Situé à 250 km au Nord Est de Phnom Penh, Kratie sera pour nous
une ville étape. Notre envie : découvrir le Mékong et la vie
qui s'articule autour. Nous envisageons de monter plus au nord à
Stung Treng ( Stoeng Treng sur google map) et de faire ensuite une
liaison fluviale jusqu'au village d'O'Svay. Le Mékong y est,
parait-il, de toute beauté.
Mais au vu de la longueur des trajets en bus Kratie sera une
parfaite première escale.
Ville de 42000 habitants, la cité est touristique. La plupart des
voyageurs viennent y admirer les dauphins d'irrawaddy et ses
magnifiques couchers de soleil.
Comme beaucoup d'autre, notre guesthouse donne sur le
fleuve...mais la chance ne nous sourit pas. Le ciel se couvre de
nuage nous empêchant d'admirer la plongée du soleil rougeoyant dans
l'eau. Quant aux dauphins du Mékong, nous les retrouverons plus au
nord, là où les touristes se raréfient pour pouvoir pleinement en
profiter sans se sentir piégés dans « l'attraction qu'il faut
faire ». C'est donc une ballade en scooter le long du fleuve
qui va occuper notre journée à Kratie.
Nous traversons les villages qui longent la petite route
goudronnée. C'est la vie rurale qui s'offre à nous avec ses maisons
sur pilotis. De simple pièce avec murs et toit de palme côtoie de
vraies maisons en bois à trois toits. Le dessous des habitations est
réservé au repos quand la chaleur ne permet plus la moindre
activité. Hamacs et animaux de basse cour en occupent l'espace. Les
habitants sont bien veillant et nous saluent. Chacun vaque à ses
occupations et comme dans tous les pays du monde, les enfants
s'amusent : là une fillette assise sur une boîte de
polystyrène se fait tirer par son frère à grand renfort de fou
rire, ici les garçons se sont fabriqués de drôles d'engins volants
avec des branchettes et feuilles de palmiers....
Mais le Mékong rivalise aussi de beauté. Loin d'être un long
fleuve tranquille, son cour est parsemé d'îles et îlots recouverts
de végétation. C'est un enchevêtrement de méandres au courant
inégal et nous ne pouvons en apercevoir l'autre rive.
Puis soudain, sur l'eau nous distinguons des toits de
palmes...peut être un village flottant ? L'arrêt s'impose.
Mais les constructions ne ressemblent pas à des habitations. Pas de
mur, seulement des plate-formes dotées d'un simple toit. Après
avoir empruntés la passerelle flottante qui y mène nous découvrons
que ce lieu est une aire de pique nique et de baignade. Des petits
stands vendent boissons fraîches et nourriture. Comme les
cambodgiens nous louons, pour un prix modique, notre emplacement avec
natte et hamacs. Nous passons donc quelques heures là à nous
reposer au son du Mékong qui rugit. Le courant est fort par endroit
et il faut se tenir aux constructions pour ne pas se laisser
emporter. Mais Denis et Lucas sont ravis de pouvoir s'y baigner...
17H30 il nous faut penser au retour...une vingtaine de kilomètres
nous séparent de Kratie et ici le soleil se couche tôt.
Demain nous prenons le bus pour Stung Treng à 140 km plus au
nord. Durée officielle du voyage 3heures mais finalement nous
mettrons plus de 4 heures et ce trajet restera le plus mémorable de
notre escapade au Cambodge.
Stung Treng capitale de la province du même nom sera notre point
de départ pour notre excursion fluviale. Ici très peu de touristes
s'y aventurent et les quelques voyageurs présents passent une nuit
en attente du passage de frontière avec le Laos. Ville reculée du
Cambodge, Stung Treng semble sortir de l'oubli avec la nouvelle route
qui la relie au reste du pays. Notre guide indique que celle ci est
en bon état.....mais vu la distance et le temps de trajet prévu
nous restons perplexes !!
Le voyage commence bien. Le bus qui arrive de Phom Penh se vide à
Kratie et c'est dans un véhicule à moitié plein que nous prenons
place. La climatisation fonctionne (à cette heure de la journée
nous en apprécions l'air frais) et la route goudronnée semble
correcte. Mais ça ne va pas durer !! Bien vite, nous circulons
sur un véritable terrain de cross de terre rouge ( nous rappelant
notre Rougier d'adoption). Bosses et trous nous font sauter dans tous
les sens sur nos sièges et la poussière soulevée par le passage de
notre véhicule s'introduit par la ventilation. C'est un véritable
nuage qui nous envahit, piquant les yeux et faisant tousser tous les
passagers. Masques et foulards sortent des sacs.. ! Le chauffeur
arrête la climatisation, ouvre la fenêtre du toit et de derrière
pour évacuer la poussière. Mais fumeur invétéré et inquiet de
l'état du véhicule ,il stoppe fréquemment pour « en griller
une » , profitant de la pause pour vérifier les pneus, les
dégonflant même pour mieux amortir les chocs. Sur 140 km qui nous
séparent de notre destination finale, seulement 40 bénéficient
d'une chaussée asphaltée. C'est ainsi que nous arrivons de nuit à
Stung Treng après plus de 4 heures de voyage mouvementé.Et
curieusement pas un Tuk Tuk à l'arrivée !! Fatigués et
courbaturés nous reprenons nos sacs, littéralement recouverts de
poussière, à la recherche de l' hôtel le plus proche.
Le lendemain : visite de la ville et préparation de la
remontée du Mékong en bateau. Le marché, épicentre de la citée,
nous révèle un Cambodge authentique. Grouillant et animé on y
trouve de tout dont de succulentes mangues à prix dérisoire et la
spécialité locale le krolan (riz gluant avec des haricots et lait
de coco cuit dans un tube de bambou).A l'occasion de notre recherche
d'une embarcation nous rencontrons Juliette, jeune et sympathique
française, qui fera le voyage avec nous.
Le matin suivant , sur une longue barque à moteur dotée d'un tau
et de coussins posés sur de simples planches nous partons pour une
croisière de 50 km jusqu'à la frontière laotienne.Seuls passagers
à bord avec notre « capitaine » qui, un sourire en
guise d'anglais et une prothèse à la place de la jambe gauche,
connaît parfaitement le fleuve. C'est en louvoyant entre bancs de
sable et végétations que nous découvrons les forêts immergées de
cette partie du Mékong. Le spectacle est magnifique ! Les
arbres sortent de l'eau comme par magie dévoilant les
enchevêtrements de leur racines (saison sèche oblige) tels une
chevelure peignée par le courant. Et de nombreux oiseaux profitent
aussi des bienfaits du fleuve. Le long de ces berges sauvages, nous
apercevons, ça et là, des petites cabanes de pêcheurs avec leurs
jardins potagers, leurs filets et leurs embarcations. Au bout de 4
heures à travers les méandres du Mékong nous arrivons à Preah
Rumkel site d'observation des dauphins. Moteur arrêté, nous
attendons leur apparition...C'est d'abord leur souffle qui nous
indique leur présence. 3 cétacés passent plusieurs fois non loin
de notre embarcation. Vision furtive mais certitude, il reste bien
des dauphins d'irrawaddy...
Ensuite notre bateau prend la direction de O'Svay où nous allons
passer la nuit chez l'habitant. Dés notre arrivée une jeune fille
nous indique une famille qui participe au projet d'écotourisme
visant à accueillir les rares touristes de passage. Nos hôtes ne
parlent pas l'anglais et c'est par des plaquettes questions réponses
traduites dans les deux langues que nous nous faisons comprendre.
Mais la communication est restreinte aux besoins essentiels....un peu
frustrant ! Une visite du village, un repas authentiquement
cambodgien et bien des sourires nous font passer un agréable moment.
Coucher à 21heure et lever à 5h30 par le chant du coq et la maison
qui s'active, c'est ainsi que se finit notre escapade sur le Mékong.
Retour à Stung Treng, brève étape à Phnom Penh avant de prendre
la route du sud et de ses plages.
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