lundi 25 août 2014

14/06 – 18/06 : Dien Bien Phu Vietnam

Déjà mi juin et il nous faut maintenant penser à rejoindre le Laos ...Ce matin nous prenons la direction de Dien Bien Phu en espérant y passer la frontière mais les informations données par nos amis suédois de Ha Giang ne sont pas très bonnes. Motorisés, ils se sont vu refoulés au poste frontalier en raison de l'immatriculation de leur moto mais nous persistons dans notre idée et espérons en notre bonne étoile. Par contre nous changeons notre itinéraire, la route principale menant à Lai Chau est impraticable, un éboulement de terrain la bloquant et l'autre voie d'accès n'étant qu'une piste boueuse nous abandonnons le chemin longeant la frontière chinoise et nous passerons par la route, plus intérieure, qui traverse le parc de Hoang Lien. Environ 250 km nous séparent de notre destination finale et une étape sera donc nécessaire.
Mais pour l'instant direction la plus haute route du pays avec l'ascension du col de Tran Tom à 1900 mètres d'altitude...Notre départ se fait dans la grisaille et la brume. Sur les 19 km de montées Titine s'essouffle et le brouillard, la pluie et les vents violents sont de plus en plus présents, nous privant ainsi de la vue spectaculaire promise. De nombreuses cascades déferlent des hauteurs dont celle de Thac Bac (cascade d'argent) mais la pluie nous fouette le visage et la visibilité est pratiquement nulle et nous abandonnons l'idée d'une visite. Le froid se fait sentir et Titine rugit sous les efforts, c'est donc avec regrets et soulagements que nous entamons la descente . Dés le col passé nous retrouvons soleil et route sèche, ce versant est bien plus accueillant et nous quittons pulls et ponchos de pluie.
Nous suivons ensuite une route de plaine avec ses champs de thé à perte de vue et ses petites mains récoltant minutieusement les précieuses feuilles. La géométrie des plantations confère une beauté particulière au paysage et les enfants nous saluent sur notre chemin. Notre trajet est aisé et nous arrivons avant midi dans la petite ville où nous voulions faire étape. Le temps d'un bon « com rang » (fried rice) accompagné d'un bouillon délicieusement parfumé et nous décidons de reprendre le voyage et d'avancer davantage vers Dien Bien Phu. Mais il nous faut trouver la fameuse route 279 traversant le parc Hoang Lien....notre carte n'est pas assez précise et nos repères sur google map s'avèrent insuffisants...et malgré des allers retours dans la ville et nos demandes fréquentes aux habitants nous ne dénichons pas l'embranchement. Résignés, nous poursuivons notre chemin mais à une dizaine de kilomètres de là, la 279 apparaît telle un miracle que nous n'espérions plus...La route semble difficile et son début n'est qu'une piste de terre où les engins de travaux du barrage ont marqués le sol d'ornières impressionnantes. Les dénivelés sont de retour et la boue est notre premier ennemi. Mais Denis et Titine s'en sortent bien en moto cross et après quelques kilomètres le goudron est de nouveau présent. Perdus au milieu de ces montagnes, seulement quelques maisons, chèvres et vaches témoignent d'une présence humaine. Éparpillées au bord de la route les habitations traditionnelles sur pilotis semblent accrochées aux falaises et n'affichent aucun confort moderne. Ici la vie est rude, coincés entre la route et les collines il n'y a pas de place pour les cultures. Au fil de notre progression le décor devient plus familier : villages, rivières et rizières nous accompagnent de nouveau. Soudain en cette fin d'après midi le spectacle nous coupe le souffle. Là, s'étale devant nous un lac artificiel niché entre les montagnes. Les couleurs de ces terres émmergées, de l'eau et de la végétation nous laissent sans voix. Le spectacle est magnifique et nos photos nous semblent bien pâles face à cette vision aux teintes un peu surréalistes. Mais nous n'oublions pas que cette création de l'homme engendre aussi de nombreux problèmes écologiques et sociaux avec destruction du milieu naturel et déplacement de populations. La beauté elle aussi peut avoir son côté sombre et rajoute un goût d'amertume à la fascination de ce paysage. Partagés entre « que c'est beau !» et «  mais qu'est ce qu'ils ont fait ! » nous reprenons notre route à la recherche d'une guesthouse pour passer la nuit qui approche. C'est dans la petite bourgade de Phieng Lam, entourée de montagnes, que nous nous arrêtons. La pension a du style vu de l'extérieur. Maison en bois aux multiples toits nous en sommes les seuls clients... mais la chambre est très défraîchie et offre un confort spartiate. Suffisant cependant pour nous « décrotter » et nous reposer avant la reprise de notre chemin.







Il nous reste 80 km à faire pour rejoindre Dien Bien Phu et après notre café matinal, le regonflage du pneu arrière et la vidange pour titine nous voici prêts à reprendre notre route.
C'est de nouveau par d'importants dénivelés que nous commençons la matinée. Peu à peu nous grimpons, nous permettant ainsi d'admirer la vue du plateau et son chapelet de montagnes qui l'entoure. Mais bien vite le goudron disparaît ne laissant qu'une piste bosselée et raide à la place. La conduite est ardue et quelques grandes flaques de boues avec ornières nous crépissent de terre de la tête aux pieds. Arrivés dans la bourgade la plus importante du coin une pause s'impose pour détendre bras, cuisses et postérieurs...A peine installé, un homme d'une soixantaine années s'invite à notre table pour faire connaissance. Ne parlant pas l'anglais, c'est par gestes et sourires que nous communiquons et qu'il nous explique les coutumes de l'ethnie présente ici. Les femmes portent de longues jupes droites et noires et celles mariées sont coiffées d'un haut chignon au sommet du crane. Et c'est avec amusement que nous les voyons passer en scooter le casque comiquement surélevé du fait de leur coiffure particulière. L'arrêt fait du bien et c'est avec plaisir que nous retrouvons l'asphalte et la grande route du sud menant à Dien Bien Phu. Nous serpentons entre les montagnes en suivant la rivière mais le temps est incertain et devint de plus en plus menaçant. A 15 km de notre destination nous nous arrêtons pour nous protéger de l'averse qui commence. Regardant les gouttes tombées, nous apercevons un panneau indiquant le lac Pa Khoang et la promesse d'une guesthouse au bord de l'eau. Le hasard fait bien les choses … et si nous trouvons une chambre en pleine nature pour finir notre escapade au Vietnam nous serions les plus heureux. Nous nous engageons donc sur cette petite route en pleine forêt qui fait le tour du lac. Jolie promenade d'une trentaine de kilomètres où nous trouvons enfin la pension indiquée à l'embranchement mais la chance n'est pas avec nous. Il faut se rendre à l'évidence : nous logerons ce soir à Dien Bien Phu, la guesthouse étant en cour de construction! Comme souvent au Vietnam, on met d'abord l'enseigne et on monte les murs ensuite. Dommage, le calme et le chant des oiseaux nous enchantaient déjà.
Dien Bien Phu est une ville sympathique et agréable. Située sur une plaine aride entourée de montagnes couvertes de jungle le principal attrait touristique de la citée reste les monuments et vestiges de la guerre. Les collines, nommées par les français par différents prénoms de femme, sont les témoins des durs combats d'il y a 60 ans. Au sommet de « Dominique » un monument commémore la victoire du Vietnam et la fin de la guerre d'Indochine. Nous y accédons par un escaliers de 400 marches environ et profitons ainsi du panorama sur la ville et ses alentours. En bas sur la place une gigantesque fresque taillée dans la pierre retrace les événements de ces batailles. Mais la chaleur et les averses sont intenses à Dien Bien Phu et nous n'explorerons pas plus loin la funeste histoire de la ville préférant déguster tranquillement un milk shake à la mangue à la terrasse des bars ou encore goûter aux succulents « com rang » de notre cantine préférée.
Le séjour est agréable mais il nous faut penser à passer la frontière à 34 km de là et nous mettons toutes les chances de notre côté en faisant faire une beauté à notre « titine ». Elle brille du clignotant au rétroviseur et après la boue des derniers jours ça ne lui fait pas de mal. La voici donc prête pour le grand jour, demain direction Tay Trang et à nous le Laos ….mais ça c'est une autre histoire.











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