C'est un peu avec pitié que nous chargeons, une fois de plus,
notre Titine. La route promet d'être plus facile et sans trop de
dénivelés....Tant mieux ! Vu l'état de notre moto et ce que
nous lui avons fait endurer depuis plus d'un mois, un peu de plat
serait bien venu.
Ce matin, le temps est au beau fixe et comme prévu nous suivons la
Nam Ou. La route est facile et nous sortons des montagnes du nord
Laos. Les virages s'enchaînent mais aucune montée pour faire
souffrir le moteur. Le cliquetis persiste, notre vitesse est correcte
et Titine avance relativement bien.
La faim commence à se faire sentir...pas grand chose sur le
trajet mais nous nous arrêtons devant une maison qui semble proposer
de quoi se restaurer . Pas d'enseigne, seulement une table à
l'extérieur où une personne est attablée. Renseignement pris nous
pouvons bien manger ici, un seul plat proposé : la fameuse
soupe de nouilles de riz. Notre hôtesse nous amène nos grands bols,
les herbes et les différentes sauces à y rajouter. Mais au
contraire du Vietnam où souvent nous mettions en plus du piment, là
ce n'est pas nécessaire...le breuvage est déjà fortement épicé
et les locaux s'amusent à voir ma tête et les gouttes de sueur qui
me perlent au front aux premières gorgées bues.
Même Denis attrape un coup de chaud. Là, nous sommes sûr que ce
n'est pas de la cuisine pour touristes ! Les morceaux de viande
sont indéfinissable mais c'est bon. Un homme parlant un peu
l'anglais vient à notre rencontre et discute un moment avec nous.
Rassasiés et réchauffés (ça nous n'en avions pas besoin) nous
reprenons notre route et nous arrivons à notre destination en début
d'après midi.
Luang Prabang est une ville de 70000 habitants et est classée au
patrimoine mondiale de l'unesco. Le centre touristique est charmant
avec ses maisons coloniales rénovées, ses temples rouges et or à
chaque coin de rue et sa rivière Nam Khan qui vient se jeter dans le
Mékong. La citée nous enchante avec son ambiance non chalente et
malgré l'affluence touristique nous apprécions déambuler dans ses
rues et le long de ses différentes rives. Bien vite, nous prenons
nos habitudes et fréquentons régulièrement un restaurant ayant vue
sur le Mékong profitant ainsi de la vie fluviale qui y règne et des
beaux couchers de soleil. Les bacs, même de nuit, transportent
camions, voitures, scooters et passagers sur l'autre rive . Quelques
bateaux attendent les touristes désirant naviguer sur ce mythique
fleuve grossie par les pluies de la mousson. Tandis qu'un va et vient
incessant de barques remplissent l'air du bourdonnement de leur
moteur. Notre nouvelle cantine a un cadre agréable et propose de la
bonne cuisine thai et laotienne et pour un prix raisonnable. Nous
retrouvons avec plaisir le green curry mais nous découvrons aussi
des mets locaux comme les pousses de bambou, le riz gluant cuit à la
vapeur et servit dans des petits paniers avec couvercles en bambou
ainsi que « lap » salade de viande épicée,
rafraîchissant et délicieux...une fois de plus nos papilles ne sont
pas déçues !! Que Luang Prabang est jolie avec ces maisons en
bois, ses balcons aux balustrades finement décorées, ses boutiques
et sa multitude de temples. Ses habitants y sont d'un calme
bouddhique et ne nous harcèlent pas de sollicitations...Nous avons
l'impression de vivre constamment les premières heures de l'aube où
chants d'oiseaux se mêlent au bal des robes de safran des moines
déambulant dans les rues. Cependant la chaleur y est bien présente
et les averses régulières n'apportent que peu de fraîcheur.
Mais il nous faut nous préoccuper de notre valeureuse Titine et
Denis s'occupe de lui trouver un bon garagiste. Il revient perplexe
de sa matinée...de longues heures d'attente sans réponse....
-«reviens demain matin, on verra » et oui ça aussi
c'est le Laos, patience, patience... les choses se font mais en leur
temps ! Nous voici donc pour la première fois depuis longtemps
sans véhicule et nous partons à pieds à la découverte de la
ville.
Nous gravissons les escaliers de la colline Phu Si, au centre de
la vieille citée, parsemée de temples et de diverses statues de
Bouddha et dont le sommet accueille un stupa doré de 24 m. Elle
offre en plus un magnifique panorama sur Luang Prabang. Ici pas
d'immeuble et beaucoup de verdure : palmiers, frangipaniers et
autres arbres entourent maisons et quartiers. Au loin les montagnes
semblent protéger la ville de tous les dangers. Comme à notre
habitude nous achetons encens et bougies et faisons nos offrandes
tout le long de notre promenade. La ville regorge de choses à faire,
à voir et à apprécier dont le petit déjeuner qui ici rime avec
gourmandise, luxe et volupté ayant trouvé pain au chocolat et
croissant dignes des meilleures boulangeries françaises... ça fait du
bien après 5 mois de voyage. Un petit goût de chez nous avec
palmiers et temples en toile de fond.
Le lendemain nous rendons donc visite à notre garagiste et nous
retrouvons Titine complètement désossée. Le changement complet du
moteur n'est pas possible (manque de pièces) et un bricolage à
l'asiatique va donc être nécessaire. La segmentation et la chaîne
de distribution seront neuves mais les culbuteurs et l'arbre à cames seront remodelés et refaits sur place. Nous n'avons pas le choix et
de toute façon le travail est déjà commencé. Le soir même nous
récupérons notre cher véhicule avec batterie neuve et une nouvelle
jeunesse ( en tous cas nous l'espérons!) pour 160 euros mais les
réglages se faisant à l'oreille et à la vue Denis doit y retourner
plusieurs fois pour être à peu près satisfait.
Enfin de nouveau libres de nos mouvements, nous pouvons explorer
les alentours et aller admirer les fameuses chutes de Tat Kuang Si.
Situées à 30 km de Luang Prabang, dans un gigantesque parc aux
arbres majestueux elles ont vraiment de la superbe et font parties
des sites à voir.
Notre ballade commence par les enclos des ours. Confisqués aux
braconniers, ils vivent là et l'association qui s'en occupe vend
souvenirs en tous genres pour subvenir à leur nourriture. Et ils
n'ont pas l'air d'être malheureux. Jouissant d' un grand espace
naturel, ils vaquent à leurs occupations sous l’œil attendri des
touristes. L'animal n'est pas très grand par rapport à ses
congénères mais à bien l'allure d'un nounours que l'on aimerait
prendre dans ses bras. Puis nos pas nous amènent aux premiers
bassins de la chute. Entourés d'une végétation luxuriante et
étagés leurs eaux turquoises tranchent sur le vert de leurs rives et
invitent à la baignade. Le site est magnifique et bien aménagé
pour pouvoir en profiter . Malgré un ciel incertain nous nous
laissons aller au plaisir du plongeon, rafraîchissant et idyllique.
Denis en profite même pour se faire faire un massage des pieds par
les tout petits poissons, amateurs de peau morte. Remontant les
différents bassins successifs au milieu des fleurs tropicales nous
arrivons à la cascade principale. Mur de roche d'une centaine de
mètres de hauteur, l'eau y fait le grand saut. Un pont de bois
permet d'admirer le spectacle et de faire encore quelques clichés.
Après un bon après midi dans ce petit paradis nous reprenons la
route vers Luang Prabang. Dans un virage une odeur de gas-oil nous
interpelle mais trop tard Titine glisse, Denis arrive à maîtriser
une première fois mais à la sortie de la courbe la chute est
inévitable..et nous voici par terre !! Denis se relève de
suite et nous entendons une voix crier en français « mais il en faut combien qui tombe pour
faire quelque chose !!! » Deux jeunes françaises soignent
leurs blessures de l'autre côté de la route. Elles aussi viennent
juste de chuter en scooter et un laotien, comprenant le danger, va
aussitôt mettre des branchages sur la flaque d'essence incriminée
évitant ainsi d'autres accidents. Le bilan est léger, pas de casse
seulement de la peau laissée sur le bitume. Denis a des
dermabrasions importantes au niveau de l'avant bras , du genou , de
la face externe du mollet ainsi que sur tous les doigts de pieds avec
perte d'un quart de son ongle du gros orteil. Je m'en tire un peu
mieux avec seulement un gros hématome au genou et des dermabrasions
au pied. Quant à Titine elle n'a qu'un clignotant de cassé...Après
les chutes voici la chute ! Les habitants se pressent pour nous
porter secours nous proposant de l'eau et de la bétadine ainsi que
de nous emmener à l'hôpital. Le temps de nous remettre de nos
émotions et nous finissons les 5 km restants jusqu'à notre hôtel
croisant d'ailleurs un équipage laotien tombé, lui aussi, un peu
plus loin sur une autre plaque de gas-oil . La douleur est accentuée
par le contact du vent sur nos lésions et nous sommes heureux
d'arriver à destination. Mon genou m' handicape vraiment et j'y
applique de la glace pendant que mon chevalier servant cherche une
pharmacie pour compléter les quelques pansements et tulles gras
emportés de France. Lavage, désinfection et bandages finissent
cette journée. Heureusement cet accident ne met pas fin à notre
voyage mais nous fait changer nos plans. Dans un premier temps nous
allons prendre un peu plus de repos que prévu à Luang Prabang et
nous renonçons à notre séjour dans la réserve des éléphants où
la combinaison marche et jungle n'est pas recommandée en pareille
circonstance. Dommage !
Les visites des jours suivants sont limitées par notre capacité à
nous déplacer et la chaleur n'arrange rien. Nous déambulons
tranquillement dans un périmètre restreint, profitant du marché de
nuit où artisanats et souvenirs s'étalent sur les bâches en pleine
rue pour faire quelques achats. Nous faisons aussi prolonger notre
visa de 7 jours et attendons patiemment la cicatrisation de nos
plaies. Adieu donc les grottes et autres chutes situées à quelques
kilomètres de là et bonjour à la flânerie et au repos. Le soir,
nous encourageons les habitants jouant à la pétanque...ici c'est un
loisir très prisé, chaque ville ou village possède plusieurs
boulodromes et le niveau des joueurs est impressionnant. Tous les
matins, les moines sillonnent les rues de la ville en attente des
offrandes des habitants. Ils recueillent ainsi nourriture et divers
produits. Cette cérémonie est très codifiée et fais la réputation
de Luang Prabang où les temples sont très nombreux. Denis courageux
décide de se lever tôt pour y assister mais pas de chance... à son
arrivée les moines rentrent paisiblement à leur monastère. Trop
tard !
5 jours après notre vol plané sur le bitume du Laos nous sommes
prêts à reprendre la route. Les pansements sont toujours
nécessaires mais nous pouvons désormais assumer plusieurs heures de
moto. Notre prochaine destination : Phonsavan et le célèbre
site archéologique de la plaine des jarres...mais ça c'est une
autre histoire.
mardi 30 septembre 2014
samedi 20 septembre 2014
26/06 – 30/06 : Vieng Thong - Nong Khiaw Laos
Titine nous inquiète. Sa santé est précaire et la région
montagneuse où nous nous trouvons ne va pas arranger les choses.
Nous envisageons donc de lui refaire une jeunesse à Luang Prabang.
Mais avant, il nous faut encore affronter les 450 km qui nous
séparent d'un garage capable d'un tel exploit. La solution semble
parfaite : relier Nong Khiaw à 300 km de là puis descendre en
bateau jusqu'à la fameuse Luang Prabang. Bien sûr, ce sera en 2
étapes que nous rejoindrons le touristique village au paysage
kartistique et la petite ville de Vieng Thong, à mi chemin, sera
idéale pour faire escale et faire souffler notre monture. Nous voici
donc repartis dans les territoires montagneux du Laos.
Le début du voyage se passe bien et les collines verdoyantes encadrent les rizières éclairées par les rayons du soleil. Le peu de véhicules à deux ou quatre roues rajoute au plaisir de circuler dans ces terres si sauvages et si peu peuplées. Une cascade fait son apparition dans le paysage et une pause découverte s'impose. Nous prenons le temps de l'admirer et de monter le chemin qui mène à ses différents niveaux. Les pluies de ces derniers jours lui donnent de la beauté et le sommet semble toujours plus haut et inaccessible malgré les aménagements réalisés par les habitants du village voisin, conscients de leur trésor touristique. Quelques clichés pour immortaliser l'instant et nous reprenons notre route. Peu à peu les dénivelés se font de plus en plus présents et de plus en plus forts. La route de crête est magnifique et au milieu d'une végétation luxuriante nous gravissons montées sur montées. Plus nous nous enfonçons dans ce paysage d'éden perdu, plus nous nous sentons seuls au monde. Pas un village, pas un véhicule...juste le vert des bambous....du vert rien que du vert et la route qui ne cesse de monter. Titine souffre, s'essouffle, cliquette et surchauffe...mais notre première galère vient du câble d'embrayage qui cède soudainement. Nous ne sommes pas au Vietnam et aucun garagiste en vue. Denis répare en y faisant un nœud et nous reprenons notre route. Mais les dénivelés semblent nous défier et les pentes sont inimaginablement raides (entre 10% et 15%) et longues. Ici les lacets n'existent pas ! Nous nous arrêtons plusieurs fois pour laisser Titine se reposer, refroidir et lui remettre de l'huile qu'elle consomme de plus en plus. Même en première l'exercice devient difficile et nous commençons à douter de sa capacité à nous mener jusqu'à Vieng Thong. L’inquiétude nous gagne et le temps passe..notre vitesse de croisière étant devenue très faible. Nous comptons les kilomètres en espérant la descente et je me penche sur l'avant dans l'espoir inconscient et naïf d'aider Titine à avancer. A environ 25 km de notre destination et au beau milieu de la ZNP(zone nationale protégée) de Nam Et , Titine s'arrête dans un dernier souffle...Il est 17h, la route est déserte et depuis quelques heures nous n'avons pas croisé âmes qui vivent. La forêt nous entoure à perte de vue et « cerise sur le gâteau » les premières gouttes de pluie font leur apparition. Mais qu'allions nous faire dans cette galère !! Juste le temps d'enfiler les ponchos de pluie et de protéger nos bagages que les nuages menaçants sont emportés au loin. Nous évitons donc la douche et après 15 minutes de pause forcée, à notre grand soulagement, Titine redémarre . Mais le dénivelé est si important à cet endroit que c'est à pieds que je le monte soulageant ainsi notre vieille monture de mes 55 kilos. La chance est avec nous et le reste du trajet n'est plus que descente. Le panneau de Vieng Thong apparaît enfin et nous sommes heureux et surpris d'y être arrivés.. ! Petite ville de 4000 habitants entourée de rizières, la bourgade est la base idéale pour explorer la ZNP mais si perdue et éloignée de tout, nous ne croisons aucun touriste. Notre guesthouse est agréable et donne sur le vert étincelant des champs de riz. Nous sommes fatigués et perplexes . La suite du voyage est incertaine : Devons nous abandonner notre moto ici et reprendre le chemin en bus ? Titine sera t'elle capable d'affronter les prochains 150km ? Nous décidons de prendre une journée de repos et de nous laisser le temps de la réflexion.
Ballade bucolique à travers la campagne environnante et visite des sources thermales sont au programme du jour. Les bassins de baignade des sources chaudes sont vides en cette basse saison mais nous longeons le chemin qui mène à son origine à travers un joli jardin de fleurs et d'arbustes. La vapeur qui s'en dégage donne une ambiance particulière et l'odeur de souffre nous envahit petit à petit. Derrière, une forêt école nous laisse apprécier de grands arbres majestueux et un chemin frayé à travers la jungle de bambous nous permet de nous enfoncer dans le cœur de cette végétation tropicale. Le chant des insectes et le bruit de l'eau sont les seuls signes de vie. Jamais je n'avais vu des bambous aussi denses et hauts et ici au milieu de ces végétaux la chaleur est plus supportable.
La campagne est agréable mais il nous faut prendre des décisions. Notre tour des garagistes du coin est infructueux..il faut changer le moteur et ils ne peuvent rien pour nous. Le bus est rare et les horaires incertains dans ces contrées et notre coup d’œil sur google map pour apprécier les dénivelés du trajet finissent par nous convaincre de reprendre la route avec notre fidèle moto... Quitte ou double !!
Ce matin là, nous partons tôt pour pouvoir s'arrêter régulièrement et éviter ainsi à Titine la surchauffe. Dés la sortie du village nous attaquons les montagnes et au bout d'une dizaine de kilomètres elle s'arrête en pleine montée. Là, nous pensons avoir jouer la mauvaise carte, Denis change la bougie, remet un peu d'huile et nous patientons... Le moteur repart et Titine semble avoir repris de l'énergie. Le paysage matinal est enchanteur avec la brume qui s'élève et s'incruste dans chaque recoin des montagnes nous donnant ainsi l'impression d'être au dessus des nuages. Les dénivelés sont certes conséquents mais heureusement moins puissants qu'à notre dernière étape et nous avançons doucement mais sûrement. Nous traversons de nouveau quelques villages perchés sur les crêtes avec ses maisons en bambou, bois et palme. Connaissant mieux le pays nous avons maintenant prévu de quoi nous restaurer, bananes et beignets achetés sur le marché avant le départ font notre bonheur. Le ciel est menaçant mais nous devançons toujours les gros nuages noirs. Titine est vraiment en très mauvais état et les arrêts sont nécessaires pour la faire redescendre en température. Nous approchons de notre destination finale quand de nouveau notre monture montre des difficultés à gravir cette dernière pente et finit par stopper. Ouvrant le réservoir d'huile pour en vérifier le niveau une fumée s'en échappe..Il ne reste plus maintenant qu'à patienter et à espérer. Au bord de la route, à la sortie du village, nous observons une jeune femme donnant le bain à son bébé dans une cuvette. La grande sœur veut ,elle aussi, en bénéficier et profitant de l'absence de sa mère et de la place libérée, elle essaye de rentrer toute habillée dans la bassine. Le jeu nous amuse... les villageois sont intrigués de cet équipage et nous saluent discrètement. La femme portant maintenant son enfant dans le dos et son mari viennent à notre rencontre. Ils comprennent que nous avons des ennuis mécaniques et avec des gestes et quelques mots de laotien ils nous expliquent qu'il ne reste que 3 kilomètres de montée avant la descente jusqu'à Nong Khiaw. Le jeune homme est admiratif de notre moto...et ils restent avec nous jusqu'au moment où de nouveau le moteur veut bien repartir. Nous finissons de gravir la montagne et en effet nous trouvons très vite la descente de 25 km qui nous mène à notre destination. Le paysage change et les collines verdoyantes sont remplacées par des falaises karstiques abruptes. Située sur les rives de la Nam Ou , Nong Khiaw est une bourgade de 3000 habitants. Le décor est magnifique et le pont reliant les 2 rives nous offre un superbe
panorama sur les à pics calcaires . Le village est très touristique et les bungalows ont fleuri tout le long de la rivière. Nous trouvons donc facilement une guesthouse et un bungalow dans un joli parc ayant vue sur la Nam Ou. La pluie finit par conclure cette journée bien remplie .
Les coqs se promenant autour de notre logement nous sortent des bras de Morphée, ils se répondent à tour de rôle et picorent joyeusement les bananes tombées au sol. Mais c'est sans compter sur Denis qui s'empresse de recueillir celles non abîmées que nous dégustons comme petit déjeuner, dessert et en-cas . Le ciel est toujours menaçant et nous flânons tranquillement, entre deux averses, dans les 2 seules rues de la petite ville. L'ambiance y est spéciale et tout semble tourné vers le tourisme. Malgré la basse saison nous croisons plus de touristes qu'à Sam Neua capitale de province et les restaurants sont chers et de piètre qualité . Vu le temps, les visites de grottes et de chutes d'eau sont à proscrire et nous profitons simplement d'admirer la rivière et ces géants de pierre qui nous rappellent ceux vus au Vietnam. Les longs bateaux bleus alignés le long des berges et toute la vie autour renforcent la superbe de la Nam Ou. Nous nous faisons une joie de naviguer au Laos dans ce pays si sauvage et aux fleuves si magiques. Cela fait partie des choses que nous voulions faire et dont nous rêvions depuis longtemps. Mais l'expérience ne se fera pas..la liaison fluviale entre Nong Khiaw et luang Prabang ne se fait plus depuis 6 mois, des barrages ayant été construits sur la rivière. La déception est grande et nous n'avons pas le choix, Titine doit encore nous transporter les 150 km restants... mais ça c'est une autre histoire.
Le début du voyage se passe bien et les collines verdoyantes encadrent les rizières éclairées par les rayons du soleil. Le peu de véhicules à deux ou quatre roues rajoute au plaisir de circuler dans ces terres si sauvages et si peu peuplées. Une cascade fait son apparition dans le paysage et une pause découverte s'impose. Nous prenons le temps de l'admirer et de monter le chemin qui mène à ses différents niveaux. Les pluies de ces derniers jours lui donnent de la beauté et le sommet semble toujours plus haut et inaccessible malgré les aménagements réalisés par les habitants du village voisin, conscients de leur trésor touristique. Quelques clichés pour immortaliser l'instant et nous reprenons notre route. Peu à peu les dénivelés se font de plus en plus présents et de plus en plus forts. La route de crête est magnifique et au milieu d'une végétation luxuriante nous gravissons montées sur montées. Plus nous nous enfonçons dans ce paysage d'éden perdu, plus nous nous sentons seuls au monde. Pas un village, pas un véhicule...juste le vert des bambous....du vert rien que du vert et la route qui ne cesse de monter. Titine souffre, s'essouffle, cliquette et surchauffe...mais notre première galère vient du câble d'embrayage qui cède soudainement. Nous ne sommes pas au Vietnam et aucun garagiste en vue. Denis répare en y faisant un nœud et nous reprenons notre route. Mais les dénivelés semblent nous défier et les pentes sont inimaginablement raides (entre 10% et 15%) et longues. Ici les lacets n'existent pas ! Nous nous arrêtons plusieurs fois pour laisser Titine se reposer, refroidir et lui remettre de l'huile qu'elle consomme de plus en plus. Même en première l'exercice devient difficile et nous commençons à douter de sa capacité à nous mener jusqu'à Vieng Thong. L’inquiétude nous gagne et le temps passe..notre vitesse de croisière étant devenue très faible. Nous comptons les kilomètres en espérant la descente et je me penche sur l'avant dans l'espoir inconscient et naïf d'aider Titine à avancer. A environ 25 km de notre destination et au beau milieu de la ZNP(zone nationale protégée) de Nam Et , Titine s'arrête dans un dernier souffle...Il est 17h, la route est déserte et depuis quelques heures nous n'avons pas croisé âmes qui vivent. La forêt nous entoure à perte de vue et « cerise sur le gâteau » les premières gouttes de pluie font leur apparition. Mais qu'allions nous faire dans cette galère !! Juste le temps d'enfiler les ponchos de pluie et de protéger nos bagages que les nuages menaçants sont emportés au loin. Nous évitons donc la douche et après 15 minutes de pause forcée, à notre grand soulagement, Titine redémarre . Mais le dénivelé est si important à cet endroit que c'est à pieds que je le monte soulageant ainsi notre vieille monture de mes 55 kilos. La chance est avec nous et le reste du trajet n'est plus que descente. Le panneau de Vieng Thong apparaît enfin et nous sommes heureux et surpris d'y être arrivés.. ! Petite ville de 4000 habitants entourée de rizières, la bourgade est la base idéale pour explorer la ZNP mais si perdue et éloignée de tout, nous ne croisons aucun touriste. Notre guesthouse est agréable et donne sur le vert étincelant des champs de riz. Nous sommes fatigués et perplexes . La suite du voyage est incertaine : Devons nous abandonner notre moto ici et reprendre le chemin en bus ? Titine sera t'elle capable d'affronter les prochains 150km ? Nous décidons de prendre une journée de repos et de nous laisser le temps de la réflexion.
Ballade bucolique à travers la campagne environnante et visite des sources thermales sont au programme du jour. Les bassins de baignade des sources chaudes sont vides en cette basse saison mais nous longeons le chemin qui mène à son origine à travers un joli jardin de fleurs et d'arbustes. La vapeur qui s'en dégage donne une ambiance particulière et l'odeur de souffre nous envahit petit à petit. Derrière, une forêt école nous laisse apprécier de grands arbres majestueux et un chemin frayé à travers la jungle de bambous nous permet de nous enfoncer dans le cœur de cette végétation tropicale. Le chant des insectes et le bruit de l'eau sont les seuls signes de vie. Jamais je n'avais vu des bambous aussi denses et hauts et ici au milieu de ces végétaux la chaleur est plus supportable.
La campagne est agréable mais il nous faut prendre des décisions. Notre tour des garagistes du coin est infructueux..il faut changer le moteur et ils ne peuvent rien pour nous. Le bus est rare et les horaires incertains dans ces contrées et notre coup d’œil sur google map pour apprécier les dénivelés du trajet finissent par nous convaincre de reprendre la route avec notre fidèle moto... Quitte ou double !!
Ce matin là, nous partons tôt pour pouvoir s'arrêter régulièrement et éviter ainsi à Titine la surchauffe. Dés la sortie du village nous attaquons les montagnes et au bout d'une dizaine de kilomètres elle s'arrête en pleine montée. Là, nous pensons avoir jouer la mauvaise carte, Denis change la bougie, remet un peu d'huile et nous patientons... Le moteur repart et Titine semble avoir repris de l'énergie. Le paysage matinal est enchanteur avec la brume qui s'élève et s'incruste dans chaque recoin des montagnes nous donnant ainsi l'impression d'être au dessus des nuages. Les dénivelés sont certes conséquents mais heureusement moins puissants qu'à notre dernière étape et nous avançons doucement mais sûrement. Nous traversons de nouveau quelques villages perchés sur les crêtes avec ses maisons en bambou, bois et palme. Connaissant mieux le pays nous avons maintenant prévu de quoi nous restaurer, bananes et beignets achetés sur le marché avant le départ font notre bonheur. Le ciel est menaçant mais nous devançons toujours les gros nuages noirs. Titine est vraiment en très mauvais état et les arrêts sont nécessaires pour la faire redescendre en température. Nous approchons de notre destination finale quand de nouveau notre monture montre des difficultés à gravir cette dernière pente et finit par stopper. Ouvrant le réservoir d'huile pour en vérifier le niveau une fumée s'en échappe..Il ne reste plus maintenant qu'à patienter et à espérer. Au bord de la route, à la sortie du village, nous observons une jeune femme donnant le bain à son bébé dans une cuvette. La grande sœur veut ,elle aussi, en bénéficier et profitant de l'absence de sa mère et de la place libérée, elle essaye de rentrer toute habillée dans la bassine. Le jeu nous amuse... les villageois sont intrigués de cet équipage et nous saluent discrètement. La femme portant maintenant son enfant dans le dos et son mari viennent à notre rencontre. Ils comprennent que nous avons des ennuis mécaniques et avec des gestes et quelques mots de laotien ils nous expliquent qu'il ne reste que 3 kilomètres de montée avant la descente jusqu'à Nong Khiaw. Le jeune homme est admiratif de notre moto...et ils restent avec nous jusqu'au moment où de nouveau le moteur veut bien repartir. Nous finissons de gravir la montagne et en effet nous trouvons très vite la descente de 25 km qui nous mène à notre destination. Le paysage change et les collines verdoyantes sont remplacées par des falaises karstiques abruptes. Située sur les rives de la Nam Ou , Nong Khiaw est une bourgade de 3000 habitants. Le décor est magnifique et le pont reliant les 2 rives nous offre un superbe
panorama sur les à pics calcaires . Le village est très touristique et les bungalows ont fleuri tout le long de la rivière. Nous trouvons donc facilement une guesthouse et un bungalow dans un joli parc ayant vue sur la Nam Ou. La pluie finit par conclure cette journée bien remplie .
Les coqs se promenant autour de notre logement nous sortent des bras de Morphée, ils se répondent à tour de rôle et picorent joyeusement les bananes tombées au sol. Mais c'est sans compter sur Denis qui s'empresse de recueillir celles non abîmées que nous dégustons comme petit déjeuner, dessert et en-cas . Le ciel est toujours menaçant et nous flânons tranquillement, entre deux averses, dans les 2 seules rues de la petite ville. L'ambiance y est spéciale et tout semble tourné vers le tourisme. Malgré la basse saison nous croisons plus de touristes qu'à Sam Neua capitale de province et les restaurants sont chers et de piètre qualité . Vu le temps, les visites de grottes et de chutes d'eau sont à proscrire et nous profitons simplement d'admirer la rivière et ces géants de pierre qui nous rappellent ceux vus au Vietnam. Les longs bateaux bleus alignés le long des berges et toute la vie autour renforcent la superbe de la Nam Ou. Nous nous faisons une joie de naviguer au Laos dans ce pays si sauvage et aux fleuves si magiques. Cela fait partie des choses que nous voulions faire et dont nous rêvions depuis longtemps. Mais l'expérience ne se fera pas..la liaison fluviale entre Nong Khiaw et luang Prabang ne se fait plus depuis 6 mois, des barrages ayant été construits sur la rivière. La déception est grande et nous n'avons pas le choix, Titine doit encore nous transporter les 150 km restants... mais ça c'est une autre histoire.
mercredi 17 septembre 2014
21/06 – 26/06 : Sam Neua Laos
Ce matin c'est l'heure de vérité et nous allons enfin savoir si
nous pouvons passer au Laos avec notre moto... Le poste frontière
est encore plus petit qu'à Dien Bien Phu. Quelques vietnamiens et
laotiens chargés de marchandises y passent à pieds . Pas de voiture
de particulier et pas un touriste...à part nous bien sûr ! Et
c'est sans difficulté et contre 20 dollars que nous obtenons le visa
de passage pour notre Titine. C'est donc avec soulagement, le sourire
aux lèvres et sans marchander que nous entrons au Laos.
Notre prochaine destination Sam Neua se trouve à environ 80 kilomètres de là...et les montagnes sont toujours présentes. Le paysage se différencie du Vietnam par ces monts recouverts littéralement de jungle dont d'immenses bouquets de bambous semblent engloutir arbres et toutes autres végétations. Chaque parcelle de plat est mise en valeur par la culture du riz et au milieu de ces rizières des petits abris de bambous permettent aux habitants de se reposer et de s'abriter du soleil. La route est en bonne état (meilleure que la dernière faite au Vietnam) et peu de véhicules circulent. Nous traversons de nombreux villages signalés par un panneau avec leur nom respectif au contraire de leurs voisins qui indiquent simplement l'entrée dans une bourgade sans jamais préciser laquelle( ce qui complique souvent les choses et nous obligeait à épier les devantures des magasins pour savoir où nous nous trouvions). Constitués seulement de quelques maisons sur pilotis les enfants y courent et s'amusent au bord de la route tandis que volailles et chiens traversent tranquillement la chaussée. Quelques point d'eau à ciel ouvert servent de salle de bain commune et grands et petits y font leur toilette. Ici pas de béton, au mieux les habitations sont en bois, ici pas de gargote pour se désaltérer ou se restaurer, pas de magasins, ici même l'électricité est absente et très peu de véhicules sont présents. Les villages semblent perdus dans ces montagnes de forêts et à part les rizières nous ne voyons aucune autre culture. Le pays est bien plus sauvage, plus pauvre et plus calme que le Vietnam que nous venons de quitter. Malgré le changement d'ambiance Titine a toujours autant de mal à gravir les pentes et l'air laotien ne lui a pas donner des ailes. Mais nous arrivons sans encombre à bon port.
Sam Neua est la capitale de province la moins visitée du Laos et la ville en elle même n'a pas beaucoup de charme. Entourée de rizières les maisons de béton sont cependant plus sympathiques ( moins étroites et hautes) que celle du Vietnam et les larges avenues semblent désertiques. Malgré le peu de passages de touristes nous trouvons facilement un hôtel confortable mais où le personnel ne parle pas un mot d'anglais. Il nous est plus difficile de trouver un restaurant et après quelques tours en moto dans la bourgade nous optons pour le karaoké proche de notre logement qui distille depuis l'après midi les tubes à la mode...nous sommes le 21 juin et voulons nous aussi faire la fête de la musique. Déjà de nombreuses tables sont occupées et les caisses de bières vides s'accumulent à leurs pieds. Seuls étrangers notre arrivée fait sensation . Le menu est en laotien, l'écriture est jolie mais incompréhensible pour nous et les serveurs ne parlant pas l'anglais ne nous sont d'aucun recours. Muni de notre guide et avec l'aide de quelques clients nous parvenons à commander un « fried rice » et 2 « lao beer » la plus célèbre des bières du pays servie en bouteille de 560 ml avec des glaçons et pour le prix dérisoire de un euros. Bien vite les laotiens, curieux de faire connaissance et parlant quelques mots d'anglais viennent s’asseoir à notre table, ils nous offrent de nombreux verres et nous trinquons à la mode laotienne. L'ambiance est chaude , les gens parlent fort et chacun à tour de rôle prend le micro pour chanter. La soirée révèle de grands talents et aussi de vraies catastrophes mais pas d'applaudissement ni de moquerie le plaisir de chanter étant leur seul leitmotiv. Dés notre repas terminé nous sommes invités à d'autres tables et la bière coule à flot. Nos hôtes désirent nous voir chanter à notre tour mais heureusement le karaoké ne dispose d'aucune chanson en français et frustrés de ne pas nous entendre fredonner un air, ils nous demandent alors de danser un slow sur le tube romantique du moment . Pour eux, c'est l'exotisme au complet et voir un couple s'enlacer reste un phénomène un peu extraterrestre...les yeux s'écarquillent et nous sentons que nous faisons le spectacle quand ils scandent le rythme en frappant des mains. Ce sont des images qu'ils n'ont vu que dans les films occidentaux, les laotiens ne se touchent pas quand ils dansent et ces gestes d'affections ne sont autorisés que dans l'intimité. Mieux qu'une chansonnette nous leur offrons un petit bout d'un Paris imaginé et fantasmé. Le succès est donc garanti et les applaudissements concluent la « performance »...Surprenante fête de la musique ! Certes il y a de la musique et de l'alcool mais tous le monde reste sagement assis. Et c'est tout guilleret que nous rentrons à l'hôtel heureusement très proche. Pour cette première journée le Laos et les laotiens nous ont superbement et agréablement accueillis.
La saison des pluies en cette fin juin s'intensifie nous obligeant à repousser notre visite, à 30 km de là, aux grottes de Vieng Xai témoignage émouvant des heures sombres de l'histoire du pays. Nous prenons donc le temps de nous reposer mais aussi de flâner dans la ville avec visite de ses marchés et de ses 2 temples. La citée est agréablement paisible et c'est bien plaisant après ce tourbillon de vie et de bruit vécu au Vietnam. Mais Sam Neua reste surtout le lieu d'une superbe rencontre et la naissance d'une grande amitié. Dimanche matin, alors que nous prenons notre petit déjeuner une jeune femme française nous aborde. Notre Titine garée devant le restaurant l'intrigue, possédant la même elle désire connaître les propriétaires. Et c'est le début de grandes conversations accompagnées de bières « lao ». Sara travaille depuis 3 ans au Laos pour une ONG en tant qu'agronome et s'occupe de la gestion du bambou. Sympathique et formidable personnalité qui est rentrée l'année dernière de Sam Neua en France avec son vélo en bambou fait maison. Elle nous apprend beaucoup de choses sur le pays et nous passons de merveilleuses soirées en sa compagnie. Elle nous fait aussi découvrir le « hot pot » et la façon de le manger. Le restaurant est entièrement dédié à ce plat très apprécié des locaux. Les tables sont trouées à leur centre pour accueillir l'ustensile nécessaire à cette sorte de fondue barbecue. Dans un premier compartiment on met les braises, au dessus un réceptacle en forme de chapeau accueille un bouillon où légumes et pâtes de riz vont cuire tandis que le haut bombé permet de faire frire viandes et poissons. Une succulente sauce épicée à la cacahuète est là pour tremper à volonté tous les ingrédients cuits. Un vrai régal !! La soirée en compagnie de Sara et de ses collègues est une réussite et avant de nous quitter nous échangeons numéro de téléphone, adresse mail et nous nous promettons de nous revoir en Nouvelle Calédonie...Eh oui le hasard fait bien les choses. !! Sara part début août avec son nouveau vélo en bambou sur l'île. Nous sommes heureux de ce prochain rdv et si vous désirez découvrir les aventures de notre nouvelle amie, allez jeter un coup d’œil à son blog : bamboosara. Une belle âme à suivre et à encourager !!
Mais la ville nous réserve d'autre surprise. Au centre un grand bâtiment flambant neuf semble désertique et toujours fermé mais ce soir là tous les habitants s'y sont donnés rdv. L'agitation nous intrigue et le serveur du restaurant nous indique avec ses quelques mots d'anglais qu'il y a un meeting et que nous pouvons y aller sans problème. Aussitôt dit, aussitôt fait et nous comprenons vite que nous entrons dans une grande et superbe salle des fêtes où se donne un spectacle de danses et de chansons. Bien sûr, nous sommes les seuls étrangers et quelques enfants en oublient de regarder la scène et se tordent le cou pour mieux nous examiner. La sono est saturée mais la salle remplie est indisciplinée, parlant et se levant régulièrement de leurs sièges pendant que chanteurs et danseurs se produisent. Danses traditionnelles mais aussi racontant l'histoire du pays se succèdent avec à notre grand étonnement les hommes en habit militaire effectuant pas de danse et fredonnant des chansons d'amour. Denis fait des photos mais l'éclairage et la grandeur de la salle lui rendent le travail difficile et il finit par se rapatrier au premier rang et par faire des vidéos. Malgré l'apparente insouciance du public, les salves d'applaudissements fussent à la fin de chaque numéro, il est vrai que les divertissements sont rares dans la région.
Le temps s'améliorant nous pouvons enfin envisager notre visite aux grottes de Vieng Xai. Le trajet se fait bien même si la santé de Titine nous inquiète de plus en plus. Le site est magnifique et les falaises karstiques sont de toute beauté . Accompagnés d'une guide et d'un audiophone qui nous relate l'histoire des habitants et du politbureau réfugiés dans ces grottes nous découvrons une page d'histoire inconnue de nos livres scolaires. Guerre secrète menée par les États – Unis cette région fût bombardée inlassablement pendant 7 ans et afin d'échapper à ce déluge les chefs politiques puis les habitants se réfugièrent dans les grottes. Les 450 cavernes abritèrent plus de 23 000 personnes et furent aménagées et organisées pour que les gens puissent y vivre à peu près « normalement ». Peu d'aménagements restent de cette époque mais le récit et les témoignages des rescapés sont émouvants et troublants. Bureaux, imprimerie, hôpital,caserne, artillerie et même salle de spectacle composent les principales grottes que nous visitons. Telle une cicatrice indélébile, les cratères des bombes sont toujours visibles malgré la luxuriance de la végétation. Les 3 heures d'explorations des différents sites nous laissent sans voix et la gorge nouée. Nous prenons conscience de ce qu'a enduré ce pays et les ravages que continuent à faire les millions de tonnes d'engins explosifs déversés sur le Laos (2 tonnes par habitant soit une bombe toutes les 10 minutes pendant 7 ans). Instructif et émouvant nous ne regrettons pas d'avoir patientés pour visiter ces grottes mais le temps presse et nous nous sommes suffisamment attardés à Sam Neua . Il nous faut maintenant rejoindre le village de Nong Kiaw. Une étape sera nécessaire et nous ferons halte à Vieng Thong... mais ça c'est une autre histoire.
Notre prochaine destination Sam Neua se trouve à environ 80 kilomètres de là...et les montagnes sont toujours présentes. Le paysage se différencie du Vietnam par ces monts recouverts littéralement de jungle dont d'immenses bouquets de bambous semblent engloutir arbres et toutes autres végétations. Chaque parcelle de plat est mise en valeur par la culture du riz et au milieu de ces rizières des petits abris de bambous permettent aux habitants de se reposer et de s'abriter du soleil. La route est en bonne état (meilleure que la dernière faite au Vietnam) et peu de véhicules circulent. Nous traversons de nombreux villages signalés par un panneau avec leur nom respectif au contraire de leurs voisins qui indiquent simplement l'entrée dans une bourgade sans jamais préciser laquelle( ce qui complique souvent les choses et nous obligeait à épier les devantures des magasins pour savoir où nous nous trouvions). Constitués seulement de quelques maisons sur pilotis les enfants y courent et s'amusent au bord de la route tandis que volailles et chiens traversent tranquillement la chaussée. Quelques point d'eau à ciel ouvert servent de salle de bain commune et grands et petits y font leur toilette. Ici pas de béton, au mieux les habitations sont en bois, ici pas de gargote pour se désaltérer ou se restaurer, pas de magasins, ici même l'électricité est absente et très peu de véhicules sont présents. Les villages semblent perdus dans ces montagnes de forêts et à part les rizières nous ne voyons aucune autre culture. Le pays est bien plus sauvage, plus pauvre et plus calme que le Vietnam que nous venons de quitter. Malgré le changement d'ambiance Titine a toujours autant de mal à gravir les pentes et l'air laotien ne lui a pas donner des ailes. Mais nous arrivons sans encombre à bon port.
Sam Neua est la capitale de province la moins visitée du Laos et la ville en elle même n'a pas beaucoup de charme. Entourée de rizières les maisons de béton sont cependant plus sympathiques ( moins étroites et hautes) que celle du Vietnam et les larges avenues semblent désertiques. Malgré le peu de passages de touristes nous trouvons facilement un hôtel confortable mais où le personnel ne parle pas un mot d'anglais. Il nous est plus difficile de trouver un restaurant et après quelques tours en moto dans la bourgade nous optons pour le karaoké proche de notre logement qui distille depuis l'après midi les tubes à la mode...nous sommes le 21 juin et voulons nous aussi faire la fête de la musique. Déjà de nombreuses tables sont occupées et les caisses de bières vides s'accumulent à leurs pieds. Seuls étrangers notre arrivée fait sensation . Le menu est en laotien, l'écriture est jolie mais incompréhensible pour nous et les serveurs ne parlant pas l'anglais ne nous sont d'aucun recours. Muni de notre guide et avec l'aide de quelques clients nous parvenons à commander un « fried rice » et 2 « lao beer » la plus célèbre des bières du pays servie en bouteille de 560 ml avec des glaçons et pour le prix dérisoire de un euros. Bien vite les laotiens, curieux de faire connaissance et parlant quelques mots d'anglais viennent s’asseoir à notre table, ils nous offrent de nombreux verres et nous trinquons à la mode laotienne. L'ambiance est chaude , les gens parlent fort et chacun à tour de rôle prend le micro pour chanter. La soirée révèle de grands talents et aussi de vraies catastrophes mais pas d'applaudissement ni de moquerie le plaisir de chanter étant leur seul leitmotiv. Dés notre repas terminé nous sommes invités à d'autres tables et la bière coule à flot. Nos hôtes désirent nous voir chanter à notre tour mais heureusement le karaoké ne dispose d'aucune chanson en français et frustrés de ne pas nous entendre fredonner un air, ils nous demandent alors de danser un slow sur le tube romantique du moment . Pour eux, c'est l'exotisme au complet et voir un couple s'enlacer reste un phénomène un peu extraterrestre...les yeux s'écarquillent et nous sentons que nous faisons le spectacle quand ils scandent le rythme en frappant des mains. Ce sont des images qu'ils n'ont vu que dans les films occidentaux, les laotiens ne se touchent pas quand ils dansent et ces gestes d'affections ne sont autorisés que dans l'intimité. Mieux qu'une chansonnette nous leur offrons un petit bout d'un Paris imaginé et fantasmé. Le succès est donc garanti et les applaudissements concluent la « performance »...Surprenante fête de la musique ! Certes il y a de la musique et de l'alcool mais tous le monde reste sagement assis. Et c'est tout guilleret que nous rentrons à l'hôtel heureusement très proche. Pour cette première journée le Laos et les laotiens nous ont superbement et agréablement accueillis.
La saison des pluies en cette fin juin s'intensifie nous obligeant à repousser notre visite, à 30 km de là, aux grottes de Vieng Xai témoignage émouvant des heures sombres de l'histoire du pays. Nous prenons donc le temps de nous reposer mais aussi de flâner dans la ville avec visite de ses marchés et de ses 2 temples. La citée est agréablement paisible et c'est bien plaisant après ce tourbillon de vie et de bruit vécu au Vietnam. Mais Sam Neua reste surtout le lieu d'une superbe rencontre et la naissance d'une grande amitié. Dimanche matin, alors que nous prenons notre petit déjeuner une jeune femme française nous aborde. Notre Titine garée devant le restaurant l'intrigue, possédant la même elle désire connaître les propriétaires. Et c'est le début de grandes conversations accompagnées de bières « lao ». Sara travaille depuis 3 ans au Laos pour une ONG en tant qu'agronome et s'occupe de la gestion du bambou. Sympathique et formidable personnalité qui est rentrée l'année dernière de Sam Neua en France avec son vélo en bambou fait maison. Elle nous apprend beaucoup de choses sur le pays et nous passons de merveilleuses soirées en sa compagnie. Elle nous fait aussi découvrir le « hot pot » et la façon de le manger. Le restaurant est entièrement dédié à ce plat très apprécié des locaux. Les tables sont trouées à leur centre pour accueillir l'ustensile nécessaire à cette sorte de fondue barbecue. Dans un premier compartiment on met les braises, au dessus un réceptacle en forme de chapeau accueille un bouillon où légumes et pâtes de riz vont cuire tandis que le haut bombé permet de faire frire viandes et poissons. Une succulente sauce épicée à la cacahuète est là pour tremper à volonté tous les ingrédients cuits. Un vrai régal !! La soirée en compagnie de Sara et de ses collègues est une réussite et avant de nous quitter nous échangeons numéro de téléphone, adresse mail et nous nous promettons de nous revoir en Nouvelle Calédonie...Eh oui le hasard fait bien les choses. !! Sara part début août avec son nouveau vélo en bambou sur l'île. Nous sommes heureux de ce prochain rdv et si vous désirez découvrir les aventures de notre nouvelle amie, allez jeter un coup d’œil à son blog : bamboosara. Une belle âme à suivre et à encourager !!
Mais la ville nous réserve d'autre surprise. Au centre un grand bâtiment flambant neuf semble désertique et toujours fermé mais ce soir là tous les habitants s'y sont donnés rdv. L'agitation nous intrigue et le serveur du restaurant nous indique avec ses quelques mots d'anglais qu'il y a un meeting et que nous pouvons y aller sans problème. Aussitôt dit, aussitôt fait et nous comprenons vite que nous entrons dans une grande et superbe salle des fêtes où se donne un spectacle de danses et de chansons. Bien sûr, nous sommes les seuls étrangers et quelques enfants en oublient de regarder la scène et se tordent le cou pour mieux nous examiner. La sono est saturée mais la salle remplie est indisciplinée, parlant et se levant régulièrement de leurs sièges pendant que chanteurs et danseurs se produisent. Danses traditionnelles mais aussi racontant l'histoire du pays se succèdent avec à notre grand étonnement les hommes en habit militaire effectuant pas de danse et fredonnant des chansons d'amour. Denis fait des photos mais l'éclairage et la grandeur de la salle lui rendent le travail difficile et il finit par se rapatrier au premier rang et par faire des vidéos. Malgré l'apparente insouciance du public, les salves d'applaudissements fussent à la fin de chaque numéro, il est vrai que les divertissements sont rares dans la région.
Le temps s'améliorant nous pouvons enfin envisager notre visite aux grottes de Vieng Xai. Le trajet se fait bien même si la santé de Titine nous inquiète de plus en plus. Le site est magnifique et les falaises karstiques sont de toute beauté . Accompagnés d'une guide et d'un audiophone qui nous relate l'histoire des habitants et du politbureau réfugiés dans ces grottes nous découvrons une page d'histoire inconnue de nos livres scolaires. Guerre secrète menée par les États – Unis cette région fût bombardée inlassablement pendant 7 ans et afin d'échapper à ce déluge les chefs politiques puis les habitants se réfugièrent dans les grottes. Les 450 cavernes abritèrent plus de 23 000 personnes et furent aménagées et organisées pour que les gens puissent y vivre à peu près « normalement ». Peu d'aménagements restent de cette époque mais le récit et les témoignages des rescapés sont émouvants et troublants. Bureaux, imprimerie, hôpital,caserne, artillerie et même salle de spectacle composent les principales grottes que nous visitons. Telle une cicatrice indélébile, les cratères des bombes sont toujours visibles malgré la luxuriance de la végétation. Les 3 heures d'explorations des différents sites nous laissent sans voix et la gorge nouée. Nous prenons conscience de ce qu'a enduré ce pays et les ravages que continuent à faire les millions de tonnes d'engins explosifs déversés sur le Laos (2 tonnes par habitant soit une bombe toutes les 10 minutes pendant 7 ans). Instructif et émouvant nous ne regrettons pas d'avoir patientés pour visiter ces grottes mais le temps presse et nous nous sommes suffisamment attardés à Sam Neua . Il nous faut maintenant rejoindre le village de Nong Kiaw. Une étape sera nécessaire et nous ferons halte à Vieng Thong... mais ça c'est une autre histoire.
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