lundi 30 novembre 2015

18/12 – 26/12 : L'île de Chiloé Chili

Nous voici de nouveau à l'abordage d'une île.
Une de plus... mais si différente.
Loin des plages de sable blanc, des palmiers et de l'odeur de la crème solaire, Chiloé se décline aux couleurs de ces mers du grand Sud, froides et agitées. Balayée par les vents et la pluie, emmitouflée de brume et de nuages elle ne manque cependant pas de charmes.
Ses falaises, ses eaux d'un bleu profond, ses collines verdoyantes, ses forêts, ses bateaux de pêche, ses églises et maisons en bois peintes,
son peuple de marins avec sa culture et ses mythes,
ses fortifications espagnoles, ses « palafitos » et toute sa faune et flore sauvage lui donnent ce goût unique d'un territoire à part.
Un pays de légendes mais aussi de héros nationaux,
marins explorateurs des zones les plus australes de Patagonie.
Une terre marquée par les éléments et l'histoire, un lieu mythique dans notre descente vers le grand Sud.
Et en ce début d'été, le ton est vite donné....Les nuages se sont accumulés et l'horizon si bas, nous laisse seulement deviner les côtes de l'île. Le vent est de la partie et la mer est agitée pour cette courte traversée en bac jusqu'à Chiloé. Nous sortons donc du bus avec bonnet et écharpe . Sur le pont, nous profitons un maximum du voyage, visage fouetté et rougi, vacillant au grès des mouvements du bateau mais les yeux remplis de la joie et de l'excitation de ces jours où les rêves deviennent réalité.

Ancud, ville du nord de l'île sera notre camp de base...malgré notre prudence à réserver 10 jours à l'avance, la demande, en cette période de fin d'année, est forte et les prix au plus haut, nous renonçons donc à nous loger à Castro dans un « palafitos » (maison en bois sur pilotis construite au bord de l'eau) et optons pour une chambre confortable au « petit hotel » dans la plus grande ville de l'île qu'est Ancud.
                         
Aucun regret, l'endroit est plaisant et le poêle ronronne doucement. Notre hôte nous accueille chaleureusement et nous abreuve d'une foule d'informations utiles. Mais pour l'instant, allongés sur notre grand lit, à l'abri du vent et de la petite pluie fine qui s'abat maintenant, notre seule priorité est de fêter notre arrivée dans un endroit sympa avec de la bonne musique, tranquillement, près de la cheminée, à déguster cocktail et nourriture. Nous trouvons facilement notre bonheur et attablés devant les baies vitrées donnant sur la rue, notre observatoire se révèle un véritable petit nid douillet : bien au chaud à siroter un Mojitos, à dévorer une pizza en écoutant de bons vieux tubes et en laissant traîner notre regard sur ce nouveau décor . L'ambiance est à la douce mélancolie, plaisante navigation d'un souvenir à un autre, d'une émotion à une autre... Le bonheur simple d'être là ensemble et d'être heureux. Malgré son temps maussade, Chiloé nous fait déjà vibrer ...et peut être le Mojitos aussi !!!.

Durant cette escapade insulaire , la météo est plutôt clémente, la pluie s'estompant et s'arrêtant, laissant même la place à quelques beaux épisodes ensoleillés.....inespéré si on en croit tous les guides !! Mais le vent, lui, est constant et varie seulement d'intensité.

La ville est en pleine effervescence des derniers préparatifs de Noël : les boutiques débordent avec force décorations et promotions en tous genres, les clients se pressent, s'arrêtent devant les vitrines, hésitent, rentrent puis en sortent les bras plus ou moins chargés. Sur les trottoirs, des étudiants ont dressé des tables où papier cadeau et ruban attendent les clients désireux de voir leurs achats se transformer en un merveilleux présent de Noël. Une petite boite en carton décorée sert de caisse, chacun y laissant ce qu'il estime juste pour ce travail. Et malgré le nombre important de ces petits stands « paquets cadeaux » , ils ne manquent pas de boulot ; les magasins ne s'occupant nullement de cette tache.
Quelques étals de rue fleurissent un peu partout, proposant leur propre récolte ou production mais aussi accessoires de mode, habits, jeux.... Les hauts parleurs disséminés dans la ville pour l'occasion distille une musique de circonstance tandis que quelques musiciens animent les ruelles de chansons populaires.
Installé à côté de notre logement, un marchand ambulant de pop-corn embaume le quartier de gourmandise parfum caramel et sert trois fois la quantité demandée et payée...Quelle aubaine pour les gourmands que nous sommes !

A côté de la cathédrale en béton, une crèche géante se dresse fièrement face aux statues de pierre des gnomes, sorcières et autres personnages de légendes installés dans le parc voisin .


Ce mélange est constant sur l'île, les anciennes croyances cohabitant facilement avec la ferveur religieuse. Les quelques prêcheurs haranguant la foule, munis d'un mégaphone, sont là pour témoigner d'une pratique d'un catholicisme fort mais aussi inédit pour nous. Un spectacle de rue ou un véritable one man show ...« l'acteur » dopé à la foi de dieu, déploie fougue et passion pour ramener les passants pressés et indifférents vers des chemins plus spirituels que ceux des avants Noël et de leurs inévitables abus de victuailles et d'alcool. Chiloé n'échappe pas à la règle et le supermarché où nous faisons nos courses est plein à craquer.

Ayant à disposition une cuisine, nous remplissons notre caddie de quelques indispensables mais les boutiques avoisinantes et le marché couvert ont notre préférence. Poissons, crustacés, viandes légumes, fruits et même artisanat s'exposent et s’achètent . Après 4 mois de régime féculents, place aux crudités et salades de fruits rouges... framboises et myrtilles devenant notre pain quotidien et remplaçant, pour notre plus grand bonheur, mangues et fruits exotiques  !

Entre choux, patates et carottes un légume nous intrigue....mais est ce un légume ?...Ressemblant à une grosse corde plate, couleur jaune marron, luisante comme du plastique et enroulée sur elle même, elle ne donne pas trop envie de la déguster. L'objet de notre curiosité est, en fait, une algue séchée et très utilisée en cuisine.





Nous fréquentons aussi, les petits restaurants du marché offrant une panoplie de poissons et fruits de mer pour un prix raisonnable. En ce début d'été, les parasols et les stores ont envahi la petite cour intérieure et les tables installées dehors sont fortement demandées. Merlu, congre, crabe, etc..sont à notre menu... Seul, le saumon en est exclu : d'élevage et de piètre qualité nous préférons déguster les bons produits de la pêche locale. L'offre ne manque pas et l'île est l'endroit idéal pour apprécier, tout simplement, un bon poisson à la plancha .

La pêche y reste l'activité principale... et dans le port d'Ancud, toutes sortes d'embarcations attendent patiemment que l'eau vienne de nouveau mouiller leurs coques pour pouvoir voguer. Pour la simple barque à rames ou à moteur ainsi que pour les bateaux de pêche colorés, échoués temporairement, l'instant est aux réparations et à l'entretien.



L'eau s'est retirée au loin, donnant au littoral une autre image, laissant apparaître sable et rochers. Comme une traînée de vert tendre, la mousse agrippée aux pierres souligne les contours de la marée basse tandis que les collines toutes proches déclinent sur d'autres tons toute la palette du vert.




Ici, on ne manque pas d'eau ….et ça se voit ! ...par contre on manque de plat...et ça se sent dans les jambes !!!
La proximité avec l'océan n'empêche pas la ville de s'épanouir sur les collines . Comme des fleurs des champs, les maisons en bois illuminent les rues. Peintes avec des couleurs vives, elles peuvent transformer un quartier en un patchwork printanier contrastant avec ce ciel lourd et gris si quotidien .
          


 Les églises en bois, elles, arborent fièrement des rouges, jaunes, bleus ou verts, osant même des combinaisons très Pop . Nous nous promenons... admirant les habitations pour leur couleur ou leur architecture mais profitant aussi de la superbe vue que nous offrent les hauteurs de la cité.

Là, près des vestiges des anciennes fortifications espagnoles, entre réserves à munitions et canons, notre regard embrasse ce bout de littoral à la roche sculptée par la fureur de l'océan . Par temps clair, les contours du continent se dessinent à l'horizon . Quelques maisons s'accrochent aux falaises s'enracinant dans le flux et le reflux du Pacifique . Par endroit, la végétation recouvre les collines d'un tapis dense de buissons et d'herbes fleuries .

                                                   

Malgré les vacances de fin d'année et ses 49500 habitants, Ancud est une bourgade agréable où il fait bon vivre . Rien ne ressemble moins à une grande ville et la fréquentation touristique est présente mais non pesante ou imposante. Juste ce qu'il faut pour être bercer par l'effervescence des fêtes qui se préparent !

Le « museo chilote » installé dans une ancienne forteresse, non loin de l'église, finit de nous narrer l'histoire de l'île et de la ville. La visite est intéressante...une fillette se met à nous faire le guide, insistant gentiment pour tout nous expliquer contre quelques pesos. Sa maman, employée du musée,
interrompt brutalement son rêve d'argent de poche...Amusés par son bagout et son enthousiasme, nous savons qu'elle sera un futur bon guide...ne lui manque plus que l'apprentissage des langues étrangères et là plus aucun touriste ne lui résistera !
Histoire puis exposition d'artisanat se succèdent jusqu'au terrible tremblement de terre de 1960 et du tsunami qui frappa les côtes de Chiloè.
Ancud fût presque entièrement détruite par les secousses et la vague venue balayer la ville . Les « palafitos » et la ligne de chemin de fer ne furent pas reconstruits. Et à la place de la cathédrale en bois, réduite à un amas de planches, une tout en béton s'élève maintenant, grise comme les cieux des mauvais jours. La ville a eu du mal à se remettre de cette catastrophe et en a perdu quelques beaux fleurons. Les photos en noir et blanc d'époque montrent l'étendue impressionnante des dégâts et comment Ancud, riche et prospère bourgade est devenue, en un instant, un champs de ruines .
A l'extérieur du musée, un squelette de baleine bleue permet de prendre conscience des impressionnantes dimensions de l'animal. Nous nous sentons si petits, lilliputiens face à ce géant des mers... Il ne nous reste plus qu'à le voir vivant, évoluant avec grâce dans son milieu et ma joie sera à son comble...un rêve de plus ( mais ça c'est une autre histoire!).
Un peu plus loin, la réplique grandeur nature de la goélette « Ancud » témoigne fièrement d'un épisode important de l'histoire du Chili . Au XIX siècle, la conquête des terres australes de Magellanes est un enjeu politique considérable . Les grandes puissances du monde entier tentant de naviguer et de trouver son chemin dans ce dangereux dédale de fjords du détroit de Magellan . Le premier posant son pied sur la terre ferme , en revendiquera la possession au nom de son pays.
En 1843, l'état chilien envoie la goélette « Ancud » avec un équipage de marins chilotes explorer ces régions du grand Sud . 4 mois de navigation avant de pouvoir planter le drapeau chilien et établir une colonie, non loin de l'actuel Punta Arenas. Un glorieux événement donnant l'image actuelle des limites du Chili et témoignant de l'expérience et de la dextérité de ce peuple de marins.


Chiloé, avec ses 150 églises en bois, sa touristique Castro et ses palafitos, sa côte Est avec ses petits ports de pêche et son chapelet d' îles confettis, son littoral sauvage à l'ouest avec son parc national ainsi que sa réserve de manchots, est une invitation à la ballade et à la découverte.

Pas d'hésitation...l'envie d'explorer les alentours librement nous pousse à louer une voiture. Mais deux jours seulement : une seule agence propose des véhicules à la location et les prix sont élevés...les voitures sont comme neuves et sans rayure mais en contre partie la franchise est haute et l'inspection est méticuleuse.... alors gare aux dégâts !!        
Nous regrettons très vite notre Fiat uno de Pucon...... Ici le réseau routier se résume à une grande route principale traversant l'île du nord au sud ( construite seulement en 1950 !) tandis que les voies secondaires nous laissent la surprise d'une chaussée tantôt asphalte, terre ou gravillon . Trous, bosses et déformations parsèment notre chemin de pièges redoutables pour notre véhicule trop propre, trop blanc, trop bas....bref pas question de faire n'importe quoi et malgré quelques frayeurs pour le pare choc et la carrosserie, nous rendrons notre petite Chevrolet sans égratignure....ou presque !


Nos premiers kilomètres nous poussent vers la côte Ouest et les îles de Puñihuil où manchots de Magellan et Humboldt viennent se reproduire. Classé et protégé, l'endroit est désormais un monument naturel où pêche et autre activité humaine sont interdites. Seuls quelques petits bateaux à moteur emmènent les touristes aux abords des îlots pour admirer les hôtes de ces lieux .
Le gérant de notre hôtel nous indique un guide, se renseigne sur les horaires de la prochaine sortie et nous recommande de ne pas oublier bonnet, écharpe et protection contre la pluie. Ici, ne pas se fier aux rayons de soleil qui illuminent cette belle fin de matinée.....le temps est capricieux et très vite changeant.     
C'est une belle et grande plage qui nous accueille en premier...la route s'arrête là et malgré la présence d'autres véhicules sur le sable, ce petit ruisseau barrant l'accès ne présage rien de bon...prudence … on a dit prudence comme c'est prudent !!... Même Denis hésite !
Mais bien vite un homme court dans notre direction, s'agite dans tous les sens et nous fait signe d'avancer mettant ainsi tous nos doutes au rebut . C'est bien là... et notre « titine » du moment ( notre voiture pour les non initiés ) passe sans difficulté ce petit gué et nous amène au bout de la plage où nous attend notre embarcation .
Nous avons le temps d'admirer le paysage, la rencontre avec les manchots n'étant prévue que dans une heure .                         
Malgré la présence de plusieurs petits bateaux et de quelques touristes, le lieu reste bien sauvage et de toute beauté. L'océan nous offre un joli bleu et entoure d'une couronne blanche les îlots qui s'y égrènent ça et là. Ici la roche et l'eau se marient au plus grand bonheur de la faune et flore locale. Le soleil réchauffe les couleurs de cette végétation basse tandis que les touffes d'herbes grasses et hautes dansent sous les vents marins. Seulement une ou deux maisons s'accrochent aux collines venant doucement mourir sur le sable. Mais noyé dans ce vert intense, l'homme s'efface, s'oublie, face à la puissante mère nature. Ne reste que la roche dessinée par les éléments, la mer au calme précaire et le chant du vent.
Gilets de sauvetage mis, nous voici prêts à embarquer sur ce petit bateau de pêche. Pour nous éviter de nous mouiller les pieds, notre petit groupe ( une dizaine de personnes) monte sur une passerelle que notre guide et notre pilote font rouler jusqu'à notre embarcation...la situation est assez comique... mais bien pratique !
Pendant une demi heure nous admirons les différentes colonies de manchots ainsi que de nombreux oiseaux marins profitant eux aussi de ces refuges pour se reproduire.
Le spectacle est émouvant : les manchots s'activent, plongeant dans les eaux houleuses à la faveur d'une vague à la recherche de nourriture puis escaladant la roche dans une démarche à la Charlot jusqu'à leur nid. D'autres profitent d'un bain de soleil et se font leur toilette ou une petite sieste bien méritée. Les cormorans impériaux et de Gaimard partagent les lieux avec canards et gaviotes dans un concert de piaillements et de cris.




Sur le chemin du retour, une loutre de mer patiente sur un bout de rocher immergé, à l'affût de son repas. La rencontre est assez rare et notre bateau stoppe pour profiter du moment. Une petite photo souvenir avant de voir l'animal plonger.

Une belle expérience et une visite inoubliable dans ce lieu magique où le soleil nous a accompagné jusqu'au bout!

L'air marin nous ayant ouvert l’appétit, nous nous attablons au restaurant voisin. Pisco sour et chupe de jaiba ( gratin de crabe) sont au menu. Un vrai délice et un grand souvenir culinaire avec une superbe vue sur l'océan …. et tout ça pour le prix d'un restaurant bon marché à Ancud ! Le charme de la serveuse ne fait que rajouter au plaisir gourmand de Denis . Bref, un endroit à ne pas manquer, encore du rêve et du bonheur, encore du plaisir d'être là...simplement.

C'est une ballade le long de la côte Ouest jusqu'à Chepu qui conclue notre journée.
Le littoral est magnifique avec ses criques, ses plages de sable et de rocher, ses collines vertes et ses récifs.



Puis soudain le paysage change et laisse place à une immense bande de sable avec au lointain le fleuve s'écoulant vers l'océan. L'endroit est unique, du sable à perte de vue, le bleu de la rivière séparée du Pacifique par une étroite bande de terre d'un vert intense.
Le tremblement de terre de 1960 ayant affaissé le sol de 2 mètres, la forêt se trouve maintenant inondable donnant ce goût de terre vierge et oubliée, cette ambiance de fin du monde . Quelques immenses flaques d'eau semblent piégées dans ce décor insolite et transforment les lieux en marécage où les touffes d'herbes s'épanouissent au plus grand plaisir des troupeaux qui paissent un peu plus loin. Les troncs d'arbres morts, eux, se dressent vers les cieux en une dernière révérence. Encore les pieds humides que nous voici, grimpant des petites dunes de sable avec comme seul horizon du sable...encore du sable. Un mélange surprenant, une rencontre forcée devenue un refuge pour de nombreuses espèces d'oiseaux. Et un spectacle unique.











Toutes nos errances sur le territoire chiliote auront ce goût d'une beauté sauvage où les éléments, là plus qu'ailleurs, sculptent ses différents visages et s'expriment avec force.
La route, le long de la côte nord, nous mène à la péninsule Lacuy où se dressent les ruines d'un fort espagnol. Son littoral n'est qu'une succession de criques, récifs, plages, collines herbeuses avec l'océan dansant sous le chant du vent. Peu d'habitations jalonnent notre chemin mais parfois une maison ou une chapelle en bois fait son apparition.










Au bout de la piste de cailloux, le fort se dresse sur un piton rocheux surplombant la mer. Le site est bien aménagé, la visite est libre et c'est seuls que nous nous promenons sur les vestiges de ce haut lieux militaire. Canons, réserves à munition et quelques vieux murs d'enceinte témoignent d'un passé glorieux et puissant. Mais là aussi le tremblement de terre fit de nombreux dégâts, la superbe vue sur l'océan et les sentiers cheminant jusqu'à l'eau restent les principaux attraits de cette forteresse . Digitales, fuchsias et genêts ornent les alentours tandis que l'océan irradie de tous ses bleus sous l'effet d'un soleil radieux . Un bel endroit que les douces gifles du vent rendent encore plus vivant et vivifiant.






Sur la côte est de l'île, Quemchi, petit village de pêcheurs nous accueille . De gros nuages noirs nous ont rejoint et le ciel s'étoffe d'un grand manteau gris enveloppant la silhouette de l'île de Caucahue si proche pourtant. L'heure est à la marée montante et nous ne profiterons pas du spectacle surprenant d'une marée basse de plus de 7 mètres et qui fait la réputation du village.
Un bateau se presse de rentrer au port avant les premières gouttes mais finit finalement sous une forte pluie pour le déchargement de sa pêche . Joueur, le nuage pleureur s'arrête aussitôt le travail terminé...mais ici tous semblent insensibles aux caprices de la météo, vivant avec ces précipitations brutales et quotidiennes comme on vit avec les grosses chaleurs dans les pays chauds.
Nous ne pouvons prendre le ferry... il est trop tard pour le retour et la météo n'est pas de la partie.
Une ballade à travers les ruelles de Quemchi, à la découverte des maisons en bois et aux toits de tôle qu'habitent les familles des pêcheurs ainsi que de leur inoubliable église, conclue notre journée.
Malgré la grisaille ambiante, un édifice se distingue au loin...toit de couleur noir surmontant un clocher vert fluo, encadrements de portes et de fenêtres d'un rouge vif, l'église en bois à de quoi séduire. L'intérieur est plus sobre et ici c'est le toit en forme de coque de bateau qui a la vedette. Quelques statues de saints et de la vierge complètent la décoration sans oublier, bien sûr, comme partout dans le pays, le drapeau Chilien toujours présent.









Ce 24 décembre, nous rendons notre voiture et grâce à l'efficace réseau de bus, nous partons visiter Castro grande et touristique ville située à 85 kilomètres au sud d'Ancud . Son emblème et son principal attrait touristique sont les palafitos, ces maisons de bois sur pilotis construites au bord de l'eau . Mais ce qui nous interpelle en premier et que nous apercevons depuis la gare routière ce sont les clochers couleur aubergine de l'église. Le bâtiment est.....comment dire.... surprenant !
Toute de bois, elle aussi, avec ses façades d'un jaune vif et ses différents apparats décoratifs on peut s'imaginer un instant un dessin d'enfant, un jouet sorti de la hotte du père Noël. Cependant elle affiche fièrement ses couleurs, impose le respect et incite à y rentrer.


 
 
 
L'intérieur y est un petit bijou de bois vernis où quelques vitraux laissent passer des rayons de couleurs . Du sol au plafond tout n'est que bois et le lieu en tire une énergie et une beauté particulière. Les cierges brûlant devant les statues des saints éclairent d'une douce lumière , habillant ainsi, telles des guirlandes, cette grande dame. Devant l'autel une crèche est présente et les derniers bouquets de fleurs sont disposés avant la fête de ce soir .



Castro est une ville animée et aujourd'hui c'est une foule compacte qui déambule dans les magasins et les rues. Les trottoirs sont envahis par les vendeurs de babioles et nécessités en tous genre, ne laissant au flot de passants que peu de place pour circuler.

Et c'est vers l'océan que nous partons flâner, loin de l'agitation du centre ville et des derniers préparatifs de Noël. Là, nous admirons ces maisons de bois au couleurs vives perchées sur de hauts pilotis. Au bord des estuaires et des lagunes, les palafitos vivent au rythme des marées et le paysage évolue lui aussi au gré de la hauteur de l'eau, lui donnant ainsi le charme de l'éphémère, la beauté d'un regret ou d'une promesse.

En cette heure de marée basse, les bateaux échoués sur le sable semblent attendre tranquillement. Quelques clichés de ces quartiers uniques qui nous rappellent un peu ces habitations du delta du Mékong. Un autre lieu, un autre climat mais une même façon de vivre sur son élément le plus proche : l'eau.








Des cygnes à cou noir nous accompagnent sur le chemin menant au centre de Castro, mais bien vite nous les perdons de vue, grimpant dans les hauteurs de la ville. La plaza de armas fait, comme de coutume, face à l'église et en cette période de fête les artisans exposent leurs créations.
Ici la laine est à l'honneur et tous les produits de son travail. Le temps d'une pause jus de fruit et nous reprenons le bus en direction de Dalcahue.




Petite ville animée face à la mer intérieure de Chiloé, Dalcahue possède une église en bois classée, un port avec un accès à l'île de Quinchao et un grand marché artisanal. Mais c'est une bourgade vide et tranquille que nous découvrons à notre arrivée.... L'église est en travaux et de grandes palissades nous empêchent de l'admirer... au port il n'est pas possible d'effectuer la traversée jusqu'à Quinchao tandis que le marché artisanal, lui, est fermé. Seuls les stands de restauration du marché sont ouverts et nous nous attablons pour déguster un bon poisson à la plancha . Nous traînons encore quelques heures dans les ruelles en attendant le prochain bus pour Ancud.



Notre séjour sur l'île de Chiloé se termine... Le 26 décembre nous embarquerons à Puerto Montt pour un voyage en bateau jusqu'à Puerto Natales en Patagonie du sud. Mais en ce soir de réveillon nos esprits et nos cœurs sont avec nos proches si loin de nous....une petite liaison Skype pour se voir, s'entendre et se souhaiter pleins de bonnes choses...Un petit verre de Pisco Sour et une pauvre salade de crudité comme festin ( trop tard pour faire les dernières emplettes de circonstance !) .
Mais nous sommes remplis de joie et de bonheur... une fois de plus... ce lieu, cette île et ses habitants nous ont charmé . Une fois de plus, on se murmure comme pour s'en convaincre «  je reviendrai ! ». Une fois de plus, on se tourne vers un grand sud prometteur comme pour trouver la force de partir vers ces horizons pourtant tant rêvés.......mais ça c'est une autre histoire !!