sur leur tête tandis qu'elles sont coiffées de deux longues tresses qu'elles attachent entre elles avec de grands pompons, jupons multicolores et carré de tissu attaché sur le dos permettant de transporter les enfants comme les marchandises finissent la panoplie. Nathalie enchantée par ce « sac à dos péruvien » en achète un et fait l'admiration de tous quand elle se ballade avec tout son nécessaire sur son dos comme les locaux. Les hommes eux portent un chapeau de feutre aux large bord, Denis finit par en trouver un au marché local pour remplacer celui vendu classiquement aux touristes. La classe... un vrai péruvien... ou presque !!!
Il est aussi temps de parler de la nourriture ( eh oui nous sommes pas des français pour rien et gourmands en plus !).. Au Chili comme au Pérou, nous sommes surpris par la présence casi systématique du riz à chaque repas mais surtout de l'utilisation à outrance des féculents et de leur mélange. Frites + riz ou pâtes + frites ou patates + riz sont les accompagnements les plus utilisés. Les légumes sont pratiquement absents et les variantes se limitent aux rajouts de lentilles ou flageolets. Les quantités sont gargantuesques et très souvent trop salées...cela peux expliquer l'embonpoint général de la population !!
Un menu se compose généralement d'une soupe (avec viande ou poissons et féculent) puis d'un plat principal avec bien sûr ses féculents et d'une boisson . Peu cher et copieux il est suffisant pour passer la journée. Surpris aussi de retrouver le « fried rice » de l'Asie appelé ici « chaufa » et inscrit traditionnellement sur toutes les cartes...là aussi la portion est gigantesque et j'arrive rarement à bout de mon assiette. Le poulet est la viande la plus mangée, on trouve aussi du bœuf plus cher mais surtout toujours bien bien cuit..un peu trop semelle pour nous. Bref nous ne sommes pas aussi séduit par cette cuisine qu'en Asie mais quelques spécialités nous égayerons les papilles tout au long du voyage ainsi que le Pisco sour et le vin.






La vedette de ces lieux revient au lac Titicaca et à ses îles...un vieux rêve que d'admirer ses eaux au bleu intense et de naviguer dans ce labyrinthe de canaux façonnés à travers les roseaux qui envahissent par endroit le lac....Un vieux rêve aussi que de marcher sur ces îles flottantes ( Uros) fabriquées à partir des tortoras (roseaux légers)..un vieux rêve tout simplement de découvrir ce plus haut plan d'eau navigable et son ciel si clair. Mais victime de son succès, l' offre touristique est grande et nous hésitons à nous embarquer dans une excursion quelconque sachant notre goût modéré pour ces attractions folkloriques arrangées. Le temps nous manque pour nous poser quelques jours chez l'habitant dans un petit village oublié du bord de lac et l'appel du Titicaca est plus fort que tout. Nous prenons donc le bateau ce matin pour l' île de Taquile avec un simple passage par les îles Uros que nous avons volontairement exclu de notre programme en raison de sa forte affluence touristique. Réduisant le « prévu » au simple moyen de transport, nous pensons être autonome et pouvoir découvrir ces merveilleux paysages comme nous le voulions. Les îles Uros sont proches de Puno et nous sommes surpris de ne pas les voir sur notre trajet, seul le bleu du lac et les immenses parcelles de roseaux nous accompagnent en ce début de voyage. Finalement, nous apercevons une de ces îles flottantes où déjà un bateau de touristes est arrêté. Sur ce petit îlot vit une famille qui a décidé de vivre du tourisme en faisant visiter leur lieu de vie et en vendant de l'artisanat. Malgré le côté dysneyland de cette halte c'est quand même une expérience inoubliable que de poser les pieds sur cette île artificielle, ici tout est construit à partir de ces roseaux : sol, maisons, objets, embarcations et ils servent même d'alimentation. Le sol est souple et élastique mais ne donne pas l'impression de fragilité. Denis et Nathalie profite des explications d'un guide francophone accompagnant un petit groupe de touristes pour tout comprendre du mode de vie de ces habitants tandis que je prend quelques photos. Les traditions sont relativement conservées, de nombreuses îles ne sont pas accessibles aux étrangers, la population se préservant une certaine paix et ne désirant pas profiter des devises et du raffut du monde extérieur. L'autonomie fait partie à part entière de leur façon de vivre depuis de nombreuses générations et ils tiennent à la conserver. Et nous les comprenons !!
















Nous reprenons notre chemin et les côtes de la petite île de Taquile se profile au loin. Bout de terre de 7km² peuplé d'environ 2000 âmes, ce n'est que collines se détachant sur le bleu du lac avec en arrière plan les sommets enneigés de la cordillère bolivienne. Nous débarquons d'un côté de Taquile et nous embarquerons pour le retour de l'autre. Sur l'île pas de nom de rue, pas de panneaux et sous prétexte de ne pas se perdre chaque groupe arrivant est accompagné d'un guide local. Nous sommes frustrés de ne pouvoir nous balader à notre rythme et selon nos envies...surtout que le chemin commence par une rude montée et que l'allure est trop sportive pour nous. Nous ne sommes pas venus pour faire une randonnée et abandonnons vite le groupe pour cheminer tranquillement. Les collines sont couvertes de terrasses avec leur petit muret de pierre, les sentiers pavés montent inexorablement jusqu'au centre du village et de belles arches en pierre jalonnent le parcours.Nous admirons les maisons en adobe aux fenêtres et portes peintes et suons sous le soleil qui intensifie la couleur de l'eau en contrebas. Les habitants vaquent à leurs occupations et nous impressionnent par les lourdes charges transportées sur le dos par ces raides sentiers. Les hommes sont habillés d'un pantalon et d'un gilet noir avec chemise blanche, un long bonnet de laine rouge et blanc rappelle les couleurs de la large ceinture brodée qu'ils portent avec élégance. Les femmes aux jupons multicolores ont abandonné le chapeau melon pour un simple voile noir les protégeant du soleil impitoyable de ces régions d'altitude. L'île est de toute beauté et la vie y semble paisible malgré les quelques groupes de touristes rencontrés. Et c'est par un escalier vertigineux et impressionnant que nous rejoignons le petit port pour le retour.










Le temps est au beau fixe et c'est sur le toit du bateau que nous passons les 2h 30 de navigation profitant ainsi un maximum du charme envoûtant du lac. Le trajet diffère un peu de l'aller et nous empruntons d'étroits chenaux entre les roseaux passant cette fois ci devant les îles Uros au moment où le soleil fait sa révérence. Un véritable cadeau que ce paysage se couvrant de ces couleurs chaudes du soir... !!


















Voilà encore un vieux rêve réalisé et pas de regret...que du bonheur ! Notre route se poursuit et le prochain rendez vous fait aussi parti de ces lieux mythiques propices aux songes les plus fous : Cuzco et la vallée sacrée avec le plus célèbre site du Pérou le Machu Picchu......mais ça c'est une autre histoire.
















samedi 20 décembre 2014

06/10 – 09/10 : Yanque Pérou

Cabanaconde est le dernier village sur la route qui longe le canyon et nous devons rebrousser chemin pour rejoindre Yanque. Le trajet est encore plus impressionnant qu'à l'aller, me retrouvant du côté du précipice, je me rends compte de l'étroitesse et de la fragilité de la chaussée tandis que les passages d'eau qui traversent la route imposent au bus de ralentir.
Yanque est un petit village de moins de 2000 habitants avec ses maisons en adobe, une seule rue asphaltée et une jolie place avec bien sûr sa grande église blanche. Nous trouvons un ravissant logement " casa bella flor" au milieu d'un jardin où une profusion de fleurs s'épanouit et nous rappelle un peu notre chez nous. Nos hôtes sont charmants, Hilde fait superbement bien la cuisine, Valerio travaille comme guide et parle très bien le français. Dés le premier soir, nous goûtons aux bons petits plats de la maison : soupe de quinoa, et steak d'alpaga. Un vrai régal comme les petits déjeuners, eux aussi, copieux et succulents. Une bonne adresse où nous nous sentons comme à la maison et où nous pourrions rester des mois.
















Le village est une étape des circuits organisés et de nombreux bus y font escale avant de reprendre
leur route vers cruz del condor mais peu de voyageurs y logent et profitent du calme et de l'authenticité de cette petite bourgade. A l'occasion du passage des étrangers, tous les matins, un marché artisanal se tient sur la place principale tandis que jeunes filles et jeunes hommes dansent en habit traditionnel autour de la fontaine. Les habitants profitent comme ils peuvent des devises étrangères mais pour nous cela ressemble plus à l'attraction dysneyland et nous préférons savourer Yanque quand la horde des visiteurs est partie.















Perché à 3500 m d'altitude, il nous faut quand même s'adapter aux 200 m en plus mais ici le canyon est moins profond. Plus vert et moins vertigineux que Canabaconde le lieu est plus propice aux ballades aux alentours tandis que les sources d'eau chaude invitent à la détente et au réconfort après l'effort.
Les champs du plateau à l'herbe grasse et au sol humide sont délimités par des murets de pierre. Là l'eau s'écoule de partout, les moutons déambulent tranquillement et si ce n'est la présence de vieilles dames aux jupons colorés et aux chapeaux brodés ainsi que des monts enneigés en arrière plan, nous pourrions nous croire en Écosse. Le chemin devient plus abrupte et descend jusqu'au pont de pierre qui traverse le Colca. Plusieurs sites de bassins chauds sont présents le long de la rivière mais il est tard et nous n'avons pas emportés nos maillots pour faire trempette.














Le lendemain, Denis et moi décidons de passer de l'autre côté du Colca et d'aller voir les ruines que nous apercevons au loin. Nathalie, elle, préfère se reposer au village et en profiter pour visiter le musée. Le chemin se fait à travers champs pour rejoindre le pont suspendu qui nous offre une vue vertigineuse sur l'eau qui s'écoule en contrebas. Là, nous découvrons tout un système d'irrigation datant de la période préhispanique et dont les canaux entretenus servent encore aujourd'hui à amener l'eau aux cultures en terrasse qui s'étalent partout sur les flancs des montagnes. Les habitants travaillent leur terre et nous les croisons avec ânes, bœufs, moutons et chevaux tout le long du sentier. Ici pas de tracteur au mieux le travail du labour se fait avec les animaux. La ballade est agréable et le paysage magnifique avec ses couleurs de terre et le vert des cultures qui s'harmonisent à souhait. Nous saluons ces travailleurs et admirons leur endurance face à l'absence de technologie et la raideur des pentes. Le soleil est de la partie et renforce notre admiration quand de vieilles dames portant sur leur dos de gros ballots nous dépassent d'un pas lent mais régulier.
Les ruines d' Oyu Oyu se rapprochent mais nécessitent encore une belle grimpette..A notre rythme nous gravissons les marches et atteignons enfin le site. Quelques panneaux explicatifs permettent de comprendre l'histoire de ce village pré incas. Détruit plusieurs fois par des tremblements de terre ce sont les espagnols qui finissent par massacrer sa population et obligent les survivants à construire et à vivre dans le Yanque actuel ( plus facilement contrôlable). Quelques maisons ont été restaurées pour permettre de mieux imaginer le village. Avec ses rues pavées, son système d'irrigation et ses terrasses cultivables aux murets impressionnants et dotés d'escaliers intégrés Oyu Oyu est un exemple du talent de bâtisseur de ce peuple. Nous redescendons tranquillement, traversant de nouveau les champs où broutent bétail et lamas puis nous longeons la falaise et retraversons le Colca pour aller profiter des bains chauds de Chacapi.
Nous nous glissons avec délice dans ses différents bassins et laissons nos muscles se détendre et notre esprit s'évader dans une douce rêverie. Fatigués mais heureux de cette belle balade nous quittons le Colca pour rentrer à notre chambre où nous savons que Hilde nous a préparé un bon repas.
Notre séjour à Yanque se termine et nous quittons une fois de plus un village charmant aux habitants simples et attachants vivant en harmonie avec ce que leur offre pachamama ( mère terre). Une dernière photo souvenir de nos hôtes attentionnés et avec qui nous aurions aimé passer encore plus de temps. Maintenant nous voici prêts à affronter les 3850 mètres de Puno et de son fameux lac Titicaca... mais ça c'est une autre histoire.