5 h 30 du matin, nous voici donc prêts à affronter la route de
montagne de Chachapoyas à Cajamarca que notre guide affirme être
incroyablement belle mais aussi très accidentogène et une
véritable promesse à de grands frissons...La situation aujourd'hui
s'est améliorée, le trajet est entièrement asphalté et nous
prenons un minibus pour pouvoir faire le voyage de jour et profiter
un maximum du paysage. Autre avantage, notre véhicule, plus petit,
fait le voyage en 8 h contre 10 à 12h pour les bus.
Les 20 premiers kilomètres, nous suivons le rio Utcubamba et sa
vallée jusqu'au charmant village de Leimebamba.
Là, pause petit
déjeuner, notre chauffeur s'engouffre poulet, frite et riz...Pour
nous ? non merci...seulement un café...j'ai encore du mal à
avaler un plat si imposant à cette heure matinale. Mais l'arrêt
nous permet de prendre quelques photos de ces ravissantes ruelles et
de voir la bourgade s'éveiller.
Les choses sérieuses commencent ensuite.. la route grimpe
inexorablement, virages sur virages nous nous élevons doucement et
le décor de ces montagnes couvertes de cultures nous offre toute la
palette des verts. Ces petites touches claires ou sombres, lumineuses
ou mates créent un patchwork où les nuages viennent s'amuser à
cache cache. Quelques maisons et villages se perdent dans ces hautes
terres et semblent avalés par cette campagne infinie, ne voyant ni
route ni chemin y menant, simplement comme posés là au milieu de
cette mer de vert. Plus haut... toujours plus haut, le tapis
cotonneux des nuages est désormais en contre bas et quand le vent
les emportent un peu plus loin, la vue en devient vertigineuse.
La
musique mise à fond (comme de coutume ici)
et les coups de klaxon
couvre mes « oh lala !!..Oh.mon
dieu..merde....oups...hou...breu...Aie aie...non ..hi !!.. »
et autres interjections de circonstance quand notre minibus prend un
tournant du côté de l’abîme.
A mon grand soulagement, nous ne croisons pratiquement pas un seul autre
véhicule..., l'étroitesse de la chaussée et la succession de
virages ne permet pas de se croiser sans rouler au pas et en se
serrant sur les bords.
Des éboulements ou des affaissements de la
route sont réguliers et nous apercevons plusieurs fois des ouvriers
déblayant ou consolidant le chemin...Rassurant mais aussi effrayant
surtout quand assis côté du vide je ne peux même pas apercevoir le
bas côté !!! oups... Oh lala...merde..aie !!
Mais Que
c'est diaboliquement beau !!
Nous arrivons au col de « la boue noire » à
3678m ..avant bien sûr..... de redescendre. Un virage et encore un
autre et puis un autre... Oh lala...mon dieu..oups !! Là tout
en bas, à 2000 m plus bas, comme un petit filet d'eau nous
apercevons le rio Maranon. Denis assis près du chauffeur, fenêtre
ouverte ne perd rien du spectacle et prend un maximum de photo.
Nous arrivons enfin à contempler les pierres formant le lit du
fleuve et nous stoppons au village de Balsas pour une pause « pipi »
et achats de provisions. La bourgade située à 975 m n'est qu'un
lieu de passage mais me réjouit brièvement...Ouf.. !! enfin du
plat... peut être que...mais non !!..après avoir traversé le
rio nous reprenons de plus belle notre ascension et les lacets de
nouveau se succèdent inlassablement....oups...oh lala.. !! Le
paysage change, les montagnes sont plus arides et la roche semble
prendre le dessus sur le végétal. La vision n'en est pas moins
époustouflante et toujours aussi vertigineuse... Quelques grands
cactus jalonnent la route tandis que les nuages continuent leur
éternel ballet. Et là tout en bas, enfin ce qui semble être le
bas, le fleuve redevenu fourmis serpente entre les montagnes. Arrivés
à 3085 m nous commençons notre descente vers Celendin et je
continue de soliloquer comme une bande dessinée « oh lala »!!.
Se concentrer sur le paysage.... seulement la splendeur du paysage !!
Notre chauffeur est prudent mais roule bien
et depuis notre pause
à Balsas, il a invité une jeune femme à s'asseoir sur le troisième
siège de devant près de lui. Tel un moulin à parole, il n'arrête
pas de discuter pour s'attirer ses faveurs, tournant et tournant la
tête à chaque moitié de phrase....trop souvent à mon goût pour
ce trajet aussi tortueux...et trop pour mon taux
d'adrénaline...Comme une prière ma litanie intérieure
reprend... « oh lala....mon dieu..eh.... » Oui !
j'avoue dans ce cas je radote un peu!! Mais nous arrivons sains et
saufs à 13h à Celendin. Là nous changeons de véhicule et montons
dans un bus. La suite du voyage est plus facile sur cette grande
route nous menant à Cajamarca mais aussi beaucoup moins jolie....On
ne peut pas tout avoir !!
Et c'est vers 15h que nous quittons nos sièges, un peu fourbus et
affamés mais avec les yeux brillants de la beauté des paysages
traversés.
Cajamarca, située dans une vallée à 2750 m d'altitude entourée
de hautes montagnes est une belle ville chargée d'histoire. Haut
lieu de la civilisation Incas, elle est aussi le lieu de défaite,
d'emprisonnement et d'exécution Atahualpa. Les espagnols rasèrent
les monuments incas et édifièrent églises, cloîtres et maisons
avec leurs pierres.
Ballades et musées sont au programme de notre escale ici.
La plaza de armas se décline avec son église San Francisco et sa
cathédrale qui se font face. Ces bâtiments ont du charme avec leur
façade joliment sculptée et le soir venu elles s'illuminent pour
le plus grand plaisir des visiteurs. Au milieu de la place nous
retrouvons la classique fontaine et son jardin dont l'animation
s'accentue encore quand le soleil nous dit bonsoir. Là se retrouve
les touristes péruviens posant pour les photos mais aussi femme en
tailleur et talons hauts comme paysannes aux jupons multicolores et
coiffées d'un chapeau aux larges bords. La campagne n'est pas loin
et ses habitants viennent en ville vendre leurs productions, fromages
et aussi confiture de lait.
La citée s'étale sur les collines alentour et de nombreux
escaliers permettent d'y accéder et d'admirer Cajamarca vue dans
haut. Le cerro Santa Apolonia possède son église blanche et bleue
ainsi qu'un parc où cactus en fleur et d'immenses agaves
prolifèrent. Le lieu est propice à la ballade et nous y embrassons
d'un seul coup d’œil toute la ville et sa campagne environnante.
Le quartier de Belén offre un beau témoignage de l'ancien
Cajamarca. Ses rues pavées , son église et ses 2 anciens hôpitaux
sont tous construit avec de la roche volcanique. Aujourd'hui ces
bâtiments abritent divers musées. Nous y découvrons des
expositions de peinture d' artistes locaux contemporains mais aussi
une belle collection d'objets archéologiques du Pérou.
Il est agréable de flâner dans les rues de cette ville ,
s'attarder sur un banc à regarder les enfants jouer à la toupie,
rire avec ces vendeurs de sucreries travestis aux énormes seins,
gigantesques faux postérieurs et habillés de façon très
clownesque ou encore suivre une procession et observer ces gestes de
dévotion envers cette statue du Christ promenée dans les ruelles et
accompagnée par une fanfare. Tradition et modernisme, divertissement
et religion se côtoient quotidiennement dans cette ville coincée
entre les montagnes et encore si loin de Lima.
Lima est notre prochaine étape...Nous devons quitter le pays
début décembre et de nombreux kilomètres séparent encore la
capitale de la frontière ...notre échéance se rapproche ...Ce 29
novembre en fin d'après midi nous prenons un bus de nuit pour Lima
(16 h de voyage)...mais ça c'est une autre histoire.
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