6 jours après notre chute en moto nos dermabrasions ne sont pas
complètement guéries et nous décidons donc de nous diriger vers
Phonsavan et la plaine des jarres. Nous regrettons de ne pouvoir nous
immerger dans la réserve des éléphants de Sainyabuli et nous ne
souhaitons pas visiter Vientiame, la capitale, qui d'après de
nombreux voyageurs n'a que peu d’intérêt. Direction donc vers
l'est pour ensuite descendre dans le Sud du pays.
Ce mardi matin nous sommes prêts à reprendre la route mais nos
passeports et nos prolongations de visas, eux, ne le sont pas. Il
nous faut donc attendre le début d'après midi avant d'affronter les
260 km qui nous séparent de notre destination finale. Une fois de
plus une étape sera nécessaire à mi chemin. Et c'est avec un temps
incertain et menaçant que nous attaquons les premiers dénivelés.
Nous retrouvons les montagnes couvertes de forêt avec de beaux
points de vues mais après le nord du Laos le paysage nous apparaît
moins impressionnant. Titine nous monte assez facilement... plusieurs
petits villages bordent notre route et nous faisons la course avec de
gros nuages noirs. Mais nous savons qu'en cette saison, il nous sera
difficile d'éviter la pluie.. Bien vite les premières gouttes nous
obligent à faire une pause. Nous trouvons refuge en haut d'une côte
sous un petit abri. Seule une petite épicerie station essence est
présente. Le propriétaire nous salue et quelques instants plus tard
sa fille nous apporte timidement un plateau avec deux verres et de
l'eau . L' enfant avec ses frères s'amusent et nous observent de
loin à travers le jour de la porte. L'averse se terminant nous
ramenons nos verres et en profitons pour faire quelques clichés de
cette sympathique famille si attentionnée. L'accueil des laotiens
vaut bien sa réputation, moins expansif qu'au Vietnam et bien plus
discret, les marques d'intérêts sont dénudés de perspectives
économiques mais simplement en accord avec leur façon de vivre
avec les autres et en harmonie avec leur philosophie de vie
bouddhiste. C'est en fin de journée que nous arrivons à Phu Khoum
notre étape pour la nuit. Petite ville perdue entre la route qui
mène à la capitale et celle de Phonsavan, le gris du ciel et le
brouillard qui commence à tomber rajoutent à cette impression
d'abandon et même de sordide et de misère. Un grand carrefour sert
de centre et les petites maisons de béton bordent les deux voies
principales. Et même si la bourgade propose plusieurs guesthouses
nous avons du mal à dénicher notre bonheur...prix élevé, confort
et propreté douteuse nous nous rabattons finalement sur la première
offre. Pas d'eau chaude , un grand réservoir avec un broc sert de
douche, pas de lavabo et en plus une odeur forte de renfermée mais la
literie est propre même si elle n'est pas très confortable et pour
une nuit cela suffira bien . Nous descendons nous restaurer, notre
pension faisant restaurant, nous nous attablons. Mais la mère
allongée dans un fauteuil et regardant la télé ne nous donne même
pas un regard tandis que le père finit dans un coin son repas. Nous
avons l'impression d'être des fantômes, l'attente se prolonge et
nous décidons aller voir ailleurs. De l'autre côté de la rue une
femme s'active autour de ses marmites et nous accueille à grand
renfort de sourires. Une soupe de nouilles de riz sera parfaite pour
ce soir et sa gentillesse nous réconcilie avec Phu Khoum.
Le lendemain matin, la bruine et la brume nous souhaitent le
bonjour . Après avoir chargé Titine et s'être habillés en
conséquence nous allons prendre notre petit déjeuner dans le
restaurant de la veille. Ici pas de breakfast à l'occidental et nous
dégustons une fois de plus une bonne soupe de nouille avant de
prendre la route. Nous quittons la nationale 13 pour prendre la 7 qui
doit nous mener à Phonsavan. Les 15 premiers kilomètres serpentent sur la crête et nous offrent une belle vue sur les montagnes. La
région ne semble habitée que de monts et de forêts cependant
quelques villages Hmong et Khamu bordent notre chemin, nous laissant
admirer leurs maisons de bois surélevées et leur métiers à tisser
installés sous leurs demeures. Plus nous avançons, plus le temps
s'améliore et nous arrivons sous le soleil au village de Ban Nong Tang en fin de matinée. La bourgade est magnifique, construite
autour d'un étang où des collines calcaires l'entourent nous
faisons halte pour la pause déjeuner. Un bon « com rang »
( fried rice) nous attend et l'accueil est sympathique. Mais posé
un peu plus loin une panière contenant un nid d'abeille (..ou de
guêpe) décortiqué nous intrigue... Renseignements pris nous
comprenons que les laotiens en récupèrent les larves pour les
cuisiner et les déguster..Bon appétit mais je préfère me
contenter de mon riz ! Nous abandonnons petit à petit les
hautes montagnes pour retrouver collines herbeuses et rizières.
Nous
arrivons tranquillement en début d'après midi à notre destination,
la ville semble s'étendre tout en longueur avec ses grands
boulevards parallèles et pour la première fois au Laos la
circulation est organisée autour de feux rouges. La ville est
importante mais nous rappelle tristement les séquelles et les
conséquences des bombardements intensifs du pays pendant la guerre
secrète des Etat Unis. Les restes des missiles et autres engins de
mort servent de jardinières, de pots de fleurs ou de décoration et
s'exposent fièrement dans les restaurants et les maisons. Tandis que
les voitures du MAG (mines advisory group) sillonnent encore les rues
et continuent à déminer les alentours. Cette association
britannique se charge de sécuriser des hectares de terrains
littéralement couverts de mines et de bombes non explosés et qui
font encore aujourd'hui de nombreux ravages. C'est grâce au MAG que
les sites archéologiques de la plaine des jarres sont ouverts en
toute sécurité au public. Mais il reste malheureusement encore
beaucoup de boulot pour effacer toutes traces de cette sale guerre et
en finir avec les morts et les les vies détruites par mutilation.
Mais la citée vit normalement et quelques bars au bord d'un petit
plan d'eau permettent de faire la fête. Pour notre première soirée
nous décidons d'y aller prendre un verre. De nombreux habitants
prennent leur dîner accompagné de bière Lao et à peine installés
un homme se joint à notre table pour discuter et trinquer. Il parle
un anglais approximatif et les bières lao qu'il a déjà ingurgité
faisant effet, le dialogue est difficile mais la bonne humeur règne.
.
Mais nous sommes venus ici pour visiter la fameuse plaine des
jarres et malgré les averses quotidiennes c'est sous le soleil que
nous partons découvrir le site principal et le plus proche de la ville. Sur
des centaines de kilomètres autour de Phonsavan de gigantesques
jarres en pierre sont éparpillées sur les collines. D'origine
inconnue et très anciennes 334 jarres et fragments se dressent sur
ce lieu vallonné. Leur utilité et la civilisation qui les ont crée
restent un mystère et laissent la place aux légendes de toutes
sortes. Correspondant selon les archéologues à l'age de fer du Sud
est asiatique et malgré les bombardements intensifs de la région
les plus grandes gardent toute leur beauté. Leur nombre et leur dimension
sont surprenants. Le site a été déminé et est délimité par des
bornes rouges et blanches qui servent de chemin de sécurité. De
nombreux cratères de bombes sont visibles malgré la végétation
qui tente à sa manière de cacher ces vilaines cicatrices. Et cet
après midi le ciel passant du noir au bleu intense, nous offre le
superbe spectacle d' un patchwork de vert, collines et champs aux
alentours changeant de couleur au grès du temps. Nous brûlons sous
les rayons ardents du soleil et quelques minutes plus tard nous nous
abritons sous les arbres pour échapper au déluge.Nous trouvons même
refuge dans la grotte transformée en temple pour échapper à la
dernière averse de la journée. Nous ne regrettons pas notre visite,
le lieu étant toujours aussi empreint de mystère...il existe 8
autres sites ouverts au public mais leur accès plus difficile en
cette saison des pluies nous font renoncer au déplacement. Et puis
nous voulons descendre dans le sud du pays et il nous faut reprendre
notre route. Demain donc direction Paksane....mais ça c'est une autre
histoire.
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