C' est vers un petit paradis de calme et de sérénité que nous
partons ce matin. 140 km nous séparent de Don Det, île du Mékong
et destination du jour.
Pas de surprise sur la nationale 13 à part la pluie mais nous
sommes maintenant habitués à jouer avec les averses et le plan
« premières gouttes » est désormais bien rodé. Nous
arrivons au village de Ban Nakasang où nous prendrons le bateau pour
rejoindre ce bout de terre au milieu du fleuve. Notre bac se résume
à deux barques parallèles reliées par quelques planches et
dirigées par deux enfants. La traversée dure une vingtaine de
minutes avant de poser le premier pneu de Titine sur la terre de Don
Det. Le fleuve est déjà haut et le courant charrie des eaux
boueuses et divers débris végétaux, les pluies journalières ont
laissé des traces et les chemins sont impraticables, étroits et
pleins d'ornières. Une entreprise difficile que de traverser l'île
du nord au sud à la recherche du bungalow rêvé à deux passagers
et avec 30 kg de bagages à l'arrière sans quelques glissades et
éclaboussures de boue. Une dernière épreuve pour Titine... et
c'est tout crottés que nous arrivons à « Mama Leuah »
L'endroit semble parfait. Petit bungalow avec terrasse dotée de
deux hamac donnant sur les berges d'un des nombreux bras du Mékong
et où sous nos fenêtres paissent tranquillement les buffles tandis
que le tout petit chemin de terre de derrière sert de voie de
circulation principale. Autant dire la sérénité et nous nous
félicitons d'avoir fui le nord de l'île, plus propice à la fête,
et savons déjà que Don Det sera notre dernière étape au Laos, le
lieu donnant bien envie de s'attarder. C'est la basse saison, la
fréquentation touristique est faible, l'endroit en est encore plus
paisible et authentique. Beaucoup de restaurants (pour touriste) et
de bungalow sont fermés. Notre pension, elle, a un petit restaurant
tenu par la fille de la famille et son mari allemand . Lutz nous a
chaleureusement accueilli et sa femme fait superbement à manger, en
grande quantité et pour pas trop cher. Une vraie amitié est née et
nous discutons longtemps du pays et de bien autre chose entre 2
bières Lao et les bons petits plats mijotés par madame. Les
bungalows se remplissent et les voyageurs de toutes nationalités se
retrouvent à table échangeant impressions et informations. On
refait le monde à l'image de son voyage racontant souvenirs et
expériences et projetant déjà ceux dont on rêve dans un futur
prochain. Nous rencontrons un jeune couple très sympathique de
français sur la fin de leur voyage en Asie. Parties de cartes et
grandes discussions occupent nos soirées et nous trinquons au « Lao
Lao » (alcool de riz) à la première nomination en tant que
professeur d'un autre jeune français logeant ici... Une vie sociale
comme à la maison avec les potes chaleur et humidité en plus. La
vie s'écoule tranquillement tandis que le fleuve, lui, monte et
court vers le Cambodge !
Nous profitons pleinement du plan « regarder la pluie
tomber » allongés dans nos hamac et admirons ainsi toute cette
vie fluviale qui s'articule autour d'un si grand cour d'eau. La
barque au moteur bruyant est le moyen le plus commun de circuler ici
et avec le niveau du Mékong, actuellement haut, les bateliers
empruntent des canaux plus proches et le bruit des moteurs rivalise
comme réveil matin avec le chant des coqs qui vagabondent sur le
terrain. Mais rien de grave et qui ne nous empêche nullement de
paresser … enfin paresser pas exactement..Denis lit tandis que moi
j'essaye de rattraper le retard du blog..Ici même internet est un
paradis et fonctionne.
Enfin ne pas bouger, ne pas refaire son sac !...Seulement
vagabonder dans l'île à travers ses petits chemins bordés de
rizières , ses berges à la végétation exotique, ses maisons de
couleur sur pilotis et admirer la puissance du fleuve qui l'entoure.
Le décor est beau et les habitants accueillants. Nos promenades
entre deux averses nous amènent aux chutes de Li Phi sur l'île
voisine de Don Khon. Nous longeons le Mékong et traversons le pont
qui relie les deux îles, le chemin nous amène ensuite au temple et
nous poursuivons à travers champs entre les buffles et les rizières
jusqu'au site. Le bruit de l'eau nous avertit en premier que nous
sommes arrivés. A perte de vue l'eau déferle , submergeant les
îlots et les arbres présents. En pleine saison des pluies le Mékong
peut atteindre 14 km de largeur, recouvrant ainsi toutes parcelles de
terre. Le spectacle est impressionnant et ce fleuve que nous avions
déjà vu à quelques kilomètres de là, à Stung Treng (cambodge)
au mois de mars a bien changé. Sa puissance et son courant ne nous
laisse pas le loisir de nous baigner ou de faire du kayak, le danger
est bien signalé mais d' instinct nous nous abstenons.
Le séjour est agréable et nous prenons pleinement possession de
notre terrasse ne bougeant que pour aller manger ou acheter au
village quelques petites gourmandises. ça fait du bien de se laisser
bercer par la musique de la pluie et le bruit du fleuve à simplement
sentir le temps passé.. . Mais il passe trop vite et nous
devons passer la frontière le 29 juillet. Titine ne pourra pas faire
partie du voyage, il est impossible de passer en Thaïlande avec une
moto étrangère et nous devons nous en séparer.
Lutz est intéressé mais faisant construire un nouveau restaurant
plus grand, il n'a pas les finances. Notre monture nous a amené
jusqu'à nos rêves les plus fous et elle est bien fatiguée après
les 5000 km parcourus en Asie. Nous la troquons donc contre notre
ardoise au restaurant (environ 150 dollars) à Lutz. Notre Titine va
s'offrir une seconde vie au Laos... et peut être en tant que tuk
tuk !!!
C'est le cœur gros que nous quittons Don Det...le lieu et ses
habitants resteront dans notre mémoire avec une seule envie :
revenir. Nous échangeons nos adresses mail respectives et espérons
nous revoir bientôt. Nous avons l'impression d'une fin de voyage, il
nous reste moins de 10 jours avant de quitter définitivement ce
continent pour d'autres ailleurs. Et même si ce n'est qu'une
première étape de notre périple qui se termine, un petit goût de
nostalgie s'installe quand même. Demain nous reprenons nos sac à
dos et partons pour Ubon Ratchatani en Thaïlande... mais ça c'est
une autre histoire.
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