Après la facile Thaïlande nous voici confrontés à
la complexité des transports au Cambodge. Le réseau routier même
sur les grands axes reste une épreuve. Les nationales se
transforment vite en piste de terre dû aux nombreux travaux ( ce qui
n’empêche pas la circulation).
Pas de chemin de fer au Cambodge, le réseau
ferroviaire laissé par les français est abandonné et seulement
quelques kilomètres servent encore au transport des marchandises. La
seule option possible: le bus.
Ici l’état s'est complètement désengagé de
cette tâche et ce ne sont que des compagnies privées qui s'en
occupent.Il n'y a pas vraiment de gare routière, les bureaux des
compagnies faisant office de gare avec vente des billets,
débarquement et embarquement des passagers.Mais les véhicules
semblent dotés d'un certain confort. Nous nous réjouissons de
savoir qu'ils sont climatisés. Par cette chaleur et la longueur des
trajets c'est un plus...mais c'est sans compter sur la vétusté des
installations! La ventilation distillée aux dessus de nos têtes est
normalement réglable. Nous pouvons l'orienter ou en baisser la force
mais la plupart du temps ça ne fonctionne pas et nous devons subir
un courant d'air froid. Le gilet est donc souvent nécessaire le
matin sous peine de se geler. De plus, nous apprenons vite qu'au
Cambodge un bus ou mini bus n'est jamais plein. On vous attribue bien
un numéro de siège quand vous partez du point de départ du trajet
mais si comme nous vous prenez le bus en route rien n'est moins sûr.
Quand le bus s'arrête a Krakor, les sièges sont
déjà tous occupés et l'allée centrale est pratiquement remplie de
passagers. Le chauffeur nous sort 3 petits tabourets en plastique que
nous alignons à notre tour pour prendre les derniers espaces de
libre. Une cambodgienne montant derrière nous se retrouve assise sur
le gros sac de riz qui encombre les quelques marches d'accès. C'est
ainsi que nous voyageons pendant 4 heures jusqu'à Phnom Penh. Assis
à 10 centimètres du sol, genoux repliés touchant le dos du
voyageur suivant. Là je suis heureuse de ne mesurer qu'1 m 63..!!! A
chaque fois qu'un passager désire descendre nous sommes obligés de
sortir pour le laisser passer. C'est amusant et pittoresque au début
mais bien vite notre dos n'est plus d'accord !!
Phnom Penh :
Notre première vision de la capitale ce sont ses
embouteillages. Ici le roi c'est le 4x4. Aucune place n'est laissé
aux piétons et se balader à pied dans la capitale nécessite
patience, attention et courage. Tout est fait pour les véhicules et
même ses larges trottoirs ne sont destinés qu'à servir de place de
parking. Après Krakor et sa misère, Phnom Penh nous offre une
vision d'une richesse exubérante et excentrique avec ces 4x4
surpuissants qu'aucune route du Cambodge ne permet d'utiliser à
pleine puissance. Ces monstres énergivores semblent n'être qu'un
signe extérieur de richesse et de réussite (ici l'essence est chère
aussi : 1,25 dollar).
Chaque restaurant, hôtel et magasin a son bout de
trottoir et son gardien qui s'applique à guider les conducteurs dans
leur créneau, à leur ouvrir les portes et à surveiller leur
engins. De nombreux scooters et Tuk Tuk sillonnent aussi les routes
de la capitale dans une zizanie inimaginable.
Ici il ne s'agit pas de savoir traverser mais tout
simplement de pouvoir se promener. Les trottoirs étant envahis par
les 4x4 et les scooters, il nous faut marcher sur la chaussée en
évitant la circulation intense. Les klaxons n'avertissent pas d'un
danger mais signalent simplement que l'on va passer. C'est aux
scooters d'éviter le 4x4, au vélo d'éviter le scooter et au piéton
d'éviter tout le monde..!! Les passages pour piétons ne sont que
décorum et seule la promenade le long des quais permet de marcher
tranquille. C'est là d'ailleurs que les habitants se promènent et y
font leur gymnastique.
Mais malgré tout, Phnom Penh est une belle ville
avec de nombreux temples, le palais royal et de bons restaurants. On
y trouve aussi fast food et supermarchés. Dans les rayons, les
produits français ont la vedette : confiture « bonne
maman », tartelette Lu et même le roquefort est vendu à la
coupe( 95 dollar le kilo)
Mais c'est par une plongée dans son passé tragique
que nous commençons notre visite de la ville. Simple lieu entouré
de barbelés, le lycée Tuol Svay Prey devenu prison de haute
sécurité pendant la période de Pol Pot ( 1975- 1979) est
aujourd'hui un musée et mémorial. Tristement connu sous le nom de
S21, ici hommes, femmes et enfants ont été torturés et assassinés.
Dés l'entrée l'ambiance est donnée : sur la
pelouse où autrefois les lycéens s'amusaient 14 tombes se dressent.
Les 14 dernières victimes de la barbarie des Khmers rouges torturés
à mort avant l'arrivée de l'armée vietnamienne. La banalité du
lieu renforce ce sentiment d'abomination. Les différents bâtiments
entourés de barbelés se visitent dans un silence pesant. Lits
rouillés, chaînes, instruments de tortures évoquent à eux seuls
les atrocités commises. Des salles entières sont tapissées de
photos en noir et blanc des victimes avant et après torture. Enfants
et vieillards n'échappant pas à l'horreur. Les Khmers rouges très
méticuleux, tenaient des registres précis de leur exaltions et
faisaient même peindre par des prisonniers les scènes de torture et
d’exécution. C'est ainsi que les 7 survivants de S21 ont eu la vie
sauve grâce à leur métier (peintre ou photographe). Les
témoignages ou « déposition » sont aussi très
nombreux. Quelques étrangers, français, britanniques, australiens
ont péri à S21. Mais au fur et à mesure de notre visite nous
comprenons la folie meurtrière du régime de Pol Pot. Engrenage
terrifiant les Khmers rouges ont fini par s’entre tuer. Les
geôliers d'avant devenant victimes. Confrontés à la face la plus
noire de l'humanité nous en oublions palmiers, plages et exotisme.
Pas de photos......seulement la mémoire qui s'égare dans d'autres
lieux, d'autres temps avec d'autres tyrans...
Pour nous remettre de nos émotions nous allons
contempler le Mékong et boire un mango lassi sur ses quais ( nous
avons retrouvé la même enseigne qu'à Siem Reap).
Les autres jours de notre halte dans la capitale
furent consacrés à la visite du musée national, du palais royal et
de la pagode d'argent.
Le musée nous a enchanté aussi bien par son
architecture que par ses très belles collections de sculptures d'art
Khmer . Quant au palais royal, les bâtiments situés dans un immense
et très beau parc sont magnifiques mais les restrictions pour les
visiter nous gâchent un peu le plaisir. La salle du trône n'est
visible que par l'ouverture de quelques fenêtres et portes et
d'autres bâtiments sont interdits à la visite.
Mais peu importe....on goûte à Phnom Penh comme on
goûte à Paris en déambulant dans ses rues, s’arrêtant pour
savourer ses plaisirs culinaires et voir simplement ses habitants y
vivre. Les bons restaurants ne manquent pas mais la cuisine,ici, ne
s'affiche pas dans la rue comme en Thaïlande.
Souvent étrange pour nous les cambodgiens mangent de
tout : tortue, œuf avec le poussin déjà formé, araignée,
blattes,vers, fourmis.... !!! Lucas en bon explorateur culinaire
a testé le bœuf au mimosas d'eau accompagné de fourmis. Un petit
goût sympa selon lui et une bonne photo pour dégoutter les
copines !!
Notre sympathique guesthouse nous offre un agréable
balcon où nous prenons la fraîcheur le soir tout en écoutant de la
variété cambodgienne distillé par le restaurant qui nous fait
face. Quelques soirées ,jeux de dés en mangeant des donuts et
autres sucreries complètent le tableau.
Le visa pour le Vietnam en poche nous décidons de
partir pour Kratie ville bordée par le Mékong pour y découvrir les
villages au bord de ce fleuve mythique.
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