samedi 20 septembre 2014

26/06 – 30/06 : Vieng Thong - Nong Khiaw Laos

Titine nous inquiète. Sa santé est précaire et la région montagneuse où nous nous trouvons ne va pas arranger les choses. Nous envisageons donc de lui refaire une jeunesse à Luang Prabang. Mais avant, il nous faut encore affronter les 450 km qui nous séparent d'un garage capable d'un tel exploit. La solution semble parfaite : relier Nong Khiaw à 300 km de là puis descendre en bateau jusqu'à la fameuse Luang Prabang. Bien sûr, ce sera en 2 étapes que nous rejoindrons le touristique village au paysage kartistique et la petite ville de Vieng Thong, à mi chemin, sera idéale pour faire escale et faire souffler notre monture. Nous voici donc repartis dans les territoires montagneux du Laos.
Le début du voyage se passe bien et les collines verdoyantes encadrent les rizières éclairées par les rayons du soleil. Le peu de véhicules à deux ou quatre roues rajoute au plaisir de circuler dans ces terres si sauvages et si peu peuplées. Une cascade fait son apparition dans le paysage et une pause découverte s'impose. Nous prenons le temps de l'admirer et de monter le chemin qui mène à ses différents niveaux. Les pluies de ces derniers jours lui donnent de la beauté et le sommet semble toujours plus haut et inaccessible malgré les aménagements réalisés par les habitants du village voisin, conscients de leur trésor touristique. Quelques clichés pour immortaliser l'instant et nous reprenons notre route. Peu à peu les dénivelés se font de plus en plus présents et de plus en plus forts. La route de crête est magnifique et au milieu d'une végétation luxuriante nous gravissons montées sur montées. Plus nous nous enfonçons dans ce paysage d'éden perdu, plus nous nous sentons seuls au monde. Pas un village, pas un véhicule...juste le vert des bambous....du vert rien que du vert et la route qui ne cesse de monter. Titine souffre, s'essouffle, cliquette et surchauffe...mais notre première galère vient du câble d'embrayage qui cède soudainement. Nous ne sommes pas au Vietnam et aucun garagiste en vue. Denis répare en y faisant un nœud et nous reprenons notre route. Mais les dénivelés semblent nous défier et les pentes sont inimaginablement raides (entre 10% et 15%) et longues. Ici les lacets n'existent pas ! Nous nous arrêtons plusieurs fois pour laisser Titine se reposer, refroidir et lui remettre de l'huile qu'elle consomme de plus en plus. Même en première l'exercice devient difficile et nous commençons à douter de sa capacité à nous mener jusqu'à Vieng Thong. L’inquiétude nous gagne et le temps passe..notre vitesse de croisière étant devenue très faible. Nous comptons les kilomètres en espérant la descente et je me penche sur l'avant dans l'espoir inconscient et naïf d'aider Titine à avancer. A environ 25 km de notre destination et au beau milieu de la ZNP(zone nationale protégée) de Nam Et , Titine s'arrête dans un dernier souffle...Il est 17h, la route est déserte et depuis quelques heures nous n'avons pas croisé âmes qui vivent. La forêt nous entoure à perte de vue et « cerise sur le gâteau » les premières gouttes de pluie font leur apparition. Mais qu'allions nous faire dans cette galère !! Juste le temps d'enfiler les ponchos de pluie et de protéger nos bagages que les nuages menaçants sont emportés au loin. Nous évitons donc la douche et après 15 minutes de pause forcée, à notre grand soulagement, Titine redémarre . Mais le dénivelé est si important à cet endroit que c'est à pieds que je le monte soulageant ainsi notre vieille monture de mes 55 kilos. La chance est avec nous et le reste du trajet n'est plus que descente. Le panneau de Vieng Thong apparaît enfin et nous sommes heureux et surpris d'y être arrivés.. ! Petite ville de 4000 habitants entourée de rizières, la bourgade est la base idéale pour explorer la ZNP mais si perdue et éloignée de tout, nous ne croisons aucun touriste. Notre guesthouse est agréable et donne sur le vert étincelant des champs de riz. Nous sommes fatigués et perplexes . La suite du voyage est incertaine : Devons nous abandonner notre moto ici et reprendre le chemin en bus ? Titine sera t'elle capable d'affronter les prochains 150km ? Nous décidons de prendre une journée de repos et de nous laisser le temps de la réflexion.
Ballade bucolique à travers la campagne environnante et visite des sources thermales sont au programme du jour. Les bassins de baignade des sources chaudes sont vides en cette basse saison mais nous longeons le chemin qui mène à son origine à travers un joli jardin de fleurs et d'arbustes. La vapeur qui s'en dégage donne une ambiance particulière et l'odeur de souffre nous envahit petit à petit. Derrière, une forêt école nous laisse apprécier de grands arbres majestueux et un chemin frayé à travers la jungle de bambous nous permet de nous enfoncer dans le cœur de cette végétation tropicale. Le chant des insectes et le bruit de l'eau sont les seuls signes de vie. Jamais je n'avais vu des bambous aussi denses et hauts et ici au milieu de ces végétaux la chaleur est plus supportable.
La campagne est agréable mais il nous faut prendre des décisions. Notre tour des garagistes du coin est infructueux..il faut changer le moteur et ils ne peuvent rien pour nous. Le bus est rare et les horaires incertains dans ces contrées et notre coup d’œil sur google map pour apprécier les dénivelés du trajet finissent par nous convaincre de reprendre la route avec notre fidèle moto... Quitte ou double !!






















Ce matin là, nous partons tôt pour pouvoir s'arrêter régulièrement et éviter ainsi à Titine la surchauffe. Dés la sortie du village nous attaquons les montagnes et au bout d'une dizaine de kilomètres elle s'arrête en pleine montée. Là, nous pensons avoir jouer la mauvaise carte, Denis change la bougie, remet un peu d'huile et nous patientons... Le moteur repart et Titine semble avoir repris de l'énergie. Le paysage matinal est enchanteur avec la brume qui s'élève et s'incruste dans chaque recoin des montagnes nous donnant ainsi l'impression d'être au dessus des nuages. Les dénivelés sont certes conséquents mais heureusement moins puissants qu'à notre dernière étape et nous avançons doucement mais sûrement. Nous traversons de nouveau quelques villages perchés sur les crêtes avec ses maisons en bambou, bois et palme. Connaissant mieux le pays nous avons maintenant prévu de quoi nous restaurer, bananes et beignets achetés sur le marché avant le départ font notre bonheur. Le ciel est menaçant mais nous devançons toujours les gros nuages noirs. Titine est vraiment en très mauvais état et les arrêts sont nécessaires pour la faire redescendre en température. Nous approchons de notre destination finale quand de nouveau notre monture montre des difficultés à gravir cette dernière pente et finit par stopper. Ouvrant le réservoir d'huile pour en vérifier le niveau une fumée s'en échappe..Il ne reste plus maintenant qu'à patienter et à espérer. Au bord de la route, à la sortie du village, nous observons une jeune femme donnant le bain à son bébé dans une cuvette. La grande sœur veut ,elle aussi, en bénéficier et profitant de l'absence de sa mère et de la place libérée, elle essaye de rentrer toute habillée dans la bassine. Le jeu nous amuse... les villageois sont intrigués de cet équipage et nous saluent discrètement. La femme portant maintenant son enfant dans le dos et son mari viennent à notre rencontre. Ils comprennent que nous avons des ennuis mécaniques et avec des gestes et quelques mots de laotien ils nous expliquent qu'il ne reste que 3 kilomètres de montée avant la descente jusqu'à Nong Khiaw. Le jeune homme est admiratif de notre moto...et ils restent avec nous jusqu'au moment où de nouveau le moteur veut bien repartir. Nous finissons de gravir la montagne et en effet nous trouvons très vite la descente de 25 km qui nous mène à notre destination. Le paysage change et les collines verdoyantes sont remplacées par des falaises karstiques abruptes. Située sur les rives de la Nam Ou , Nong Khiaw est une bourgade de 3000 habitants. Le décor est magnifique et le pont reliant les 2 rives nous offre un superbe
panorama sur les à pics calcaires . Le village est très touristique et les bungalows ont fleuri tout le long de la rivière. Nous trouvons donc facilement une guesthouse et un bungalow dans un joli parc ayant vue sur la Nam Ou. La pluie finit par conclure cette journée bien remplie .
Les coqs se promenant autour de notre logement nous sortent des bras de Morphée, ils se répondent à tour de rôle et picorent joyeusement les bananes tombées au sol. Mais c'est sans compter sur Denis qui s'empresse de recueillir celles non abîmées que nous dégustons comme petit déjeuner, dessert et en-cas . Le ciel est toujours menaçant et nous flânons tranquillement, entre deux averses, dans les 2 seules rues de la petite ville. L'ambiance y est spéciale et tout semble tourné vers le tourisme. Malgré la basse saison nous croisons plus de touristes qu'à Sam Neua capitale de province et les restaurants sont chers et de piètre qualité . Vu le temps, les visites de grottes et de chutes d'eau sont à proscrire et nous profitons simplement d'admirer la rivière et ces géants de pierre qui nous rappellent ceux vus au Vietnam. Les longs bateaux bleus alignés le long des berges et toute la vie autour renforcent la superbe de la Nam Ou. Nous nous faisons une joie de naviguer au Laos dans ce pays si sauvage et aux fleuves si magiques. Cela fait partie des choses que nous voulions faire et dont nous rêvions depuis longtemps. Mais l'expérience ne se fera pas..la liaison fluviale entre Nong Khiaw et luang Prabang ne se fait plus depuis 6 mois, des barrages ayant été construits sur la rivière. La déception est grande et nous n'avons pas le choix, Titine doit encore nous transporter les 150 km restants... mais ça c'est une autre histoire.














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