« A la recherche de la
frontière promise »
Ce matin direction le poste
frontière à 32 km de là...Nous croisons les doigts en espérant
pouvoir emmener notre Titine jusque dans les montagnes laotiennes et
poursuivre avec elle notre voyage en Asie du sud est. C'est avec un
ciel couvert que nous sortons de Dien Bien Phu et traversons
d'immenses champs de rizières où de nombreux habitants s'activent
aux différents travaux. Bientôt la route se remet à monter
sérieusement et la ville disparaît de notre horizon. Les montagnes
couvertes de jungle et les rizières sont maintenant nos seules
compagnes. la circulation est peu intense. Quelques camions grimpent
eux aussi vers le Laos mais rien à voir avec l'affluence des autres
frontières. Seulement deux ou trois voitures sont garées et
attendent devant le poste que les formalités d'usage soient réglées.
Nous entrons à notre tour avec notre plus grand sourire et l'espoir
en bandoulière...mais les policiers nous demandent immédiatement la
carte d'immatriculation de la, moto et nous font comprendre que
notre Titine n'est pas née dans la bonne ville et que nous pouvons
passer mais sans elle... Pas question d'abandonner ici notre fidèle
monture ! Quelle déception , quelle galère !!! Nous
rebroussons donc chemin et prenons le temps d'un milk shake pour
mettre nos idées en ordre et prendre les décisions qui s'imposent.
Une seule solution : descendre à la prochaine frontière située
à 550 km plus au sud....!! Son La sera donc notre prochaine étape à
145 km de là et il nous faut reprendre au plus tôt la route. Alors
cap sur le sud !
La grande route est en très bon
état mais Dien Bien Phu est entouré de montagnes et nous voici donc
à l'assaut d'autres cols. Titine souffre terriblement et la première
est de plus en plus nécessaire pour arriver à nous monter... mais
le panorama est magnifique. Les monts aux formes arrondies offre un
patchwork de couleur entre le vert des prémices des cultures et les
ocres de la terre. Mais la voie est fréquentée, les virages
rapprochés et les dénivelés importants. La circulation se ralenti
, un camion de transport de gazole s'est couché sur la chaussée
mais, heureusement, nous laisse juste la place de nous faufiler et de
continuer notre route. L'ascension d'une vingtaine de kilomètres se
termine enfin et dans la descente Titine peut souffler un peu. Nous
longeons ensuite le lit d'une rivière et les bambous font de nouveau
leur apparition dans le paysage. La saison des pluies s'est bien
installée et de nombreuses cascades déferlent des montagnes
environnantes . Malgré les virages toujours présents nous
accélérons l'allure mais le ciel est de plus en plus gris et semble
nous faire la course. La pluie nous rattrape et finalement nous
contraint à un arrêt . Le bon café fait du bien mais la colère du
ciel ne veut pas faiblir..Nous en commandons donc un autre en
espérant une accalmie mais rien à faire et c'est sous les gouttes
que nous reprenons la direction de Son La après avoir bien protégé
nos bagages. Le soleil se couche quand nous y arrivons, nos seules
préoccupations du moment se laver, manger et dormir. Pas de tourisme
nous sommes en phase déplacement et nos esprits sont déjà au Laos.
Demain matin destination Mai Chau à environ 150 km pour une autre
escale avant de rejoindre le poste de frontière.
Le temps est plus clément et le paysage est charmant mais nous enfilons les kilomètres avec comme seul objectif le Laos. Les hautes montagnes sont derrière nous et Titine montre de plus en plus de signes de faiblesse et de vieillesse. Pauses café et repas ponctuent notre trajet et nous arrivons à Mai Chau en fin d'après midi. Alors que nous cherchons une guesthouse nous sommes abordés par un jeune en scooter qui nous propose un hébergement chez l'habitant dans un petit village à une quinzaine de kilomètres de là. La région est réputée pour ce genre de logement très prisé par les touristes et nous décidons quand même de le suivre. Ban la est un charmant petit village au milieu des rizières, les habitants y sont sympathiques et se sont consacrés en plus de la culture du riz à l'accueil des touristes. Chaque maison est transformée en pension et magasin d'artisanat. Notre guide nous avait prévenu ce n'est pas ici que nous trouverons l'aventure...mais les maisons en bois sur pilotis sont agréables. Plancher en bambou, ventilateur, moustiquaire et un simple matelas posé par terre composent notre chambre. Nous dînons sur place et ne le regrettons pas : repas délicieux,copieux et pas cher fait par les femmes de la maison. Les environs valent le coup d’œil mais nous reprenons la route après une bonne nuit de repos pour Na Méo l'étape ultime avant le passage de frontière.
C'est une dure journée que nous
allons vivre et une des routes les plus difficiles de notre périple.
Au commencement le chemin est agréable, nous nous enfonçons dans la
campagne à travers les bambous et les rizières mais bien vite nids
de poules, trous et bout de piste entravent notre progression. Les
dénivelés entrent en jeu compliquant encore plus le trajet et
l'absence de signalétique nous joue des tours. Déjà que la route
n'était pas grande et pas en très bon état, nous empruntons sans
le vouloir, ni le savoir le « chemin des écoliers »....un
petit détour sur une route de crête d'où perchés nous pouvons
admirer les rizières et les villages perdus. Titine fatigue et se
passerait bien de ces kilomètres supplémentaires . Mais nous
ne sommes pas au bout de nos surprises..la dernière soixantaine de
kilomètres est un véritable calvaire...c'est une piste de moto
cross que nous affrontons. Pratiquement plus une trace de bitume
seulement terre, bosses et cailloux que nous traversons tous les deux
debout pour soulager les amortisseurs et permettre à Titine de
passer. Les genoux, bras et postérieurs nous font souffrir et la
fatigue s'accumule. La moto elle aussi n'en peut plus et malgré les
arrêts fréquents et les appoints d'huile un petit cliquetis de
mauvais augure se fait maintenant entendre. Nous sommes souvent
bloqués par des travaux où camions et pelleteuses travaillent sans
se soucier des véhicules qui s'accumulent derrière les barrières.
Il nous reste qu'une quinzaine de kilomètres à parcourir quand de
nouveau une file de camions et scooters s'agglutinent en attendant
l'ouverture de la route...finalement nous patientons plus d'une heure
avant de pouvoir poursuivre et atteindre Na Mèo. Enfin le bout du
monde est devant nous !! Quelques maisons et étals en bambous
bordent la seule rue de terre et la poussière soulevée par le vent
renforce ce sentiment d'abandon et de misère. Nous trouvons un hôtel
(selon le guide le meilleur logement de la bourgade) qui autrefois
devait être confortable et joli mais qui aujourd'hui délabré et
vétuste semble sorti d'un film lugubre et glauque. Peut importe les
matelas sont inconfortables mais la literie est à peu près propre
et surtout sans bestiole. Fatigués, poussiéreux et courbaturés
nous espérons maintenant pouvoir passer la frontière demain
matin..nous ne voulons à aucun prix refaire cette route en sens
inverse. Titine est aussi épuisée par tant d'épreuves. Le guide
nous avait promis l'aventure par cette route et pour le coup nous
sommes servis !! Demain direction le Laos et Sam Neua ... mais
ça c'est une autre histoire.
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