Partir de Yanque pour aller à Puno est un peu compliqué et après
avoir étudier toutes les possibilités nous comprenons qu'il est
aussi facile et moins cher de retourner à Arequipa pour prendre un
bus qui nous mènera au bord du Lac Titicaca. Une bonne journée de
voyage en perspective et Valerio notre hôte, nous réserve un taxi
pour Chivay (pas de gare routière à Yanque) à moins d'une dizaine
de kilomètre de là puis un mini bus qui nous prendra en charge
jusqu'à Arequipa où nous pourrons monter dans un bus jusqu'à notre
destination finale.
Nous partons donc tôt ce matin... tous semble bien réglé...
mais c'est sans compter sur les surprises du voyage... Arrivés à
Chivay l'employée de l'agence de transport n'a réservé que 2
places et ne peut nous donner les 3 sièges souhaités, nous partons
donc une heure plus tard que prévu dans un autre véhicule et
n'arrivons qu'à 11 h à Arequipa. Sachant que nous n'avons pas
d'hébergement réservé et que le trajet va durer au moins 6 h , je
m'empresse de trouver un bus. On m'assure que le véhicule est
confortable avec climatisation, toilette et qu'il part dans 20 mm.
Nous achetons rapidement quelques provisions et quittons la ville
blanche pour Puno avec plus d'une demi de retard. Et là encore la
déception est au rendez vous, le confort promis doit dater de
quelques années et rien ne fonctionne. Le voyage est donc pénible
et je sens la fatigue et le mécontentement grandir. Denis bougonne,
pas d'air et pas de possibilité d'en faire, pas moyen de soulager sa
vessie comme on le veut..bref la précipitation est mauvaise
conseillère !!
Mais les paysages traversés sont une fois de plus grandioses. Les
hauts plateaux nous offrent une vue sur des montagnes pelées aux
couleurs irréelles tandis que quelques maisons en adobe entourées
de murets de pierres véritablement mises en équilibre rappellent
une présence humaine. Les alpagas et les vigognes broutent les
quelques touffes d'herbe qui poussent dans cette région
inhospitalière et de temps en temps de grandes étendues d'eau
brillent de leur bleu intense dans ce monde aride. La majesté du
décor donne là aussi toute sa beauté à ces terres parcourues.
Un homme un micro à la main est monté dans le bus et harangue
les passagers. Dessins et photos à l'appui il parle du cancer de la
prostate, de l'utérus et du sein. Mélange de vraies informations et
fausses idées, il interpelle les gens et les fait même rire...
aucun tabou, aucune retenue dans ce bus où des enfants sont
présents, il évoque aussi bien la mauvaise alimentation, le travail
…que le toucher rectal mais nous ne voyons pas où il veut en
venir. Finalement, tel un bon camelot il propose à l'assemblée
tisane de ginseng comme solution miracle à tous ces graves problèmes
de santé. Malgré les promotions qu'il concède au fur et à mesure
de sa démonstration les passagers semblent peu intéressés par sa
potion magique... mais il ne renonce nullement... nouveau exposé sur
les douleurs articulaires et rhumatisme avec lequel il remporte un
peu plus de succès vendant quelques sachets de pommade. Cet
intermède nous tient en haleine pendant plus d'une heure et fait
passer la fin du voyage plus rapidement. Cet épisode reste pour nous
étrange, un peu surréaliste et surtout exotique !!!
Enfin nous apercevons l'immensité de l'eau bleue du lac Titicaca
et la ville de Puno s'étalant sur les collines qui l'entourent.
C'est une circulation vive et désordonnée qui nous accueille avec
un flux impressionnant de moto taxi (tuk tuk), de nombreuses rues
sont en travaux tandis que les maisons de briques semblent non finies
et d'un confort bien précaire. Seule sa plaza de armas offre
d'anciens bâtiments dont sa cathédrale baroque et les rues
piétonnes environnantes avec ses magasins et restaurants en font le
quartier touristique. Malgré sa situation à 3850 mètres d'altitude
il faut encore grimper, les rives du lacs ne proposant que peu de
place plate pour y loger ses 120 000 habitants.
Même si Puno ne possède pas le prestige d'une Arequipa ce sont
ses résidents qui en font le charme. Sans conteste, les gens aiment
discuter, s’intéressent à vous de façon bienveillante et sont
prêts à rendre service.
Les premiers jours sont un peu difficiles, l'altitude se fait
sentir et descendre jusqu'au bord du lac est déjà un grand effort.
Les artisans se sont regroupés en coopérative et y vendent leurs
productions. C'est là que nous faisons nos achats de souvenirs et de
vêtements chauds délaissant volontairement les magasins chics du
centre ville. Ici ça tricote, ça brode, ça tisse et ça peint...il
est agréable de s'y promener, de voir se faire les articles et de
pouvoir parler de leur travail avec eux. Là une femme file sa laine
d'alpaga avec un simple fuseau, je m'agenouille pour regarder son
geste expert et la discussion s'engage facilement. Finalement nous
échangeons adresse mail et elle m'offre une paire de gants pour cet
instant précieux partagé. Plus loin un homme s'active sur son
métier à tisser, ici aussi nous pouvons profiter du spectacle de ce
bel ouvrage se déroulant sous nos yeux et en parler simplement.
Nathalie d'ailleurs succombe aux charmes de ses tissages et remplit
un peu plus son sac. Malgré les rudes conditions chacun semble
apprécier ce qu'il fait sans autre envie et avec un profond respect
et amour pour ces îles où majoritairement ils habitent et avec la
conscience du bonheur d' être dans un superbe endroit si loin des
grandes villes et de leurs problèmes. Belle leçon de vie !!
Nous passons aussi toute une après midi à chercher une paire de
chaussure pour Denis. Les siennes rendent l'âme et il est urgent de
les remplacer, l'offre est là certes mais le problème vient de sa
pointure...pas moyen de trouver du 44, après maintes et maintes
boutiques on lui propose enfin sa taille, une paire de basket stockée
sûrement depuis belle lurette mais dont les souris avaient mangé
tout l'intérieur. Nous abandonnons cette quête perdue quand soudain
enfin la paire tant attendue s'est présentée..pas tout à fait des
chaussure de marche mais ça fera bien l'affaire. Il faut dire qu'ici
au Pérou les gens sont petits et donc leur pieds aussi
apparemment !!
Autre région, autre costume et surtout autre chapeau...les femmes
portent de tout petit chapeau melon qui semble tenir par miracle sur
leur tête tandis qu'elles sont coiffées de deux longues tresses
qu'elles attachent entre elles avec de grands pompons, jupons
multicolores et carré de tissu attaché sur le dos permettant de
transporter les enfants comme les marchandises finissent la panoplie.
Nathalie enchantée par ce « sac à dos péruvien » en
achète un et fait l'admiration de tous quand elle se ballade avec
tout son nécessaire sur son dos comme les locaux. Les hommes eux
portent un chapeau de feutre aux large bord, Denis finit par en
trouver un au marché local pour remplacer celui vendu classiquement
aux touristes. La classe... un vrai péruvien... ou presque !!!
Il est aussi temps de parler de la nourriture ( eh oui nous sommes
pas des français pour rien et gourmands en plus !).. Au Chili
comme au Pérou, nous sommes surpris par la présence casi
systématique du riz à chaque repas mais surtout de l'utilisation à
outrance des féculents et de leur mélange. Frites + riz ou pâtes +
frites ou patates + riz sont les accompagnements les plus utilisés.
Les légumes sont pratiquement absents et les variantes se limitent
aux rajouts de lentilles ou flageolets. Les quantités sont
gargantuesques et très souvent trop salées...cela peux expliquer
l'embonpoint général de la population !!
Un menu se compose généralement d'une soupe (avec viande ou
poissons et féculent) puis d'un plat principal avec bien sûr ses
féculents et d'une boisson . Peu cher et copieux il est suffisant
pour passer la journée. Surpris aussi de retrouver le « fried
rice » de l'Asie appelé ici « chaufa » et inscrit
traditionnellement sur toutes les cartes...là aussi la portion est
gigantesque et j'arrive rarement à bout de mon assiette. Le poulet
est la viande la plus mangée, on trouve aussi du bœuf plus cher
mais surtout toujours bien bien cuit..un peu trop semelle pour nous.
Bref nous ne sommes pas aussi séduit par cette cuisine qu'en Asie
mais quelques spécialités nous égayerons les papilles tout au long
du voyage ainsi que le Pisco sour et le vin.
La vedette de ces lieux revient au lac Titicaca et à ses
îles...un vieux rêve que d'admirer ses eaux au bleu intense et de
naviguer dans ce labyrinthe de canaux façonnés à travers les
roseaux qui envahissent par endroit le lac....Un vieux rêve aussi
que de marcher sur ces îles flottantes ( Uros) fabriquées à partir
des tortoras (roseaux légers)..un vieux rêve tout simplement de
découvrir ce plus haut plan d'eau navigable et son ciel si clair.
Mais victime de son succès, l' offre touristique est grande et nous
hésitons à nous embarquer dans une excursion quelconque sachant
notre goût modéré pour ces attractions folkloriques arrangées. Le
temps nous manque pour nous poser quelques jours chez l'habitant dans
un petit village oublié du bord de lac et l'appel du Titicaca est
plus fort que tout. Nous prenons donc le bateau ce matin pour l' île
de Taquile avec un simple passage par les îles Uros que nous avons
volontairement exclu de notre programme en raison de sa forte
affluence touristique. Réduisant le « prévu » au simple
moyen de transport, nous pensons être autonome et pouvoir découvrir
ces merveilleux paysages comme nous le voulions. Les îles Uros sont
proches de Puno et nous sommes surpris de ne pas les voir sur notre
trajet, seul le bleu du lac et les immenses parcelles de roseaux
nous accompagnent en ce début de voyage. Finalement, nous apercevons
une de ces îles flottantes où déjà un bateau de touristes est
arrêté. Sur ce petit îlot vit une famille qui a décidé de vivre
du tourisme en faisant visiter leur lieu de vie et en vendant de
l'artisanat. Malgré le côté dysneyland de cette halte c'est quand
même une expérience inoubliable que de poser les pieds sur cette
île artificielle, ici tout est construit à partir de ces roseaux :
sol, maisons, objets, embarcations et ils servent même
d'alimentation. Le sol est souple et élastique mais ne donne pas
l'impression de fragilité. Denis et Nathalie profite des
explications d'un guide francophone accompagnant un petit groupe de
touristes pour tout comprendre du mode de vie de ces habitants tandis
que je prend quelques photos. Les traditions sont relativement
conservées, de nombreuses îles ne sont pas accessibles aux
étrangers, la population se préservant une certaine paix et ne
désirant pas profiter des devises et du raffut du monde extérieur.
L'autonomie fait partie à part entière de leur façon de vivre
depuis de nombreuses générations et ils tiennent à la conserver.
Et nous les comprenons !!
Nous reprenons notre chemin et les côtes de la petite île de
Taquile se profile au loin. Bout de terre de 7km² peuplé d'environ
2000 âmes, ce n'est que collines se détachant sur le bleu du lac
avec en arrière plan les sommets enneigés de la cordillère
bolivienne. Nous débarquons d'un côté de Taquile et nous
embarquerons pour le retour de l'autre. Sur l'île pas de nom de rue,
pas de panneaux et sous prétexte de ne pas se perdre chaque groupe
arrivant est accompagné d'un guide local. Nous sommes frustrés de
ne pouvoir nous balader à notre rythme et selon nos envies...surtout
que le chemin commence par une rude montée et que l'allure est trop
sportive pour nous. Nous ne sommes pas venus pour faire une randonnée
et abandonnons vite le groupe pour cheminer tranquillement. Les
collines sont couvertes de terrasses avec leur petit muret de pierre,
les sentiers pavés montent inexorablement jusqu'au centre du village
et de belles arches en pierre jalonnent le parcours.Nous admirons les
maisons en adobe aux fenêtres et portes peintes et suons sous le
soleil qui intensifie la couleur de l'eau en contrebas. Les habitants
vaquent à leurs occupations et nous impressionnent par les lourdes
charges transportées sur le dos par ces raides sentiers. Les hommes
sont habillés d'un pantalon et d'un gilet noir avec chemise blanche,
un long bonnet de laine rouge et blanc rappelle les couleurs de la
large ceinture brodée qu'ils portent avec élégance. Les femmes aux
jupons multicolores ont abandonné le chapeau melon pour un simple
voile noir les protégeant du soleil impitoyable de ces régions
d'altitude. L'île est de toute beauté et la vie y semble paisible
malgré les quelques groupes de touristes rencontrés. Et c'est par
un escalier vertigineux et impressionnant que nous rejoignons le
petit port pour le retour.
Le temps est au beau fixe et c'est sur le toit du bateau que nous
passons les 2h 30 de navigation profitant ainsi un maximum du charme
envoûtant du lac. Le trajet diffère un peu de l'aller et nous
empruntons d'étroits chenaux entre les roseaux passant cette fois ci
devant les îles Uros au moment où le soleil fait sa révérence. Un
véritable cadeau que ce paysage se couvrant de ces couleurs chaudes
du soir... !!
Voilà encore un vieux rêve réalisé et pas de regret...que du
bonheur ! Notre route se poursuit et le prochain rendez vous
fait aussi parti de ces lieux mythiques propices aux songes les plus
fous : Cuzco et la vallée sacrée avec le plus célèbre site
du Pérou le Machu Picchu......mais ça c'est une autre histoire.
mardi 30 décembre 2014
samedi 20 décembre 2014
06/10 – 09/10 : Yanque Pérou
Cabanaconde est le dernier village sur la route qui longe le
canyon et nous devons rebrousser chemin pour rejoindre Yanque. Le
trajet est encore plus impressionnant qu'à l'aller, me retrouvant du
côté du précipice, je me rends compte de l'étroitesse et de la
fragilité de la chaussée tandis que les passages d'eau qui
traversent la route imposent au bus de ralentir.
Yanque est un petit village de moins de 2000 habitants avec ses maisons en adobe, une seule rue asphaltée et une jolie place avec bien sûr sa grande église blanche. Nous trouvons un ravissant logement " casa bella flor" au milieu d'un jardin où une profusion de fleurs s'épanouit et nous rappelle un peu notre chez nous. Nos hôtes sont charmants, Hilde fait superbement bien la cuisine, Valerio travaille comme guide et parle très bien le français. Dés le premier soir, nous goûtons aux bons petits plats de la maison : soupe de quinoa, et steak d'alpaga. Un vrai régal comme les petits déjeuners, eux aussi, copieux et succulents. Une bonne adresse où nous nous sentons comme à la maison et où nous pourrions rester des mois.
Le village est une étape des circuits organisés et de nombreux bus y font escale avant de reprendre
leur route vers cruz del condor mais peu de voyageurs y logent et profitent du calme et de l'authenticité de cette petite bourgade. A l'occasion du passage des étrangers, tous les matins, un marché artisanal se tient sur la place principale tandis que jeunes filles et jeunes hommes dansent en habit traditionnel autour de la fontaine. Les habitants profitent comme ils peuvent des devises étrangères mais pour nous cela ressemble plus à l'attraction dysneyland et nous préférons savourer Yanque quand la horde des visiteurs est partie.
Perché à 3500 m d'altitude, il nous faut quand même s'adapter aux 200 m en plus mais ici le canyon est moins profond. Plus vert et moins vertigineux que Canabaconde le lieu est plus propice aux ballades aux alentours tandis que les sources d'eau chaude invitent à la détente et au réconfort après l'effort.
Les champs du plateau à l'herbe grasse et au sol humide sont délimités par des murets de pierre. Là l'eau s'écoule de partout, les moutons déambulent tranquillement et si ce n'est la présence de vieilles dames aux jupons colorés et aux chapeaux brodés ainsi que des monts enneigés en arrière plan, nous pourrions nous croire en Écosse. Le chemin devient plus abrupte et descend jusqu'au pont de pierre qui traverse le Colca. Plusieurs sites de bassins chauds sont présents le long de la rivière mais il est tard et nous n'avons pas emportés nos maillots pour faire trempette.
Le lendemain, Denis et moi décidons de passer de l'autre côté du Colca et d'aller voir les ruines que nous apercevons au loin. Nathalie, elle, préfère se reposer au village et en profiter pour visiter le musée. Le chemin se fait à travers champs pour rejoindre le pont suspendu qui nous offre une vue vertigineuse sur l'eau qui s'écoule en contrebas. Là, nous découvrons tout un système d'irrigation datant de la période préhispanique et dont les canaux entretenus servent encore aujourd'hui à amener l'eau aux cultures en terrasse qui s'étalent partout sur les flancs des montagnes. Les habitants travaillent leur terre et nous les croisons avec ânes, bœufs, moutons et chevaux tout le long du sentier. Ici pas de tracteur au mieux le travail du labour se fait avec les animaux. La ballade est agréable et le paysage magnifique avec ses couleurs de terre et le vert des cultures qui s'harmonisent à souhait. Nous saluons ces travailleurs et admirons leur endurance face à l'absence de technologie et la raideur des pentes. Le soleil est de la partie et renforce notre admiration quand de vieilles dames portant sur leur dos de gros ballots nous dépassent d'un pas lent mais régulier.
Les ruines d' Oyu Oyu se rapprochent mais nécessitent encore une belle grimpette..A notre rythme nous gravissons les marches et atteignons enfin le site. Quelques panneaux explicatifs permettent de comprendre l'histoire de ce village pré incas. Détruit plusieurs fois par des tremblements de terre ce sont les espagnols qui finissent par massacrer sa population et obligent les survivants à construire et à vivre dans le Yanque actuel ( plus facilement contrôlable). Quelques maisons ont été restaurées pour permettre de mieux imaginer le village. Avec ses rues pavées, son système d'irrigation et ses terrasses cultivables aux murets impressionnants et dotés d'escaliers intégrés Oyu Oyu est un exemple du talent de bâtisseur de ce peuple. Nous redescendons tranquillement, traversant de nouveau les champs où broutent bétail et lamas puis nous longeons la falaise et retraversons le Colca pour aller profiter des bains chauds de Chacapi.
Nous nous glissons avec délice dans ses différents bassins et laissons nos muscles se détendre et notre esprit s'évader dans une douce rêverie. Fatigués mais heureux de cette belle balade nous quittons le Colca pour rentrer à notre chambre où nous savons que Hilde nous a préparé un bon repas.
Notre séjour à Yanque se termine et nous quittons une fois de plus un village charmant aux habitants simples et attachants vivant en harmonie avec ce que leur offre pachamama ( mère terre). Une dernière photo souvenir de nos hôtes attentionnés et avec qui nous aurions aimé passer encore plus de temps. Maintenant nous voici prêts à affronter les 3850 mètres de Puno et de son fameux lac Titicaca... mais ça c'est une autre histoire.
Yanque est un petit village de moins de 2000 habitants avec ses maisons en adobe, une seule rue asphaltée et une jolie place avec bien sûr sa grande église blanche. Nous trouvons un ravissant logement " casa bella flor" au milieu d'un jardin où une profusion de fleurs s'épanouit et nous rappelle un peu notre chez nous. Nos hôtes sont charmants, Hilde fait superbement bien la cuisine, Valerio travaille comme guide et parle très bien le français. Dés le premier soir, nous goûtons aux bons petits plats de la maison : soupe de quinoa, et steak d'alpaga. Un vrai régal comme les petits déjeuners, eux aussi, copieux et succulents. Une bonne adresse où nous nous sentons comme à la maison et où nous pourrions rester des mois.
Le village est une étape des circuits organisés et de nombreux bus y font escale avant de reprendre
leur route vers cruz del condor mais peu de voyageurs y logent et profitent du calme et de l'authenticité de cette petite bourgade. A l'occasion du passage des étrangers, tous les matins, un marché artisanal se tient sur la place principale tandis que jeunes filles et jeunes hommes dansent en habit traditionnel autour de la fontaine. Les habitants profitent comme ils peuvent des devises étrangères mais pour nous cela ressemble plus à l'attraction dysneyland et nous préférons savourer Yanque quand la horde des visiteurs est partie.
Perché à 3500 m d'altitude, il nous faut quand même s'adapter aux 200 m en plus mais ici le canyon est moins profond. Plus vert et moins vertigineux que Canabaconde le lieu est plus propice aux ballades aux alentours tandis que les sources d'eau chaude invitent à la détente et au réconfort après l'effort.
Les champs du plateau à l'herbe grasse et au sol humide sont délimités par des murets de pierre. Là l'eau s'écoule de partout, les moutons déambulent tranquillement et si ce n'est la présence de vieilles dames aux jupons colorés et aux chapeaux brodés ainsi que des monts enneigés en arrière plan, nous pourrions nous croire en Écosse. Le chemin devient plus abrupte et descend jusqu'au pont de pierre qui traverse le Colca. Plusieurs sites de bassins chauds sont présents le long de la rivière mais il est tard et nous n'avons pas emportés nos maillots pour faire trempette.
Le lendemain, Denis et moi décidons de passer de l'autre côté du Colca et d'aller voir les ruines que nous apercevons au loin. Nathalie, elle, préfère se reposer au village et en profiter pour visiter le musée. Le chemin se fait à travers champs pour rejoindre le pont suspendu qui nous offre une vue vertigineuse sur l'eau qui s'écoule en contrebas. Là, nous découvrons tout un système d'irrigation datant de la période préhispanique et dont les canaux entretenus servent encore aujourd'hui à amener l'eau aux cultures en terrasse qui s'étalent partout sur les flancs des montagnes. Les habitants travaillent leur terre et nous les croisons avec ânes, bœufs, moutons et chevaux tout le long du sentier. Ici pas de tracteur au mieux le travail du labour se fait avec les animaux. La ballade est agréable et le paysage magnifique avec ses couleurs de terre et le vert des cultures qui s'harmonisent à souhait. Nous saluons ces travailleurs et admirons leur endurance face à l'absence de technologie et la raideur des pentes. Le soleil est de la partie et renforce notre admiration quand de vieilles dames portant sur leur dos de gros ballots nous dépassent d'un pas lent mais régulier.
Les ruines d' Oyu Oyu se rapprochent mais nécessitent encore une belle grimpette..A notre rythme nous gravissons les marches et atteignons enfin le site. Quelques panneaux explicatifs permettent de comprendre l'histoire de ce village pré incas. Détruit plusieurs fois par des tremblements de terre ce sont les espagnols qui finissent par massacrer sa population et obligent les survivants à construire et à vivre dans le Yanque actuel ( plus facilement contrôlable). Quelques maisons ont été restaurées pour permettre de mieux imaginer le village. Avec ses rues pavées, son système d'irrigation et ses terrasses cultivables aux murets impressionnants et dotés d'escaliers intégrés Oyu Oyu est un exemple du talent de bâtisseur de ce peuple. Nous redescendons tranquillement, traversant de nouveau les champs où broutent bétail et lamas puis nous longeons la falaise et retraversons le Colca pour aller profiter des bains chauds de Chacapi.
Nous nous glissons avec délice dans ses différents bassins et laissons nos muscles se détendre et notre esprit s'évader dans une douce rêverie. Fatigués mais heureux de cette belle balade nous quittons le Colca pour rentrer à notre chambre où nous savons que Hilde nous a préparé un bon repas.
Notre séjour à Yanque se termine et nous quittons une fois de plus un village charmant aux habitants simples et attachants vivant en harmonie avec ce que leur offre pachamama ( mère terre). Une dernière photo souvenir de nos hôtes attentionnés et avec qui nous aurions aimé passer encore plus de temps. Maintenant nous voici prêts à affronter les 3850 mètres de Puno et de son fameux lac Titicaca... mais ça c'est une autre histoire.
Inscription à :
Articles (Atom)