La pluie a cessé ce matin et nous voici prêts pour les 140 km de
montagne jusqu'à Bao Lac.
Comme prévu nous nous détournons de 15km de notre chemin pour
assister au marché de Nuoc Hai. Un événement haut en couleur que
nous ne voulons pas louper. Nous arrivons facilement et rapidement au
village... mais aucun signe du marché tant attendu. Tout est
tranquille et les étals de bambous sont vides....Il faut se rendre à
l'évidence nos renseignements sont erronés et ça ne doit pas être
le bon jour. De plus, la route trouvée sur Google map pour rejoindre
notre itinéraire principal et nous éviter un aller retour est une
piste non signalée . C'est donc avec regret que nous rebroussons
chemin. Le câble d'embrayage, lui , n'est pas de cet avis et cède
juste avant notre sortie de la bourgade. La matinée commence bien
difficilement ! Mais la chance est toujours avec nous et nous
trouvons un garagiste à quelques mètres seulement. En attendant la
réparation de Titine, on
nous offre sièges et thé et le plus long est d'attendre le maître
des lieux parti chercher le bon câble. Une demi heure plus tard nous
partons affronter cols et dénivelés.
La route est magnifique et difficile...Peu de circulation mais
bosses, trous et absence d'asphalte sont réguliers. Très vite les
dénivelés se font sentir et Titine nous porte doucement...très
doucement en haut. Une multitude de montagnes en horizon, rivières
que nous surplombons ou longeons, cultures de maïs, rizières en
terrasse et villages ethniques aux maisons en bois nous accompagnent
tout le long du parcours. Les arrêts photos sont nombreux, éblouis
par la beauté de ces paysages traversés. Jamais nous n'avions vu un
décor d'altitude si vert et luxuriant...jamais nous n'aurions pensé
voir des épis de maïs pousser parmi la roche sur ces pentes
vertigineuses. Nous admirons ces rizières en terrasse dont les
dessins géométriques, les différentes couleurs du riz, de la terre
et de l'eau donnent l'impression d'un tableau parfait. L'abondance du
végétal couvre chaque espace comme un moelleux tapis et bananiers,
manguiers et autres ajoutent à l'exotisme. Mais l'humain est là,
comme un chef d'orchestre synchronisant le naturel et les cultures.
Labourer, semer, repiquer, désherber, ramasser le fourrage les
taches sont nombreuses.
La chaleur commence à se faire sentir et avant d'attaquer la
dernière partie de notre voyage nous nous arrêtons dans une petite
bourgade pour nous désaltérer...impossible de trouver un endroit où
boire quelque chose. Ici nous sommes perdus entre montagnes et
rivière. Une affiche indiquant « Bia Hoi » nous fait
stopper devant la porte d'une maison . Là une petite vitrine
expose quelques paquets de cigarettes, thés glacés et bières.
Fleurs et arbustes en pots font la décoration et 6 cages d'oiseaux
suspendues à l'abri du soleil nous rappelle que nous sommes au
Vietnam. Le propriétaire sort table,chaises et nous met des chansons
enfantines comme fond sonore. L'accueil est chaleureux et l'homme et
sa femme s'intéressent à notre périple. Carte et quelques mots de
vietnamien nous permettent de retracer notre parcours. L'échange est
amical et nos photos souvenirs enrichiront notre album
« rencontres ».
Suivant comme elle peut les rivières, la route serpente entre
collines et montagnes,. Le paysage est splendide et les sommets qui
nous entourent sont de plus en plus hauts. Sensation d'être dans un
petit paradis hors du temps. Les rizières sont comme suspendues aux
monts et les maisons cachées parmi bananiers et cultures indiquent
une présence humaine. Du vert... toujours du vert... le soleil et
les nuages s'amusent à changer le polaroid et faire étinceler l'eau
des rizières et des ruisseaux.
Bao Lac est une petite bourgade perdue et c'est la poussière qui
nous accueille en premier. Les maisons de style vietnamien, étroites
et hautes ont remplacé celles en bois des villages alentour. Pas de
charme particulier à part peut être le sentiment d'être vraiment
au bout du monde. Mais ici nous trouverons une chambre pour passer la
nuit. Le repas du soir est pris sur la place dans un stand de rue où
les femmes s'activent autour du feu pour la préparation du plat
unique : soupe de riz avec herbes et viande, une sorte de
porridge. Et je me régale de ce grand bol qui n'est pourtant pas mon
plat préféré.
Le lendemain nous partons tôt pour les 80 km restants jusqu'à
Méo Vac. Les femmes des minorités ethniques ont déjà installé
leur étal pour vendre leur maigre production et nous pouvons admirer
leurs habits et coiffes traditionnels. Jupes aux imprimés
multicolores où tenues noires bordées de rouge se mélangent et
nous offrent un échantillon de la richesse de leur culture et de
leur art du tissage et de la broderie. Une vieille femme vend des
beignets au maïs que nous nous empressons d'acheter pour compléter
notre café matinal. Et nous voici prêts à nous enfoncer dans ces
montagnes territoire des hmongs noirs aux confins de la chine. Nous
sommes une fois de plus éblouis par le spectacle vertigineux du
trajet. Titine a de plus en plus de mal à nous mener mais les
dénivelés sont devenus impressionnants et les montées durent sur
plusieurs dizaines de kilomètres. Mais peu à peu les rizières
disparaissent pour laisser la place au maïs tandis que le tapis vert
de la jungle s'amenuise et la roche reprend ses droits. Les camions
et scooters sont pratiquement inexistants. Les habitants de ces
régions marchent le long des routes portant sur leur dos de grands
paniers chargés de leur récolte. Machette dans le dos et vêtements
traditionnels ils travaillent sur des pentes abruptes. La vie ici
n'est pas facile et la pauvreté très présente. Les enfants
participent activement au travail et ont eux aussi leur part à
transporter. Ici pas d'école, ici il faut survivre... Le paysage
devient plus austère et nous apercevons maintenant Méo Vac niché
entre ces montagnes calcaires à une altitude d'environ 1500 mètres
et où seuls les épis de maïs arrivent à pousser entre la roche.
La petite ville n'a rien d'exceptionnel mais son écrin est
magnifique...Quelques Maisons en bois sont dispersées sur les
versants vertigineux des alentours. Ici la roche règne en maître et
les habitants s'en servent superbement pour délimiter champs et
cours en montant des murs en pierres sèches.La bourgade est
véritablement encerclée par les champs de maïs et c'est parmi eux
que nous logeons. « L'auberge de Méo Vac » est un lieu
remarquable, ancienne maison traditionnelle rénovée avec goût et
authenticité, nous y passerons 2 nuits. Petit havre de paix et
architecture magnifique. Mais Titine a aussi besoin de soins et en
particulier le porte bagage qui de nouveau montre des signes de
faiblesse. Encore quelques soudures de plus et deux ou trois renforts
et nous pouvons reprendre la route. Demain matin direction Ha Giang à
170 km de là mais une étape à Yen Minh est prévu et coupe ainsi
l'étape en 2. C'est par Dong Van et son fameux plateau calcaire que
nous commencerons notre périple la plus extraordinaire route du
pays comme l'indiquent tous les guides....mais ça c'est une autre
histoire.
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