La route de Tarapoto à Pedro Ruiz est bonne et asphaltée mais n'est qu'une succession de virages, de montées et descentes valant pour la plupart des voyageurs de vider régulièrement et inopinément leur estomac.
montagnes.
Chachapoyas est le centre de la culture du même nom...le peuple des nuages possédait un vaste territoire dont de nombreux et magnifiques vestiges subsistent laissant, aujourd'hui encore, les archéologues et historiens sans véritable réponse. Civilisation ayant régné entre l'an 500 et 1500, c'est un peuple de guerriers et aussi de merveilleux bâtisseurs. Les Incas eurent beaucoup de mal à les conquérir et n'arrivèrent jamais à les soumettre complètement.
Nous nous contentons donc de visiter le musée de la ville qui expose des momies très bien conservées et explique les rites funéraires de ce peuple.
La nature, elle aussi, offre des merveilles sans pareille et c'est la cascade de Gocta qui retient en premier notre attention.
Après avoir quitter la route principale, notre véhicule monte sur une piste de terre les derniers kilomètres nous menant à Cocachimba, village d'où part le sentier menant au pied de la chute. Mais déjà elle se laisse admirer de loin avec 771 mètres de hauteur et nous promet un impressionnant spectacle. Notre guide, lui, nous assure une bonne ballade de 2 heures pour y accéder et nous propose même d'y aller à cheval, nous confortant dans l'idée que ce ne sera pas de tous repos.
Les nuages gris du matin se dissipent et les rayons du soleil font de nouveau leur apparition.
De suite, le ton est donné et nous grimpons un joli chemin entouré d'une végétation intense. Bananiers, caféiers, fleurs diverses et champs de canne à sucre nous accompagnent. Quelques maisons jalonnent le parcours et nous croisons chevaux et hommes rentrant chez eux.
Le chemin du retour me fait un peu peur, connaissant maintenant les dénivelés qui nous attendent je crains de ne pouvoir y arriver...je me muni d'un bâton pour m'aider à gravir ces fortes pentes et nous faisons régulièrement des pauses...s'extasiant toujours de ce que nous avons monté et non de ce qu'il reste à faire. Finalement nous ne mettons pas plus de temps que pour l'aller et nous arrivons au village, fourbus et heureux de cette splendide ballade avec plein de belles images qui brillent encore dans nos yeux.
Après une journée de repos pour nous remettre de notre escapade à la chute d'eau de Gocta, nous décidons de partir à la découverte de la citadelle de Kuelap. Située dans les montagnes au Sud est de Chachapoyas, le site peut être rejoint de Tingo viejo par une rude montée d'une dizaine de kilomètres ( 5 à 6 h de grimpette avec un dénivelé de 1200m) ou prendre un bus qui vous conduit jusqu'à l'entrée. Bien sûr de nombreuses agences propose cette excursion touristique mais nous désirons y prendre le temps et être totalement libre de nos mouvements. Une fois de plus nous coupons la poire en deux....Nous prendrons donc le seul minibus public ( partant à 4h du matin !) et redescendrons par le sentier jusqu'à Tingo viejo d'où un collectivo nous reconduira jusqu'à Chachapoyas. Ce n'est pas la solution la plus simple mais celle qui nous permet de visiter Kuelap en totale indépendance.
Il fait donc encore nuit quand notre véhicule quitte la ville et même s'il ne reste aucun siège de libre nous sommes les seuls étrangers à bord. La route doit être jolie mais la nuit et la brume du matin ensuite ne nous permet pas de profiter du décor. Petit à petit les passagers descendent dans les villages que nous traversons et c'est seuls que nous arrivons à l'entrée du site. Il est 6 h du matin et la billetterie n'ouvre qu'à 8h mais un gardien nous indique une maison un peu plus bas où nous pouvons prendre un petit déjeuner et nous réchauffer.
Un sentier de 3 kilomètres grimpe jusqu'à la citadelle. Là, nous nous retrouvons au pied d'un immense rempart de 20 m de haut qui encercle complètement la forteresse et nous nous promenons jusqu'à son extrémité nord pour apprécier le décor environnant. Coiffant un pic calcaire abrupte, la vue est vertigineuse et donne sur un vaste territoire de montagnes où les nuages s'accrochent et se décrochent dans un ballet constant. Tout autour de hauts arbres sont couverts de lichen et de broméliacées de couleur rouge, leur donnant ainsi un charme bien particulier.
Nous entrons par la porte nord par un raide et étroit chemin qui nous amène au cœur de cette citée.
Le site est moins grand et moins bien conservé que le Machu Picchu mais ces 400 maisons en ruine sont surprenantes. Rondes et avec des frises en zig zag ou losange, elles avaient un toit de chaume en forme de cône....Architecture unique en son genre pour l'Amérique du Sud... et grands amateurs d'arrondi nous sommes enchantés et ensorcelés par l'esthétisme de ces constructions. Nous déambulons plusieurs heures à travers ces vieilles pierres...Nous sommes seuls sur le site et dégustons avec délice ce lieu magnifique que rien ne vient perturber. Même les lamas et les rapaces semblent ignorer notre présence. Oubliant l'existence de pancartes explicatives et de chemins aménagés, nous nous sentons tels des explorateurs trouvant enfin la citée perdue...seuls au monde avec ce trésor caché... là haut, tout là haut perché au milieu des nuages. Un privilège immense et un bonheur parfait...Il ne manque plus que le vol d'un condor et là je me dis que je rêve.. surtout ne me réveillez pas !!!
En fin de matinée, une petite pluie fine tombe brièvement sur le site et au loin nous entendons les voix d'autres visiteurs. Un groupe de jeunes péruviens visitent le site avec un guide, attentifs et intéressés aux explications qu'on leurs donnent. Ils viennent à notre rencontre et nous sommes surpris et amusés quand ils sortent leur appareil photo pour faire des clichés....non pas des monuments mais de nous !!
Un moment d'échanges et de rires, sympathique et si improbable en ce lieu. Je finis par faire à mon tour une photo souvenir d'eux et de Denis.
C'est par la porte principale que nous quittons le site, abrupte et étroit, le passage laisse par endroit passer qu'une seule personne...peut être une stratégie défensive.
Le chemin est magnifique à travers ces montagnes mais jamais...jamais je n'aurais pu le faire en sens inverse. 10 km de descente vertigineuse sur un sentier de terre et pierres où les genoux sont mis à rude épreuve. Jamais, au grand jamais je n'ai descendu pareille pente et le soleil faisant sa grande apparition nous transforme en éponge vivante. Nous en espérons presque une montée et la ballade de la chute de Gocta nous semble une plaisanterie en comparaison. Mais que c'est beau... et petit à petit le rio qui s'écoule en bas grossit et devient de plus en plus précis. Après 2 h 30 d'effort nous arrivons épuisés à notre destination où nous nous précipitons sur la marchande de boisson amusée de nous voir si rouges et si fatigués. Assis sur le bord de la chaussée nous attendons le prochain collectivo qui nous ramènera à Chachapoyas, éreintés mais heureux !
L'épreuve physique a ce goût particulier du bonheur béat d'y être parvenu .
La question maintenant est de savoir si nous rejoignons Chiclayo et la côte ou si nous partons à Cajamarca autre belle citée des hauts plateaux du centre. La deuxième solution nous tente plus mais notre guide décrit la route comme magnifique mais très dangereuse....On nous assure que maintenant elle est entièrement asphaltée.....alors plus d'hésitation et en route pour Cajamarca...mais ça c'est une autre histoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire