mardi 28 octobre 2014

13/07 – 16/07 : Ban Khoum Khan et la grotte de Tham Kong Lo Laos

Nous avons environ 80 km de trajet pour rejoindre le village de Khoum Khan. Situé au abord de la jungle montagneuse et à une cinquantaine de kilomètres de la fameuse grotte de Tham Kong Lo, ce sera parfait pour admirer sa magnifique route et comme point de départ pour une excursion à la grotte.
Le trajet est d'abord aisé, nous empruntons la route 13 menant au sud du pays. Grande nationale sans dénivelé et sans virage nous suivons un moment le Mékong. Large plaine aux paysages, certes, moins pittoresques mais que nous apprécions quand même après plus d'un mois et demi dans les montagnes. Et nous nous amusons à compter les kilomètres que Titine fait tout droit. Les étals de bambou bordent la route et de nombreux laotiens s'arrêtent pour acheter fruits et légumes. Au bout d'une quarantaine de kilomètres nous nous enfonçons vers l'est sur la petite route 8 et là le paysage change complètement. Les montagnes karstiques font de nouveau leur apparition et le chemin devient sinueux. Quelques belles montées font souffrir Titine mais le décor est enchanteur : rivière, jungle et collines calcaires plus ou moins abruptes où la végétation s'accroche comme par miracle. Le soleil est bien présent et vivifie de ses rayons les couleurs. Que j'aime ces monts  .. mélangeant les formes en pain de sucre et les falaises découpées comme des couteaux dont la roche semble si inhospitalière mais où la jungle sachant profiter de chaque faille et de chaque trou prend possession de tout l'espace. Entourés de ces géants de pierres nous nous sentons bien... juste avant d'arriver au village , après une rude montée, nous arrivons à un superbe point de vue. L'endroit est aménagé pour le pique nique et pour apprécier le décorum ambiant. De là haut, à perte de vue les falaises karstiques recouvrent tout le territoire. L'immensité donne toute sa beauté au paysage et les formes improbables des montagnes laissent notre imagination vagabonder. Nous ne sommes pas seuls, des touristes laotiens profitent de la vue et y prennent leur repas...comme de coutume dans ce pays ils nous offrent de partager leur nourriture. Riz gluant, poisson et porc caramélisé sont au menu. Un vrai régal et toujours aussi charmés de la gentillesse de ces gens. Ils ne parlent pas anglais mais les gestes et les sourires sont universels. Nous prenons quelques clichés souvenirs, bien ternes face à cet irréel paysage.
Quelques kilomètres de descente et nous arrivons à Ban Khoum Khan, petit village qui s'étale dans une plaine entouré de montagnes karstiques à la végétation luxuriante. Pas de problème pour trouver ici une guesthouse, de nombreux touristes y font escale pour explorer les alentours mais nous sommes en basse saison et il n'y a pas d'affluence. Après s'être installés et pris une bonne douche nous partons à la recherche d'un restaurant pour fêter l'anniversaire de Denis. Eh oui nous sommes déjà le 13 juillet et dans notre 6ème mois de voyage et nous avons tendance à oublier les dates et les jours mais là c'est l'occasion de trinquer à la 47ème année de mon chevalier servant. Alors trinquons !! La beer lao coule à flot et tout en levant notre verre nous nous remémorons les bons souvenirs de notre voyage et faisons déjà des projets pour les prochains. L'atmosphère est agréable, attablés à la terrasse de ce restaurant pension et les propriétaires sont charmants. Ce couple de laotiens septuagénaires sont aux petits soins pour nous, madame fait superbement bien la cuisine et monsieur parle très bien français. Nous établissons notre cantine ici et passons beaucoup de temps à parler du Laos, de ses souffrances mais aussi du bouddhisme. Et même si l'homme trouve qu'il n'a pas de vocabulaire nos discussions dépassent les banalités ordinaires...nous apprenons pleins de choses sur le pays et comprenons mieux leur mode de vie. Obligés par l'histoire les habitants ont survécu en se nourrissant de ce que leur offre la forêt. Pousse de bambou, insectes, gibiers en tout genre, etc... ont été pendant longtemps leur seul mode de vie et reste très important pour eux. Au contraire des thaïlandais et vietnamiens ce peuple discret ne désire nullement accéder à l'illusion de l'Eldorado occidental mais simplement vivre en harmonie avec leur foi et la nature. Beaucoup de leurs voisins n'y voient que richesses naturelles et les possibilités économiques qui en découlent et sous prétexte de développement se les approprient en détruisant le milieu de subsistance de la plupart des habitants sous l’œil bienveillant et corrompu des autorités. Mais ici la parole n'est pas libre et s'opposer au pouvoir est très dangereux !! Comme de nombreux laotien notre hôte ne parlera pas politique puisque que pour lui ce n'est qu'une parenthèse humaine où l' homme de pouvoir est élu par ses semblables . Il respecte les lois mais ce qui dirige sa vie ce sont les préceptes de Bouddha. Il nous explique sa conception du Bouddhisme et la définit comme religion pour des gens intelligents capables de réfléchir aux enseignements, de les comprendre et de les assimilés dans leur vie quotidienne. Les rites et codifications ne sont que décorum pour ceux que l'on doit guidé malgré leur ignorance. Le chemin est personnel et nécessite travail et temps. L'homme a fait des études supérieures et nous le sentons quelquefois limité par la langue ainsi que par un manque de vocabulaire mais l'écouter est un véritable plaisir et j'envie ses enfants d'avoir un tel père. Aucune rancune, aucune colère face à une vie très difficile et c'est avec regret que nous le quitterons. Belle leçon de vie que nous aurions aimé poursuivre !! Nous nous sommes donnés rendez vous dans un futur incertain pour déguster ensemble l'excellent Laap préparé par sa femme et auquel nous n'avons pas eu la chance de fait honneur (à notre grand regret !). Encore une belle rencontre et une promesse que nous espérons tenir...








Malgré un temps incertain et après un bon petit déjeuner à notre cantine préférée nous partons pour la grotte de Tham Kong Lo. Cinquante kilomètres nous séparent de Ban Khoum Khan au fameux site et la route est vraiment magnifique. Traversant plusieurs villages nous nous enfonçons petit à petit dans cette forêt de pics karstiques. Entre route et montagnes les rizières brillent de mille vert et les habitants qui s'y activent nous apparaissent simplement comme des petites touches de couleur. Le tableau nous est habituel mais le plaisir des yeux reste intact et nous ne pouvons qu'admirer une fois de plus la beauté de la nature. Et nous nous en lassons pas !!!Le chemin est aisé et nous devons partager la chaussée avec le bétail, évoluant de temps en temps entre buffles et vaches. Traversant un grand parc forestier un chemin boueux et accidenté nous amène à l'entrée du site.
Munis d'une lampe torche et d'un gilet de sauvetage, nous sommes prêts à naviguer sur la Nam Hin Bun qui traverse ici la montagne sur 7 kilomètres et a crée cette gigantesque caverne. Nous sommes 4 à bord de notre barque à moteur avec le pilote et son copilote placé, lui, à l'avant du bateau pour éclairer le chemin. Le voyage demande habilité et expérience de la rivière et dans l'obscurité les obstacles sont nombreux et la traversée de la grotte nécessite environ une heure. Nous faisons une escale sur une petite plage et abaissant un interrupteur le copilote éclaire comme par magie une immense cavité aux stalactites et stalagmites de forme et de grosseur différentes. Nous déambulons à travers ce monde souterrain entre piliers et dentelle de cristaux et de roche . Ici le sacré rejoint la nature et ces chefs d’œuvre naturels sont considérés comme des stupas et honorés comme ils le méritent. Le bruit de l'eau nous accompagne et notre guide, allumant et éteignant les sites au fur et à mesure de notre passage, amplifie ainsi l'ambiance de monde perdu. Au loin, le bruit de quelques autres barques parvient à nos oreilles mais nous sommes seuls dans ce lieu magique à profiter du spectacle. Nous reprenons notre traversée dans le noir pour déboucher sur un monde de lumière et de végétaux. La rivière serpente entre les pieds de ces géants de karst noir et d'immenses arbres s'épanouissent le long de ses berges. Nous sommes en saison des pluies, son niveau est élevé et ses eaux de couleur brune n'incitent pas à la baignade. Dommage ! Selon nos guides et leurs photos en bonne saison la transparence de la rivière et son décor en font un véritable petit paradis .
Le chemin du retour n'est pas une corvée...au contraire nous en profitons encore pour accumuler les clichés prétextant une meilleure lumière ou de meilleures couleurs. Les rizières sont tellement belles entourées de ces montagnes !! Vraiment pas de regret pour les 100 km faits dans la journée ça valait bien la peine.
Et c'est le cœur un peu serré que nous quittons cette région où les Hommes sont des héros et les paysages dignes des dieux. Mais le chemin du sud est encore long et nous devons reprendre notre route. Prochaine destination Tha Khaek bourgade en pleine essor et base favorite des voyageurs pour l'exploration des nombreuses grottes et cascades des alentours...mais ça c'est une autre histoire.













lundi 13 octobre 2014

11 /07- 13/07 : Paksan Laos

Ce matin, le ciel est bien couvert et avant de reprendre la route vers le sud pour Paksan nous faisons une petite visite au garage...Titine fait de nouveau un petit bruit inquiétant, il faut revoir ses réglages. Aussitôt dit aussitôt fait, le garagiste semble connaître son affaire et notre moto ronronne comme avant. Nous voilà donc prêts à affronter les 200 km qui nous séparent de notre destination finale. Il y a encore peu de temps la route était impraticable en saison des pluies mais apparemment celle ci à été complètement refaite et notre trajet semble ne plus prêter à l' aventure.
Dés la première dizaine de kilomètres une bonne averse nous oblige à faire une pause. Heureusement pour nous, des petits abris en bambou servant à vendre légumes et fruits jonchent régulièrement les routes du Laos et nous y trouvons refuge. Malgré la précarité de l'installation nous sommes au sec et nous observons tranquillement les habitants des alentours qui vaquent à leurs occupations et se protègent de la pluie. Certains laissent, dans un flegme laotien, les gouttes les tremper d'autres utilisent de simple sac plastique sur la tête tandis qu'une famille revenant des champs se sert de feuilles de bananiers comme parapluie. Le paysage en ce début de trajet est plat et les rizières, aux couleurs toujours aussi magnifiques, nous accompagnent. Mais bientôt c'est une route en descente vertigineuse que nous empruntons. Virages et ravins sont au programme et le décor vaut le coup d’œil...Le brun de la terre contraste avec le vert de la végétation et les quelques maisons éparpillées sur bord de la route impressionnent de par leur position semblant comme suspendues à un petit bout de terre en équilibre. Une pluie fine ne cesse de tomber et nous roulons doucement pour éviter toute nouvelle glissade (le souvenir de notre chute à Luang Prabang est encore bien frais!). Moi qui n'avais jamais fait de moto avant, j'avais pris confiance après tous ces kilomètres au Vietnam mais depuis notre accident j' appréhende un peu quand Titine se penche dans les virages. Nous suivons ensuite une belle route sans dénivelé et le soleil lui aussi est de retour. Les kilomètres s'enchaînent aisément entre les montagnes kartisques et leur végétation. Une pause pique nique et quelques arrêts rafraîchissements ponctuent notre progression. Nous sommes heureux d'avancer si facilement mais à peine le temps d'y penser que la difficulté est devant nous. Il nous reste environ 80 kilomètres à faire quand à un carrefour, nous devons quitter la belle route goudronnée pour cette grande montée en terre que nous apercevons. Bus et camions y passent doucement en brinquebalant et en soulevant d'énormes nuages de poussière. La perspective d'un tel trajet nous arrête et nous faisons une pause dans le bar le plus proche pour se faire à l'idée. De toute façon nous n'avons pas le choix et pour couronner le tout, la pluie se met de nouveau à tomber. Les mises en garde de notre guide sur cette route nous reviennent à l' esprit et nous souhaitons simplement que ce terrain de cross ne dure pas jusqu'à Paksan. Sous un rideau de pluie de plus en plus fort nous attaquons les montagnes russes avec des montées et descentes abruptes et une chaussée déformée, parsemée de gros cailloux et dont seulement quelques plaques d'asphalte subsistent. L'horreur absolue !...Titine souffre et Denis est en alerte permanente devant négocier chaque centimètre avec prudence pour éviter chute ou casse. Trempée et couverte de boue mon impuissance se résume à de grand « Oh la la !! » ponctuant ainsi chaque passage difficile et la découverte du problème suivant. Entourés de chaque côté d'une végétation dense laissant seulement la place à cette ancienne route devenue piste il n'y a pas de présence humaine, pas de village. Nous croisons seulement quelques camions ou voitures et le chemin n'offre aucune option pour s'abriter de l'eau que le ciel nous envoie inlassablement. Au bout de 25 km nous arrivons sur un petit village, là le plat et le goudron semblent reprendre leur droit. Même si nid de poule, trou et déformation piègent la route, nous sommes arrivés au paradis et le soleil confirme notre impression en faisant son apparition. Plus nous nous approchons de Paksan, plus la chaussée est belle et aisée mais nos bras, jambes et postérieurs nous font souffrir et une bonne pause s'impose pour se remettre de cet enfer.. Heureux et fiers d'avoir passés cette épreuve nous n'avons que le regret de n'avoir pas pris quelques photos mais les conditions météorologiques et les efforts fournis nous ont fait oublier d'immortaliser cet instant. Enfin nous arrivons à Paksan grande ville proche de la frontière Thaïlandaise où la Nam Sam se jette dans le Mékong. Peu de touristes passent par ici et la tranquillité de la cité nous séduit pour passer 2 jours de repos. Repas au bord du Mékong, visite des différents temples et farniente composent nos journées. Les habitants sont accueillants et les enfants nous interpellent joyeusement. Un soir nous essayons de nouveau un « Hot pot » dans un de ces restaurants spécialisés. Le personnel est à nos petits soins et nous préparent nos assiettes de légumes et de viandes normalement mis à disposition sous forme de buffet. La nourriture est à volonté et on nous sert plus qu'il ne faut. Nos papilles se régalent et notre ventre est bien tendu en fin de soirée.
Comme nous l'avions prévu la pluie est devenue une constante et va sérieusement modifier nos plans de route. Nous voulions faire la célèbre boucle de Vieng Khan à Tha Khaek et ainsi visiter, grottes, cascades et les villages les plus reculés des région de Khammuan et de Bolikhamsai. Mais renseignements pris une partie du circuit n'est qu'une piste déjà difficile à passer en saison sèche et l'entreprise nous semble un peu hasardeuse avec notre Titine et son chargement. De l'aventure nous en avons déjà eu et se retrouver bloqués dans la boue au milieu de nulle part ne nous enchante pas.
Nous partons donc au village de Ban Khoun Khan pour ensuite visiter la fameuse grotte de Tham Kong Lo.... mais ça c'est une autre histoire.














lundi 6 octobre 2014

08/07 – 11/07 : Phonsavan Laos

6 jours après notre chute en moto nos dermabrasions ne sont pas complètement guéries et nous décidons donc de nous diriger vers Phonsavan et la plaine des jarres. Nous regrettons de ne pouvoir nous immerger dans la réserve des éléphants de Sainyabuli et nous ne souhaitons pas visiter Vientiame, la capitale, qui d'après de nombreux voyageurs n'a que peu d’intérêt. Direction donc vers l'est pour ensuite descendre dans le Sud du pays.
Ce mardi matin nous sommes prêts à reprendre la route mais nos passeports et nos prolongations de visas, eux, ne le sont pas. Il nous faut donc attendre le début d'après midi avant d'affronter les 260 km qui nous séparent de notre destination finale. Une fois de plus une étape sera nécessaire à mi chemin. Et c'est avec un temps incertain et menaçant que nous attaquons les premiers dénivelés. Nous retrouvons les montagnes couvertes de forêt avec de beaux points de vues mais après le nord du Laos le paysage nous apparaît moins impressionnant. Titine nous monte assez facilement... plusieurs petits villages bordent notre route et nous faisons la course avec de gros nuages noirs. Mais nous savons qu'en cette saison, il nous sera difficile d'éviter la pluie.. Bien vite les premières gouttes nous obligent à faire une pause. Nous trouvons refuge en haut d'une côte sous un petit abri. Seule une petite épicerie station essence est présente. Le propriétaire nous salue et quelques instants plus tard sa fille nous apporte timidement un plateau avec deux verres et de l'eau . L' enfant avec ses frères s'amusent et nous observent de loin à travers le jour de la porte. L'averse se terminant nous ramenons nos verres et en profitons pour faire quelques clichés de cette sympathique famille si attentionnée. L'accueil des laotiens vaut bien sa réputation, moins expansif qu'au Vietnam et bien plus discret, les marques d'intérêts sont dénudés de perspectives économiques mais simplement en accord avec leur façon de vivre avec les autres et en harmonie avec leur philosophie de vie bouddhiste. C'est en fin de journée que nous arrivons à Phu Khoum notre étape pour la nuit. Petite ville perdue entre la route qui mène à la capitale et celle de Phonsavan, le gris du ciel et le brouillard qui commence à tomber rajoutent à cette impression d'abandon et même de sordide et de misère. Un grand carrefour sert de centre et les petites maisons de béton bordent les deux voies principales. Et même si la bourgade propose plusieurs guesthouses nous avons du mal à dénicher notre bonheur...prix élevé, confort et propreté douteuse nous nous rabattons finalement sur la première offre. Pas d'eau chaude , un grand réservoir avec un broc sert de douche, pas de lavabo et en plus une odeur forte de renfermée mais la literie est propre même si elle n'est pas très confortable et pour une nuit cela suffira bien . Nous descendons nous restaurer, notre pension faisant restaurant, nous nous attablons. Mais la mère allongée dans un fauteuil et regardant la télé ne nous donne même pas un regard tandis que le père finit dans un coin son repas. Nous avons l'impression d'être des fantômes, l'attente se prolonge et nous décidons aller voir ailleurs. De l'autre côté de la rue une femme s'active autour de ses marmites et nous accueille à grand renfort de sourires. Une soupe de nouilles de riz sera parfaite pour ce soir et sa gentillesse nous réconcilie avec Phu Khoum.
Le lendemain matin, la bruine et la brume nous souhaitent le bonjour . Après avoir chargé Titine et s'être habillés en conséquence nous allons prendre notre petit déjeuner dans le restaurant de la veille. Ici pas de breakfast à l'occidental et nous dégustons une fois de plus une bonne soupe de nouille avant de prendre la route. Nous quittons la nationale 13 pour prendre la 7 qui doit nous mener à Phonsavan. Les 15 premiers kilomètres serpentent sur la crête et nous offrent une belle vue sur les montagnes. La région ne semble habitée que de monts et de forêts cependant quelques villages Hmong et Khamu bordent notre chemin, nous laissant admirer leurs maisons de bois surélevées et leur métiers à tisser installés sous leurs demeures. Plus nous avançons, plus le temps s'améliore et nous arrivons sous le soleil au village de Ban Nong Tang en fin de matinée. La bourgade est magnifique, construite autour d'un étang où des collines calcaires l'entourent nous faisons halte pour la pause déjeuner. Un bon « com rang » ( fried rice) nous attend et l'accueil est sympathique. Mais posé un peu plus loin une panière contenant un nid d'abeille (..ou de guêpe) décortiqué nous intrigue... Renseignements pris nous comprenons que les laotiens en récupèrent les larves pour les cuisiner et les déguster..Bon appétit mais je préfère me contenter de mon riz ! Nous abandonnons petit à petit les hautes montagnes pour retrouver collines herbeuses et rizières.


















 Nous arrivons tranquillement en début d'après midi à notre destination, la ville semble s'étendre tout en longueur avec ses grands boulevards parallèles et pour la première fois au Laos la circulation est organisée autour de feux rouges. La ville est importante mais nous rappelle tristement les séquelles et les conséquences des bombardements intensifs du pays pendant la guerre secrète des Etat Unis. Les restes des missiles et autres engins de mort servent de jardinières, de pots de fleurs ou de décoration et s'exposent fièrement dans les restaurants et les maisons. Tandis que les voitures du MAG (mines advisory group) sillonnent encore les rues et continuent à déminer les alentours. Cette association britannique se charge de sécuriser des hectares de terrains littéralement couverts de mines et de bombes non explosés et qui font encore aujourd'hui de nombreux ravages. C'est grâce au MAG que les sites archéologiques de la plaine des jarres sont ouverts en toute sécurité au public. Mais il reste malheureusement encore beaucoup de boulot pour effacer toutes traces de cette sale guerre et en finir avec les morts et les les vies détruites par mutilation.
Mais la citée vit normalement et quelques bars au bord d'un petit plan d'eau permettent de faire la fête. Pour notre première soirée nous décidons d'y aller prendre un verre. De nombreux habitants prennent leur dîner accompagné de bière Lao et à peine installés un homme se joint à notre table pour discuter et trinquer. Il parle un anglais approximatif et les bières lao qu'il a déjà ingurgité faisant effet, le dialogue est difficile mais la bonne humeur règne. .
Mais nous sommes venus ici pour visiter la fameuse plaine des jarres et malgré les averses quotidiennes c'est sous le soleil que nous partons découvrir le site principal et le plus proche de la ville. Sur des centaines de kilomètres autour de Phonsavan de gigantesques jarres en pierre sont éparpillées sur les collines. D'origine inconnue et très anciennes 334 jarres et fragments se dressent sur ce lieu vallonné. Leur utilité et la civilisation qui les ont crée restent un mystère et laissent la place aux légendes de toutes sortes. Correspondant selon les archéologues à l'age de fer du Sud est asiatique et malgré les bombardements intensifs de la région les plus grandes gardent toute leur beauté. Leur nombre et leur dimension sont surprenants. Le site a été déminé et est délimité par des bornes rouges et blanches qui servent de chemin de sécurité. De nombreux cratères de bombes sont visibles malgré la végétation qui tente à sa manière de cacher ces vilaines cicatrices. Et cet après midi le ciel passant du noir au bleu intense, nous offre le superbe spectacle d' un patchwork de vert, collines et champs aux alentours changeant de couleur au grès du temps. Nous brûlons sous les rayons ardents du soleil et quelques minutes plus tard nous nous abritons sous les arbres pour échapper au déluge.Nous trouvons même refuge dans la grotte transformée en temple pour échapper à la dernière averse de la journée. Nous ne regrettons pas notre visite, le lieu étant toujours aussi empreint de mystère...il existe 8 autres sites ouverts au public mais leur accès plus difficile en cette saison des pluies nous font renoncer au déplacement. Et puis nous voulons descendre dans le sud du pays et il nous faut reprendre notre route. Demain donc direction Paksane....mais ça c'est une autre histoire.