Capitale du Norte Chico, La Serena est située à 420 km de
Valparaiso et 6h de voyage en bus la nuit sont nécessaires avec un
départ tardif et une arrivée matinale. Le trajet est, non
seulement, trop court pour dormir suffisamment mais aussi pas assez
long pour arriver à l'heure d'ouverture de notre hospadejes
(pension). Pourtant le voyage a bien commencé, notre sympathique
logeur à Valpo nous laissant à disposition notre chambre jusqu'à
notre départ à la gare routière vers 22H, un gros avantage !
Le check- in, dans notre prochain logement, se fait à 13 h et
l'accueil n'ouvre qu'à 8h , nous aurons donc 2h 30 d'attente avant
de pouvoir poser au moins nos sacs et avec de la chance accéder à
notre chambrette. Mais les choses ne se passent pas comme prévues et
le temps frais rajoute une connotation « épreuve » à
l'événement. Imaginez vous , ayant à peine eu 4 h pour essayer de
dormir sur un siège « semi cama » donc semi
confortable... entre les arrêts descentes et montées de passagers
ainsi qu' un enfant insomniaque revendicatif s'exprimant de façon
bruyante et stridente,être là emmitouflés à attendre. Attendre..
attendre sur un banc, attendre au lever du jour, attendre immobiles
et frigorifié dans ce 12 degrés ambiant, attendre devant la section
investigation de la police et seul point de vie du moment, attendre
donc l'ouverture de cette fameuse porte. Pas de café ou autres lieux
ouverts pour pouvoir prendre le petit déjeuner, rien de proposé à
la gare routière, bref un vrai dimanche ( eh oui c'est plus l'Asie !
) La fatigue et le froid nous pousse à sonner dés que notre montre
affiche 8h ….Sésame ouvres toi ..mais Sésame ne s'ouvre pas et il
nous faudra attendre encore une bonne vingtaine de minutes avant de
voir arriver une employée courant pour nous ouvrir. Une bonne et une
mauvaise nouvelle.. L'endroit est charmant et on nous offre le petit
déjeuner mais la chambre n'est pas libre et il nous faut encore
ATTENDRE !!! Affalés sur les canapés, sommeillant et
frissonnant sous le vent entrant dans cet espace ouvert......
Attendre... A 13 heures nous nous précipitons enfin sur notre
logement. Et maintenant repos..la Serena nous voilà mais pour
l'instant se glisser sous les couvertures, allonger les jambes et
fermer les yeux sont nos premières préoccupations.
Ville côtière plaisante et calme , La Serena a des atouts
indéniables avec ses nombreuses églises, ses anciens bâtiments
et ses plages réputées. Le phare en délimite le commencement. Nous
sommes en basse saison , le vent, la mer agitée et les températures
ne donne pas trop envie de se baigner.
L' émotion du spectacle de ces touristes chiliens se faisant
photographier sur le canon du phare grand sourire aux lèvres ,
heureux d'être là et prêts à affronter les éléments
climatiques, nous font prendre conscience du bonheur de l'instant
présent et de la chance que nous avons de voir et vivre ça. Cheveux
au vent, nous savourons la colère de l'océan pacifique et profitons
des rires des enfants s'amusant dans le sable et autour de ce phare
rouge et blanc ressemblant un peu à un château playmobil.
La plaza de armas avec sa cathédrale, l'édifice ancien servant
de mairie, son parc où trône en son centre la fontaine, nous offre
en plus un petit marché d' artisans et de producteurs locaux où nous
nous dégustons de bons jus de fruit et quelques sucreries pour
agrémenter d'une petite touche plaisir nos ballades dans la ville.
Chaque coin de rue peut réserver la surprise de découvrir une
église et de grandes allées centrales réservées aux piétons et
vélos permettent de flâner tranquillement du centre ville au bord
de mer. De beaux immeubles coloniaux se sont transformés en grands
magasins, restaurants ou banques et ses quelques rues piétonnes
facilitent le shooping en cette période de soldes.
Mais grain de sable dans l'enthousiasme du voyage, Nathalie a des soucis avec sa
carte visa électron et ne peut retirer de l'argent. Un essai
fructueux à Valparaiso après avoir, quand même, tester plusieurs
banques et là impossible d'obtenir quoique ce soit des
distributeurs...Ils restent muets malgré ses demandes multiples.
Nous faisons le tour des « cajero automatico », bredouilles. La situation énerve Nath qui maudit et jure vengeance
pour les fausses informations et promesses non tenues de la banque
postale. Entre change, payement par carte quand c'est possible, elle
arrive à disposer d'un peu de liquide mais cette situation
récurrente lui gâchera un peu le plaisir de se laisser aller à
l’achat de souvenirs et cadeaux. Heureusement elle ne voyage pas
seule et la situation reste gérable sans devenir une grave galère.
Les alentours de La Serena sont réputés pour la qualité de leur
ciel et de nombreux observatoires ont élu domicile sur les hauteurs
des environs. La vallée de l' Elqui, haut lieu de production de
pisco (eau de vie de raisin) combine montagnes , vert des cultures,
ruisseaux , rivières et petits villages. Nous décidons de louer
une voiture une journée pour l'explorer à notre rythme et envies
délaissant une fois de plus les tours opérateurs. De plus,
l'opération financièrement se révèle pas plus élevée.
La route est en bon état et le trafic ressemble plus à ce que
nous avons l'habitude de subir en France. Pas de scooters, pas de
vache, poules ou buffles traversant la chaussée mais un concert de
klaxons démontrant l'impatience face à la circulation intense des
villes aux heures de pointe. Arrêt au marché pour faire quelques
provisions pour le pique-nique et nous sortons aisément de la citée
en direction de Vicuna à 62 km à l'est. Bien vite nous prenons de
la hauteur , un paysage de montagnes pelées contrastant avec le
couvert végétal des abords de la rivière en contrebas et les
touches colorées et géométriques des cultures s'éparpillant sur
les flancs des collines ,nous annoncent le début de la vallée. Le
temps est au beau fixe et les couleurs s'épanouissent ou s'éteignent
au grès des cotonneux nuages, la roche semble répondre par ses
ocres, rosés et gris bleus aux sollicitations du soleil et
l'impression d'espace règne en maître.
Vicuna, ville paisible, est
aussi très charmante. Sa place principale permet de s'asseoir un
moment là, à profiter simplement de cette ambiance « joli
dimanche » et à observer les habitants qui vaquent à leur
occupation ou à leur flânerie. Souriant aux pas décisifs et
maladroits des jeunes enfants à la poursuite d'un pigeon indifférent
à ce jeu sous les yeux émerveillés des parents découvrant leur
petit ange appréhender ce monde, nous faisons quelques clichés
d'une vie simple et heureuse, ici où il semble faire bon vivre. La
bourgade profite du charme poétique laissé et écrit par l'enfant
de la vallée : Gabriela Mistral et l'office de tourisme de l'
Elqui en fait très bien la promotion. Au centre de la plaza de
armas, un portrait lui rend hommage tandis qu' un peu plus loin la
« torre Bauer » ( tour Bauer) est une vraie
curiosité. Abritant l'horloge, cette tour rouge en bois a été
construite par un ancien maire allemand , la faisant venir de son
pays natal. Semblant sortie d'un dessin d'enfant, elle abrite au rez
de chaussée l'office de tourisme. L'église proche affiche les mêmes
couleurs et dresse fièrement à l'intérieur de ses murs les
drapeaux chiliens. Derrière une petite cour permet d'admirer les
fleurs qui y prospèrent avec comme toile de fond les montagnes.
Bucolique et enchanteur.... Les habitants y sont agréables comme
cette vieille dame croisée dans la rue qui entame la conversation,
racontant des parcelles heureuses ou tristes de sa vie et voulant
connaître les nôtres. Elle conclue cette furtive rencontre en nous
offrons un brin de cuivre de la région et que je transporte dans mon
sac tel un porte bonheur. Un marché d'artisanat nous fait apprécier
les poteries, bijoux, tissus et les représentations symboliques des
croyances indigènes sous forme de tableaux gravés et peints .
Malgré nos sacs bien chargés nous cédons à la tentation de
redécorer notre intérieur.
Notre trajet continue dans ce décor contrasté à la recherche
d'un lieu de pique-nique, nous descendons quelques mètres retrouver
l'Elqui qui s'écoule paisiblement et arrose les cultures alentour.
Bientôt sous les saules, au bord de l'eau nous préparons notre
déjeuner, interrompus quelques fois par le passage d'ânes ou
chevaux ... Une bonne pause au vert avant de reprendre la route... Un
arrêt à Montegrande, lieu de naissance et de sépulture de la
fameuse poétesse, prix Nobel de littérature, où l'église rouge et
banche au clocher de bois mérite le coup d’œil.
S'ensuivent des vignes à l'infini et le village de Pisco d'Elqui
aux maisons basses et colorées et aux fameuses distilleries. Nous
poursuivons jusqu'au bout de la route, là où le ciment disparaît
et laisse la place aux cailloux, traversant de charmants petits
villages ruraux où les églises en bois sont au cœur de ces lieux
et y drainent toute la vie sociale . Les arrêts de bus en forme de
tonneaux et aux alexandrins de Gabriela Mistral inscrits comme
devise, marquent l'influence de l'artiste qui a su si bien parler de
ces terres.
Mais nous ne pouvions pas quitter cet endroit sans goûter au
célèbre Pisco Sour. Cocktail à base de pisco, citron vert, sucre
et blanc d’œuf, c'est dans une bonne distillerie de Pisco de
l'Elqui que nous plongeons pour la première fois nos lèvres dans ce
breuvage. Nous sommes enchantés, Nathalie y trouve un peu trop
d'amertume mais Denis et moi apprécions fortement cette nouvelle
boisson . Je pense que l'on en reparlera tout au long de notre
périple et celui du Pérou pays de sa naissance nous attend. Mais
avant d'y goûter une étape dans le désert d'Attacama est prévu.
Le 24 nous prenons le bus, en fin d'après midi, pour un trajet de
16 h à destination de San Pedro d'Atacama...mais ça c'est une autre
histoire
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