Maintenant l'heure est à effervescence et déjà tardive. Nous voulions partir vers les 6 heures avant que les scooters et autres engins à moteur engloutissent les boulevards et virevoltent en tous sens et contre sens...mais à 8 heures nous sommes devant notre café discutant avec nos jeunes amis français Andy et Adrienne . Eux aussi ont succombé aux rêves d'easy rider et devaient quitter la capitale à l'aube. Inexpérimentés dans la conduite en Asie et faisant les mêmes 50 premiers kilomètres nos amis se joignent à nous et c'est donc en petit convoi que nous allons affronter la circulation d'Hanoï et nous frayer un chemin... Il suffit maintenant de charger les bagages... et ce n'est pas une mince affaire, notre monture devant supporter 2 passagers et nos 2 sacs à dos (30kg). L'option des 2 sacs l'un à côté de l'autre sur le porte bagage se révèle vite hasardeuse et déséquilibre fortement Titine . Finalement nous optons pour l'effet montagne les posant l'un sur l'autre le plus près de la selle mais il nous faudra encore plusieurs essais et plusieurs mètres pour trouver la bonne position alliant confort de conduite, des passagers ainsi que maintient des sacs.
La traversée de la ville fût longue et difficile . On se perd de vue... On s'attend...On tombe un sac..On se perd... On se retrouve...bref après quelques coups de téléphone et petites frayeurs nous sortons enfin de la citée et la campagne commence à se profiler. Route de plaine où cultures et rizières remplacent petit à petit maisons, immeubles et boulevards. Nous retrouvons nos amis les buffles paressant dans les mares de boue ou déambulant tranquillement sur la route en compagnie des poules, canards et cochons. Les habitants, eux, s'activent au labourage, semailles et repiquage du riz. Après la pause déjeuner dans une gargote locale nous nous séparons..il est déjà 15 heure et n'avons parcouru qu'une trentaine de kilomètres, il reste beaucoup de chemin à faire et partons donc à un rythme plus soutenu. Les premiers pics karstiques apparaissent et la route se faufile à leur pieds. Le spectacle est superbe et nous nous laissons bercer par le vert des rizières et la présence rassurante de ces exotiques montagnes. Mais le réveil est difficile quand nous nous apercevons que nous sommes trop proche d' Hoa Binh et que nous avons loupé notre embranchement à 20 km de là !! Demi tour donc et 40 km en plus à notre étape. Nos chances d'arriver à Tam Coc avant la nuit s'amenuisent et Denis accélère mais la route nous rappelle vite que nous sommes en Asie et qu'elle réserve de nombreuses surprises... Après une grosse frayeur et une chute évitée grâce à l'habilité de mon easy rider préféré, nous décidons de prendre une plus petite route pour se trouver une guesthouse pour la nuit. Le paysage est magnifique et la campagne est belle. Les « pains de sucre » entourent les villages comme un écrin où brille de toutes ses formes le vert des rizières et de la luxuriante végétation des tropiques. Mais pas de trace de « Nha gui » ( pension)... demandant aux habitants ils nous indiquent toujours plus loin et c'est après une vingtaine de kilomètres que nous trouvons la tant désirée guesthouse. Le Lieux semble abandonné...seul le transistor répond à nos appels en hurlant des tubes de variété vietnamienne...le lieux est vieux et défraîchi...et personne. La nuit commence à tomber... Et fatigués , sales nous rêvons de nous poser et de prendre une bonne douche... Au bout de 20 minutes, un homme d'une soixantaine d'années, les cheveux gras, en short et « Marcel » avec un imprimé taches de graisse nous présente notre chambre. Comme le reste de la maison et les vêtements du propriétaire les murs ont besoin d'être rafraîchis. Exotique certes mais pas très glamour..Le matelas est posé sur une base en béton, une vieille télé trône aux pieds du lit et un fauteuil crapaud tout rafistolé et sale occupe le reste de l'espace. Pas de bestioles, et la literie est propre et c'est un toit raisonnable pour dormir..par contre le prix, lui, n'était pas raisonnable et nous marchandons notre nuitée sans difficulté. Une bonne douche, une soupe de riz dénichée un peu plus loin et un matelas classé « on a connu pire » nous permettent de nous reposer pour affronter le lendemain les 50 km restants.
Le passage par les faubourgs de Ninh Binh ne laisse pas présager de la présence d'un trésor comme Tam Coc à seulement une dizaine de kilomètres de là. Et pourtant nous quittons béton, gaz d'échappement, bitume et entrons dans un paysage de légende..Tam Coc mérite bien son surnom de « Baie d'Halong terrestre » !! Avec sa rivière « Ngo Dong » qui se promène sur plus de 2 km à travers les formations karstiques et ses rizières le village a de l'attrait et de l'intérêt touristique. La chaleur se fait déjà sentir en cette fin de matinée et nous décidons de ne faire notre ballade en barque qu'à 17h pour éviter les heures chaudes et l 'afflux des visites. En attendant repos puis petite ballade motorisée dans la campagne environnante . La carte postale rêvée, fantasmée et exotique que je me faisais du Vietnam..la saturation des couleurs semble être à son maximum et les pics calcaires donnent aux lieux une ambiance un peu surnaturelle mais bienveillante. Loin d'être désert, l'image est animée et de superbes scènes de la vie rurale magnifient le tableau .
Tam Coc signifie les 3 grottes et
c'est au fil de l'eau que nous allons découvrir ses passages de la
rivière sous la roche et dont le village porte si fièrement le nom.
Notre embarcation une simple barque, notre batelier une femme parlant
très bien français et ramant, comme de coutume ici, avec les pieds.
La ballade est plaisante et la chaleur s'estompe avec le déclin du
soleil....les barques se raréfient et une impression de sérénité
enrobe l'instant. Nous voguons doucement entre tout ce riz planté de
chaque côté de la Ngo Dong et ces montagnes magiques qui nous
surplombent et nous offrent le loisir de les admirer pleinement.
Notre batelière s'arrête et vérifie l'avancée de sa parcelle de
riz....il est bientôt prêt .. encore quelques semaines avant le
temps des moissons. Chaque famille du village possède un lopin de
rivière pour cultiver son riz et de nombreuses femmes font les
guides touristiques en amenant toutes les nationalités s'extasier
devant un si beau site dont on ne peut pas se lasser. Les
grottes,simples tunnels souterrains, offrent la beauté de la roche
et de l'eau , le plaisir du mariage du sombre et du coloré...laissant
toujours derrière elles comme un petit goût de nouveau monde .
La ballade dure 2 heures et nous enchante...pas de regret en cette
basse saison touristique Tam Coc valait bien le détour... le décor
et l'ambiance tout y était. Mais le temps presse et nous voulons
visiter la baie d'Halong avant la haute saison en juin...Sur des
infos de voyageurs nous choisissons de séjourner sur l'île de Cat
Ba . Bordée par la baie d'Halong, elle est restée bien sauvage et
propice aux flâneries en moto . Alors à nous Cat Ba !
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