« Neufs jours dans les hauts plateaux du centre »
C'est au petit matin que nous devons partir pour les 150 km de
notre seconde étape « Dalat - Lak » mais ici pas besoin
de réveil.. ! Les portes qui claquent, les appels et les cris,
les cavalcades dans les escaliers se chargent de nous sortir des bras
de Morphée à 5h du matin. Les vietnamiens ont un sens différent de
l'intimité..et où qu'ils soient, ils font comme chez eux et en
conséquence tout l'hôtel vit au même rythme !! Souvent avec
des familles nombreuses, ils réservent plusieurs chambres, laissant
portes ouvertes, télé à fond et les enfants s'amusant dans les
couloirs ou le hall. C'est dans ces moments là que nous préférons
ces chers chérubins en photos que devant notre porte.. !
Après un café et un coup d'œil à Google map pour trouver la
bonne sortie de ville, nous voici prêts à affronter ces petites
routes de montagnes beaucoup moins fréquentées et en moins bon état
que celle de Dalat.
Malgré les bosses et les trous, le paysage nous ravit. La
campagne étale toutes sa beauté avec ses forêts, ses palmiers, ses
bambous et aussi ses champs entiers de café. Le bétail se promènent
sur la chaussée : poules, cochons, canards, vaches et buffles
s'écartent au son du klaxon.Les villages ruraux semblent perdus au
milieu de nulle part et leurs habitants vivent pauvrement de leur
production. Ce sont pour la plupart des minorités ethniques mais les
villageois ne portent plus les vêtements traditionnels et
ressemblent à n'importe quel autre vietnamien . Les maisons en bois,
torchis ou de bric-à-brac sont souvent pourvues d'un toit en palme ou
de tôle. Montées et descentes s’enchaînent. La conduite est
difficile mais Denis assure et notre « titine » (notre
moto) aussi !
Quelques kilomètres de plat, passages de nombreuses rivières et
de nouveau nous affrontons les dénivelés..Heureusement les arrêts
sont agréables : des points de ventes de boissons fraîches et
de restauration sont réguliers sur ces routes et en plus de
satisfaire notre soif et notre faim ils nous permettent de pouvoir
nous reposer dans un hamac...mieux que les aires d'autoroutes !
Puis nous apercevons une immense étendue d'eau mais ce n'est pas
notre point de chute, le lac Lak est encore à une trentaine de
kilomètres de là. Perdus entre ces montagnes des villageois vivent
sur l'eau. Sur des plates-formes en bambous se dressent de pauvres
abris de tôle, bois et bâche. Quelques barques, filets et viviers à
poissons démontrent qu'ils survivent de la pêche. Leur espace vital
s'est réduit comme une peau de chagrin avec la saison sèche et les
marques laissées sur les rives prouvent que le niveau est au plus
bas. Nous nous arrêtons sur le pont pour faire quelques photos de ce
village flottant, vision d'autres lieux que nous nous attendions pas
à rencontrer ici.
De gros nuages noirs se sont accumulés et
l'orage menace...il ne faut pas tarder à reprendre la route. Mais la
chance semble nous quitter en cette fin de parcours...notre pneu
arrière est sérieusement dégonflé. La pluie imminente , 30 km de
montagne avec un pneu crevé et pas une ville ou un village alentour,
ça sent la galère ! Doucement et prudemment nous enchaînons
les bornes kilométriques..25, 24, 23.. mais le ciel en colère se
rapproche lui aussi. Et tel un miracle, au bord de la route, sans
rien autour, nous trouvons une buvette et un mécano. Quel
merveilleux pays et quel soulagement !! Le temps de se boire un
coca, de regonflé le pneu et de vérifier qu'il tiendra les 20 km
restant pour la réparation en ville et nous voilà repartis.
Avec la descente le paysage se transforme de nouveau. Et sur ce
plateau vallonné, le vert des cultures tropicales et des rizières
rivalisent de charme. Entre ces collines, la diversité des couleurs
est un vrai régal. Toute la palette du vert se conjugue
merveilleusement bien avec le brun foncé de la terre et le ciel
menaçant rajoute sa touche au tableau. Les habitants sont affairés
dans leurs rizières délimitées souvent par des petits drapeaux de
couleur et parsemées d'épouvantails. Et c'est dans cette carte
postale que nous finissons notre étape à Lak. Juste le temps de se
trouver une guesthouse, de rentrer les bagages et la pluie s'abat
violemment. Un bon repas et une bonne nuit de sommeil concluent la
journée.
Lak (ou Lien Son) est une petite ville de province située près
du lac du même nom. Ici très peu de touristes à part ceux qui
effectuent la même boucle en moto avec leur « easy rider »
(guide et conducteur vietnamien qui vous proposent le circuit en 3 ou
4 jours). Les habitants sont chaleureux et c'est sans difficulté que
nous trouvons un mécanicien le dimanche matin pour nous réparer
notre roue. Dictionnaire en main, gestes à l'appui et pour moins de
2 euros, il fait de nos deux crevaisons qu'un mauvais souvenir. Notre
prochaine étape Buon Ma Thuot est à seulement 55 km de là et avec
une route facile , nous prenons donc la matinée pour visiter les
alentours et le fameux lac. Plus vaste étendue naturelle d'eau des
hauts plateaux du centre, il recouvre 700 ha et se réduit à
pratiquement la moitié de sa superficie en période sèche. Sur
l'eau, nous apercevons d'abord quelques filets et viviers mais le
plus surprenant est de découvrir la route recouverte de riz qui
sèche au soleil .Les habitants sont en pleine récolte et le grain
est étalé sur la chaussée ne laissant parfois pas de place à la
circulation et obligeant les véhicules à rouler dessus. Le lac est
entouré de rizières à perte de vue et l'activité y est intense.
Un village mnong traditionnel avec ses longues maisons en bois et en
rotin termine le chemin. Là les habitants ne font pas attention à
notre drôle d'équipage et vaquent à leur occupation. Le décor est
enchanteur : le lac, les rizières, les collines dans le fond et
la vie rurale qui se déroule sous nos yeux. Nous décidons de nous
arrêter un instant pour nous restaurer. A peine installer à notre
table que des touristes vietnamiennes viennent pointer leur objectif
sous notre nez et nous mitraillent ...une photo de Denis , une autre
de moi et puis d'elles et nous se tenant par les épaules ou le bras.
Situation un peu embarrassante d'abord mais très vite nous nous
amusons d'être à notre tour « les bêtes curieuses » à
photographier..... L'arroseur arrosé !! Mais notre pause sera
de courte durée, après la séance photo, la serveuse nous fait
comprendre qu'elle ne nous servira pas à manger..Pourtant à la
table voisine des gens se restaurent. Nous ne saurons jamais pourquoi
un tel refus et c'est un peu en colère que je remonte sur notre
« titine ». C'est le signal du départ nous mangerons
ailleurs et en route pour Buon Ma Thuot.
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