Ce matin, le ciel est bien couvert et avant de reprendre la route
vers le sud pour Paksan nous faisons une petite visite au
garage...Titine fait de nouveau un petit bruit inquiétant, il faut
revoir ses réglages. Aussitôt dit aussitôt fait, le garagiste
semble connaître son affaire et notre moto ronronne comme avant.
Nous voilà donc prêts à affronter les 200 km qui nous séparent de
notre destination finale. Il y a encore peu de temps la route était
impraticable en saison des pluies mais apparemment celle ci à été
complètement refaite et notre trajet semble ne plus prêter à l'
aventure.
Dés la première dizaine de kilomètres une bonne averse nous
oblige à faire une pause. Heureusement pour nous, des petits abris
en bambou servant à vendre légumes et fruits jonchent régulièrement
les routes du Laos et nous y trouvons refuge. Malgré la précarité
de l'installation nous sommes au sec et nous observons tranquillement
les habitants des alentours qui vaquent à leurs occupations et se
protègent de la pluie. Certains laissent, dans un flegme laotien,
les gouttes les tremper d'autres utilisent de simple sac plastique
sur la tête tandis qu'une famille revenant des champs se sert de
feuilles de bananiers comme parapluie. Le paysage en ce début de
trajet est plat et les rizières, aux couleurs toujours aussi
magnifiques, nous accompagnent. Mais bientôt c'est une route en
descente vertigineuse que nous empruntons. Virages et ravins sont au
programme et le décor vaut le coup d’œil...Le brun de la terre
contraste avec le vert de la végétation et les quelques maisons
éparpillées sur bord de la route impressionnent de par leur
position semblant comme suspendues à un petit bout de terre en
équilibre. Une pluie fine ne cesse de tomber et nous roulons
doucement pour éviter toute nouvelle glissade (le souvenir de notre
chute à Luang Prabang est encore bien frais!). Moi qui n'avais
jamais fait de moto avant, j'avais pris confiance après tous ces
kilomètres au Vietnam mais depuis notre accident j' appréhende un
peu quand Titine se penche dans les virages. Nous suivons ensuite une
belle route sans dénivelé et le soleil lui aussi est de retour. Les
kilomètres s'enchaînent aisément entre les montagnes kartisques et
leur végétation. Une pause pique nique et quelques arrêts
rafraîchissements ponctuent notre progression. Nous sommes heureux
d'avancer si facilement mais à peine le temps d'y penser que la
difficulté est devant nous. Il nous reste environ 80 kilomètres à
faire quand à un carrefour, nous devons quitter la belle route
goudronnée pour cette grande montée en terre que nous apercevons.
Bus et camions y passent doucement en brinquebalant et en soulevant
d'énormes nuages de poussière. La perspective d'un tel trajet nous
arrête et nous faisons une pause dans le bar le plus proche pour se
faire à l'idée. De toute façon nous n'avons pas le choix et pour
couronner le tout, la pluie se met de nouveau à tomber. Les mises en
garde de notre guide sur cette route nous reviennent à l' esprit et
nous souhaitons simplement que ce terrain de cross ne dure pas
jusqu'à Paksan. Sous un rideau de pluie de plus en plus fort nous
attaquons les montagnes russes avec des montées et descentes
abruptes et une chaussée déformée, parsemée de gros cailloux et
dont seulement quelques plaques d'asphalte subsistent. L'horreur
absolue !...Titine souffre et Denis est en alerte permanente
devant négocier chaque centimètre avec prudence pour éviter chute
ou casse. Trempée et couverte de boue mon impuissance se résume à
de grand « Oh la la !! » ponctuant ainsi chaque
passage difficile et la découverte du problème suivant. Entourés
de chaque côté d'une végétation dense laissant seulement la place
à cette ancienne route devenue piste il n'y a pas de présence
humaine, pas de village. Nous croisons seulement quelques camions ou
voitures et le chemin n'offre aucune option pour s'abriter de l'eau
que le ciel nous envoie inlassablement. Au bout de 25 km nous
arrivons sur un petit village, là le plat et le goudron semblent
reprendre leur droit. Même si nid de poule, trou et déformation
piègent la route, nous sommes arrivés au paradis et le soleil
confirme notre impression en faisant son apparition. Plus nous nous
approchons de Paksan, plus la chaussée est belle et aisée mais nos
bras, jambes et postérieurs nous font souffrir et une bonne pause
s'impose pour se remettre de cet enfer.. Heureux et fiers d'avoir passés cette épreuve nous n'avons que
le regret de n'avoir pas pris quelques photos mais les conditions
météorologiques et les efforts fournis nous ont fait oublier
d'immortaliser cet instant. Enfin nous arrivons à
Paksan grande ville proche de la frontière Thaïlandaise où la Nam
Sam se jette dans le Mékong. Peu de touristes passent par ici et la
tranquillité de la cité nous séduit pour passer 2 jours de repos.
Repas au bord du Mékong, visite des différents temples et farniente
composent nos journées. Les habitants sont accueillants et les
enfants nous interpellent joyeusement. Un soir nous essayons de
nouveau un « Hot pot » dans un de ces restaurants
spécialisés. Le personnel est à nos petits soins et nous préparent
nos assiettes de légumes et de viandes normalement mis à
disposition sous forme de buffet. La nourriture est à volonté et on
nous sert plus qu'il ne faut. Nos papilles se régalent et notre
ventre est bien tendu en fin de soirée.
Comme nous l'avions prévu la pluie est devenue une constante et
va sérieusement modifier nos plans de route. Nous voulions faire la
célèbre boucle de Vieng Khan à Tha Khaek et ainsi visiter,
grottes, cascades et les villages les plus reculés des région de
Khammuan et de Bolikhamsai. Mais renseignements pris une partie du
circuit n'est qu'une piste déjà difficile à passer en saison sèche
et l'entreprise nous semble un peu hasardeuse avec notre Titine et
son chargement. De l'aventure nous en avons déjà eu et se retrouver
bloqués dans la boue au milieu de nulle part ne nous enchante pas.
Nous partons donc au village de Ban Khoun Khan pour ensuite
visiter la fameuse grotte de Tham Kong Lo.... mais ça c'est une
autre histoire.
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