Il nous faut donc 16 heures de bus pour rejoindre la capitale en
siège « salon cama », plus chers mais offrant
l'irréfutable avantage d'une position complètement allongée et
plus spacieuse...Presque un vrai lit ! Presque une vraie nuit.
Et un retour presque comme à la maison...connaissant déjà les
lieux nous rejoignons rapidement l'Ekeko hôtel où nous sommes
accueillis bras ouverts par notre ami David. Drôle de sentiment que
cette impression de retrouver un chez soi si loin de son foyer
d'origine. Grandes embrassades et sincères retrouvailles comme si
l'absence avait duré des mois. 4 semaines seulement nous séparent
de ce matin mais en ce début de onzième mois de voyage, retrouver
un visage connu et parler français nous remplit d'un bonheur
paresseux et agréable dont nous profitons pleinement ! David
travaille à l'auberge et sa gentillesse, son dévouement ainsi que
son extraordinaire don pour les langues étrangères nous ont
conquis. Autodidacte, il apprend seul sur internet et parle
maintenant six langues, la fréquentation de l'auberge par de
nombreux voyageurs du monde entier, lui permet de converser en
allemand, anglais, français, italien et même japonais !! Un
atout certain pour l'hôtel et une des raisons de son succès. Un
personnage sincère, joyeux et entièrement dévoué à
votre bien être . Horaire de bus, restaurants ou ballades, il est une
vraie mine d'informations et une aide précieuse et tout ça en
français ...Quel pied !!
Son confrère, Léo, un jeune argentin en vadrouille, s'occupe du
lieu le soir et la nuit. Sympathique et anglophone, nous passons de
bonnes soirées, autour d'une bière, à discuter, rêver et rire.
Dehors sur la terrasse, le temps est agréable, les murs exposent
leurs graffitis et drapeaux peints comme un joyeux témoignage des
voyageurs passés par là, les rencontres y sont faciles et nos
projets futurs s'en brouillent un peu plus....C'est la fin de notre
voyage au Pérou.. nous avons prévu un mois pour notre passage au
sud Chili et un autre mois pour notre remontée du sud argentin
jusqu'à Buenos Aires mais...que la terre est grande !!! Bref,
plein d'interrogations, de doutes et d'envies quant à notre
prochaine destination...et tant de minutes a en soupeser le pour et
le contre.
3500 km environ séparent Lima de Santiago et impossible
d'envisager l'avion vraiment trop cher...Descente éclair ou passage
par l'Argentine pour atteindre l'Araucania au Chili ??..Finalement,
la première option est retenue avec l'espoir de trouver à Santiago
un vol pour l'île de Pâques ( pas trop cher!) et avec la nécessité
de réserver notre descente de la Patagonie par bateau.
Lima est, une fois de plus, une étape préparation et
paperasse....Denis ayant perdu sa « tajeta turistica »
nous passons 4 heures dans l'office de l'immigration à faire la
queue et remplir des formulaires. Finalement nous obtenons ce fameux
petit bout de papier indispensable pour sortir du territoire...et
honnêtement, vu le monde, assez rapidement : les photocopies et
le payement du timbre se font dans le même bâtiment, il suffit
d'être simplement patient dans les différentes files d'attente !
Nous profitons de notre séjour dans la capitale pour y visiter le
vieux centre ville avec sa traditionnelle plaza de armas. De vieux
bâtiments de couleur ocre ornés de balcons en bois et aux
nombreuses arcades entourent la place et sa fontaine de bronze.
Le
palais de l'archevêché expose fièrement ses magnifiques balcons
d'inspiration mauresque juste à côté de la cathédrale baroque
érigée en 1535 et qui fût reconstruite de nombreuses fois après
des séismes importants. Au nord de la place, le palais du
gouvernement s'étale dans toute sa grandeur. Lieu de résidence du
chef de l'état, le bâtiment est interdit aux visites.
Derrière les
grilles, l'immense cour pavée éloigne les regards curieux de ce
lieu de vie et seuls des gardes en costumes, immobiles, incroyables
statues de cires, sont présents.
Nous flânons, aussi, dans les
ruelles alentour, goûtant aux plaisirs des grandes villes d'Amérique
du Sud et à leurs charmes particuliers, alliant la dégustation d'un
véritable expresso attablés à la terrasse d'un café chic , au
repas frugal composé d'empenadas pris dans l'épicerie du quartier.
Les couleurs délavées de certains anciens bâtiments donnent une
ambiance surannée d'un luxe bien ancien à jamais révolu tandis que
d'autres brillent encore de leurs pleins feux mais dont seul l'élite
et les plus fortunés de Lima ont accès. Au détour des rues , les
édifices religieux se succèdent. Leurs façades souffrant souvent,
elles aussi, des blessures du temps mais la ferveur religieuse y
reste intacte et les croyants s'y pressent.
Le mois de décembre pointe le bout de son nez et nous devons
quitter le Pérou...Visa oblige !
Notre périple, dans ce beau pays, rime avec bonheur...De fabuleux
paysages et de merveilleuses rencontres ont échelonné notre chemin...
et nous y reviendrons.
De l'Amazonie à l'Altiplano andin les
contrastes ne manquent pas et les péruviens sont très accueillants.
Encore merci pour toutes ces étincelles et ces étoiles déposées
dans nos yeux et nos cœurs. Pour conclure notre séjour, un
excellent repas chez un couple franco péruvien, amis de Sara, autour
d'un bon rôti et vin rouge. Des inconnus pour nous avant cette
soirée mais ils nous ont reçu comme des amis de longue date. Et
Denis repart avec un cigare cubain dans la poche, petit luxe qu'il se
réserve pour le nouvel an.
Mais en attendant nous faisons nos adieux et partons direction sud
du pays pour passer la frontière chilienne......mais ça c'est une
autre histoire !