Ville côtière plaisante et calme , La Serena a des atouts indéniables avec ses nombreuses églises, ses anciens bâtiments et ses plages réputées. Le phare en délimite le commencement. Nous sommes en basse saison , le vent, la mer agitée et les températures ne donne pas trop envie de se baigner.
L' émotion du spectacle de ces touristes chiliens se faisant photographier sur le canon du phare grand sourire aux lèvres , heureux d'être là et prêts à affronter les éléments climatiques, nous font prendre conscience du bonheur de l'instant présent et de la chance que nous avons de voir et vivre ça. Cheveux au vent, nous savourons la colère de l'océan pacifique et profitons des rires des enfants s'amusant dans le sable et autour de ce phare rouge et blanc ressemblant un peu à un château playmobil.
La plaza de armas avec sa cathédrale, l'édifice ancien servant de mairie, son parc où trône en son centre la fontaine, nous offre en plus un petit marché d' artisans et de producteurs locaux où nous nous dégustons de bons jus de fruit et quelques sucreries pour agrémenter d'une petite touche plaisir nos ballades dans la ville. Chaque coin de rue peut réserver la surprise de découvrir une église et de grandes allées centrales réservées aux piétons et vélos permettent de flâner tranquillement du centre ville au bord de mer. De beaux immeubles coloniaux se sont transformés en grands magasins, restaurants ou banques et ses quelques rues piétonnes facilitent le shooping en cette période de soldes.
Mais grain de sable dans l'enthousiasme du voyage, Nathalie a des soucis avec sa carte visa électron et ne peut retirer de l'argent. Un essai fructueux à Valparaiso après avoir, quand même, tester plusieurs banques et là impossible d'obtenir quoique ce soit des distributeurs...Ils restent muets malgré ses demandes multiples. Nous faisons le tour des « cajero automatico », bredouilles. La situation énerve Nath qui maudit et jure vengeance pour les fausses informations et promesses non tenues de la banque postale. Entre change, payement par carte quand c'est possible, elle arrive à disposer d'un peu de liquide mais cette situation récurrente lui gâchera un peu le plaisir de se laisser aller à l’achat de souvenirs et cadeaux. Heureusement elle ne voyage pas seule et la situation reste gérable sans devenir une grave galère.
Les alentours de La Serena sont réputés pour la qualité de leur ciel et de nombreux observatoires ont élu domicile sur les hauteurs des environs. La vallée de l' Elqui, haut lieu de production de pisco (eau de vie de raisin) combine montagnes , vert des cultures, ruisseaux , rivières et petits villages. Nous décidons de louer une voiture une journée pour l'explorer à notre rythme et envies délaissant une fois de plus les tours opérateurs. De plus, l'opération financièrement se révèle pas plus élevée.
La route est en bon état et le trafic ressemble plus à ce que nous avons l'habitude de subir en France. Pas de scooters, pas de vache, poules ou buffles traversant la chaussée mais un concert de klaxons démontrant l'impatience face à la circulation intense des villes aux heures de pointe. Arrêt au marché pour faire quelques provisions pour le pique-nique et nous sortons aisément de la citée en direction de Vicuna à 62 km à l'est. Bien vite nous prenons de la hauteur , un paysage de montagnes pelées contrastant avec le couvert végétal des abords de la rivière en contrebas et les touches colorées et géométriques des cultures s'éparpillant sur les flancs des collines ,nous annoncent le début de la vallée. Le temps est au beau fixe et les couleurs s'épanouissent ou s'éteignent au grès des cotonneux nuages, la roche semble répondre par ses ocres, rosés et gris bleus aux sollicitations du soleil et l'impression d'espace règne en maître.
Vicuna, ville paisible, est aussi très charmante. Sa place principale permet de s'asseoir un moment là, à profiter simplement de cette ambiance « joli dimanche » et à observer les habitants qui vaquent à leur occupation ou à leur flânerie. Souriant aux pas décisifs et maladroits des jeunes enfants à la poursuite d'un pigeon indifférent à ce jeu sous les yeux émerveillés des parents découvrant leur petit ange appréhender ce monde, nous faisons quelques clichés d'une vie simple et heureuse, ici où il semble faire bon vivre. La bourgade profite du charme poétique laissé et écrit par l'enfant de la vallée : Gabriela Mistral et l'office de tourisme de l' Elqui en fait très bien la promotion. Au centre de la plaza de armas, un portrait lui rend hommage tandis qu' un peu plus loin la « torre Bauer » ( tour Bauer) est une vraie curiosité. Abritant l'horloge, cette tour rouge en bois a été construite par un ancien maire allemand , la faisant venir de son pays natal. Semblant sortie d'un dessin d'enfant, elle abrite au rez de chaussée l'office de tourisme. L'église proche affiche les mêmes couleurs et dresse fièrement à l'intérieur de ses murs les drapeaux chiliens. Derrière une petite cour permet d'admirer les fleurs qui y prospèrent avec comme toile de fond les montagnes. Bucolique et enchanteur.... Les habitants y sont agréables comme cette vieille dame croisée dans la rue qui entame la conversation, racontant des parcelles heureuses ou tristes de sa vie et voulant connaître les nôtres. Elle conclue cette furtive rencontre en nous offrons un brin de cuivre de la région et que je transporte dans mon sac tel un porte bonheur. Un marché d'artisanat nous fait apprécier les poteries, bijoux, tissus et les représentations symboliques des croyances indigènes sous forme de tableaux gravés et peints . Malgré nos sacs bien chargés nous cédons à la tentation de redécorer notre intérieur.
Notre trajet continue dans ce décor contrasté à la recherche d'un lieu de pique-nique, nous descendons quelques mètres retrouver l'Elqui qui s'écoule paisiblement et arrose les cultures alentour. Bientôt sous les saules, au bord de l'eau nous préparons notre déjeuner, interrompus quelques fois par le passage d'ânes ou chevaux ... Une bonne pause au vert avant de reprendre la route... Un arrêt à Montegrande, lieu de naissance et de sépulture de la fameuse poétesse, prix Nobel de littérature, où l'église rouge et banche au clocher de bois mérite le coup d’œil.
S'ensuivent des vignes à l'infini et le village de Pisco d'Elqui aux maisons basses et colorées et aux fameuses distilleries. Nous poursuivons jusqu'au bout de la route, là où le ciment disparaît et laisse la place aux cailloux, traversant de charmants petits villages ruraux où les églises en bois sont au cœur de ces lieux et y drainent toute la vie sociale . Les arrêts de bus en forme de tonneaux et aux alexandrins de Gabriela Mistral inscrits comme devise, marquent l'influence de l'artiste qui a su si bien parler de ces terres.
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