mercredi 17 septembre 2014

21/06 – 26/06 : Sam Neua Laos

Ce matin c'est l'heure de vérité et nous allons enfin savoir si nous pouvons passer au Laos avec notre moto... Le poste frontière est encore plus petit qu'à Dien Bien Phu. Quelques vietnamiens et laotiens chargés de marchandises y passent à pieds . Pas de voiture de particulier et pas un touriste...à part nous bien sûr ! Et c'est sans difficulté et contre 20 dollars que nous obtenons le visa de passage pour notre Titine. C'est donc avec soulagement, le sourire aux lèvres et sans marchander que nous entrons au Laos.
Notre prochaine destination Sam Neua se trouve à environ 80 kilomètres de là...et les montagnes sont toujours présentes. Le paysage se différencie du Vietnam par ces monts recouverts littéralement de jungle dont d'immenses bouquets de bambous semblent engloutir arbres et toutes autres végétations. Chaque parcelle de plat est mise en valeur par la culture du riz et au milieu de ces rizières des petits abris de bambous permettent aux habitants de se reposer et de s'abriter du soleil. La route est en bonne état (meilleure que la dernière faite au Vietnam) et peu de véhicules circulent. Nous traversons de nombreux villages signalés par un panneau avec leur nom respectif au contraire de leurs voisins qui indiquent simplement l'entrée dans une bourgade sans jamais préciser laquelle( ce qui complique souvent les choses et nous obligeait à épier les devantures des magasins pour savoir où nous nous trouvions). Constitués seulement de quelques maisons sur pilotis les enfants y courent et s'amusent au bord de la route tandis que volailles et chiens traversent tranquillement la chaussée. Quelques point d'eau à ciel ouvert servent de salle de bain commune et grands et petits y font leur toilette. Ici pas de béton, au mieux les habitations sont en bois, ici pas de gargote pour se désaltérer ou se restaurer, pas de magasins, ici même l'électricité est absente et très peu de véhicules sont présents. Les villages semblent perdus dans ces montagnes de forêts et à part les rizières nous ne voyons aucune autre culture. Le pays est bien plus sauvage, plus pauvre et plus calme que le Vietnam que nous venons de quitter. Malgré le changement d'ambiance Titine a toujours autant de mal à gravir les pentes et l'air laotien ne lui a pas donner des ailes. Mais nous arrivons sans encombre à bon port.






Sam Neua est la capitale de province la moins visitée du Laos et la ville en elle même n'a pas beaucoup de charme. Entourée de rizières les maisons de béton sont cependant plus sympathiques  ( moins étroites et hautes) que celle du Vietnam et les larges avenues semblent désertiques. Malgré le peu de passages de touristes nous trouvons facilement un hôtel confortable mais où le personnel ne parle pas un mot d'anglais. Il nous est plus difficile de trouver un restaurant et après quelques tours en moto dans la bourgade nous optons pour le karaoké proche de notre logement qui distille depuis l'après midi les tubes à la mode...nous sommes le 21 juin et voulons nous aussi faire la fête de la musique. Déjà de nombreuses tables sont occupées et les caisses de bières vides s'accumulent à leurs pieds. Seuls étrangers notre arrivée fait sensation . Le menu est en laotien, l'écriture est jolie mais incompréhensible pour nous et les serveurs ne parlant pas l'anglais ne nous sont d'aucun recours. Muni de notre guide et avec l'aide de quelques clients nous parvenons à commander un « fried rice » et 2  « lao beer » la plus célèbre des bières du pays servie en bouteille de 560 ml avec des glaçons et pour le prix dérisoire de un euros. Bien vite les laotiens, curieux de faire connaissance et parlant quelques mots d'anglais viennent s’asseoir à notre table, ils nous offrent de nombreux verres et nous trinquons à la mode laotienne. L'ambiance est chaude , les gens parlent fort et chacun à tour de rôle prend le micro pour chanter. La soirée révèle de grands talents et aussi de vraies catastrophes mais pas d'applaudissement ni de moquerie le plaisir de chanter étant leur seul leitmotiv. Dés notre repas terminé nous sommes invités à d'autres tables et la bière coule à flot. Nos hôtes désirent nous voir chanter à notre tour mais heureusement le karaoké ne dispose d'aucune chanson en français et frustrés de ne pas nous entendre fredonner un air, ils nous demandent alors de danser un slow sur le tube romantique du moment . Pour eux, c'est l'exotisme au complet et voir un couple s'enlacer reste un phénomène un peu extraterrestre...les yeux s'écarquillent et nous sentons que nous faisons le spectacle quand ils scandent le rythme en frappant des mains. Ce sont des images qu'ils n'ont vu que dans les films occidentaux, les laotiens ne se touchent pas quand ils dansent et ces gestes d'affections ne sont autorisés que dans l'intimité. Mieux qu'une chansonnette nous leur offrons un petit bout d'un Paris imaginé et fantasmé. Le succès est donc garanti et les applaudissements concluent la « performance »...Surprenante fête de la musique ! Certes il y a de la musique et de l'alcool mais tous le monde reste sagement assis. Et c'est tout guilleret que nous rentrons à l'hôtel heureusement très proche. Pour cette première journée le Laos et les laotiens nous ont superbement et agréablement accueillis.
La saison des pluies en cette fin juin s'intensifie nous obligeant à repousser notre visite, à 30 km de là, aux grottes de Vieng Xai témoignage émouvant des heures sombres de l'histoire du pays. Nous prenons donc le temps de nous reposer mais aussi de flâner dans la ville avec visite de ses marchés et de ses 2 temples. La citée est agréablement paisible et c'est bien plaisant après ce tourbillon de vie et de bruit vécu au Vietnam. Mais Sam Neua reste surtout le lieu d'une superbe rencontre et la naissance d'une grande amitié. Dimanche matin, alors que nous prenons notre petit déjeuner une jeune femme française nous aborde. Notre Titine garée devant le restaurant l'intrigue, possédant la même elle désire connaître les propriétaires. Et c'est le début de grandes conversations accompagnées de bières « lao ». Sara travaille depuis 3 ans au Laos pour une ONG en tant qu'agronome et s'occupe de la gestion du bambou. Sympathique et formidable personnalité qui est rentrée l'année dernière de Sam Neua en France avec son vélo en bambou fait maison. Elle nous apprend beaucoup de choses sur le pays et nous passons de merveilleuses soirées en sa compagnie. Elle nous fait aussi découvrir le « hot pot » et la façon de le manger. Le restaurant est entièrement dédié à ce plat très apprécié des locaux. Les tables sont trouées à leur centre pour accueillir l'ustensile nécessaire à cette sorte de fondue barbecue. Dans un premier compartiment on met les braises, au dessus un réceptacle en forme de chapeau accueille un bouillon où légumes et pâtes de riz vont cuire tandis que le haut bombé permet de faire frire viandes et poissons. Une succulente sauce épicée à la cacahuète est là pour tremper à volonté tous les ingrédients cuits. Un vrai régal !! La soirée en compagnie de Sara et de ses collègues est une réussite et avant de nous quitter nous échangeons numéro de téléphone, adresse mail et nous nous promettons de nous revoir en Nouvelle Calédonie...Eh oui le hasard fait bien les choses. !! Sara part début août avec son nouveau vélo en bambou sur l'île. Nous sommes heureux de ce prochain rdv et si vous désirez découvrir les aventures de notre nouvelle amie, allez jeter un coup d’œil à son blog : bamboosara. Une belle âme à suivre et à encourager !!
Mais la ville nous réserve d'autre surprise. Au centre un grand bâtiment flambant neuf semble désertique et toujours fermé mais ce soir là tous les habitants s'y sont donnés rdv. L'agitation nous intrigue et le serveur du restaurant nous indique avec ses quelques mots d'anglais qu'il y a un meeting et que nous pouvons y aller sans problème. Aussitôt dit, aussitôt fait et nous comprenons vite que nous entrons dans une grande et superbe salle des fêtes où se donne un spectacle de danses et de chansons. Bien sûr, nous sommes les seuls étrangers et quelques enfants en oublient de regarder la scène et se tordent le cou pour mieux nous examiner. La sono est saturée mais la salle remplie est indisciplinée, parlant et se levant régulièrement de leurs sièges pendant que chanteurs et danseurs se produisent. Danses traditionnelles mais aussi racontant l'histoire du pays se succèdent avec à notre grand étonnement les hommes en habit militaire effectuant pas de danse et fredonnant des chansons d'amour. Denis fait des photos mais l'éclairage et la grandeur de la salle lui rendent le travail difficile et il finit par se rapatrier au premier rang et par faire des vidéos. Malgré l'apparente insouciance du public, les salves d'applaudissements fussent à la fin de chaque numéro, il est vrai que les divertissements sont rares dans la région.


















Le temps s'améliorant nous pouvons enfin envisager notre visite aux grottes de Vieng Xai. Le trajet se fait bien même si la santé de Titine nous inquiète de plus en plus. Le site est magnifique et les falaises karstiques sont de toute beauté . Accompagnés d'une guide et d'un audiophone qui nous relate l'histoire des habitants et du politbureau réfugiés dans ces grottes nous découvrons une page d'histoire inconnue de nos livres scolaires. Guerre secrète menée par les États – Unis cette région fût bombardée inlassablement pendant 7 ans et afin d'échapper à ce déluge les chefs politiques puis les habitants se réfugièrent dans les grottes. Les 450 cavernes abritèrent plus de 23 000 personnes et furent aménagées et organisées pour que les gens puissent y vivre à peu près « normalement ». Peu d'aménagements restent de cette époque mais le récit et les témoignages des rescapés sont émouvants et troublants. Bureaux, imprimerie, hôpital,caserne, artillerie et même salle de spectacle composent les principales grottes que nous visitons. Telle une cicatrice indélébile, les cratères des bombes sont toujours visibles malgré la luxuriance de la végétation. Les 3 heures d'explorations des différents sites nous laissent sans voix et la gorge nouée. Nous prenons conscience de ce qu'a enduré ce pays et les ravages que continuent à faire les millions de tonnes d'engins explosifs déversés sur le Laos (2 tonnes par habitant soit une bombe toutes les 10 minutes pendant 7 ans). Instructif et émouvant nous ne regrettons pas d'avoir patientés pour visiter ces grottes mais le temps presse et nous nous sommes suffisamment attardés à Sam Neua . Il nous faut maintenant rejoindre le village de Nong Kiaw. Une étape sera nécessaire et nous ferons halte à Vieng Thong... mais ça c'est une autre histoire.








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